Roscoe Mitchell a fondé le mythique Art Ensemble of Chicago à la fin des années 1960.

Votre première rencontre avec le saxophone ?

Dans la fanfare de l’école secondaire. L’élève qui jouait le sax baryton a terminé ses études et le chef d’orchestre, M. Colbert, m’a demandé si je pouvais le remplacer, et bien sûr, j’ai dit oui…

Pourquoi avoir pris la voie expérimentale ?

Dans l’armée, à la fin des années 1950, j’étais stationné en Allemagne. D’autres musiciens de jazz venaient parfois jouer avec nous à Berlin. Le saxophoniste Albert Ayler, qui était cantonné à Lyon, en France, jouait dans un de ces groupes. Quand je l’ai entendu pour la première fois, je ne comprenais pas ce qu’il faisait. Mais j’ai compris qu’il avait un son énorme sur l’instrument. À mon retour à Chicago, j’ai commencé à entendre les choses d’une autre façon. Au début, j’ai tenté de les contrôler. Quand je me suis décidé à les embrasser, ça n’a plus jamais arrêté.

Comment décrivez-vous votre musique ? On vous associe souvent au free jazz…

Il n’existe rien de tel que le free jazz ! Pas dans mon cas, en tout cas. Je veux être bien clair là-dessus.

Chaque matin, quand je me réveille, j’essaie de travailler fort sur ma musique. Mais ce n’est pas du free jazz ! C’est simplement de la musique… Nothing is free !

Que dire aux gens qui vous pensent inaccessible ?

Ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe. Je n’essaie de convaincre personne. Tu ne sais jamais qui sont les gens qui t’écoutent et comment ils vont réagir. Ce n’est pas parce qu’ils ne comprennent pas ou réagissent mal qu’ils ne finiront pas un jour par apprécier. Il ne faut jamais sous-estimer les gens qui écoutent. Un jour, après un concert, un monsieur plus âgé est venu me voir et m’a dit : « Je suis arrivé ici déterminé à ne pas vous aimer, mais vous m’avez convaincu… »

Quand pouvez-vous dire qu’un de vos concerts était réussi ?

Je ne présente jamais des choses de cette façon. Mais je pense que je joue mieux quand je suis capable de connecter avec ce qui flotte autour de moi à ce moment-là. Si je peux plonger là-dedans, alors c’est que je suis arrivé à être dans le moment !

Qu’allez-vous jouer pour votre concert solo à Victoriaville ?

Je ne sais pas. Je sais que je vais jouer du saxophone basse. Je joue beaucoup d’instruments. La flûte, le piccolo, la flûte traversière. Mais le saxophone basse est l’instrument qui me tient le plus occupé à l’heure actuelle. Après, pour ce qui est de la musique, eh bien, il faudra voir ce qui flotte autour…

Roscoe Mitchell solo, au Carré 150 (cabaret Guy-Aubert), le 18 mai à 20 h, dans le cadre du Festival de musique actuelle de Victoriaville

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