77e Festival de Cannes: acteur originaire de Grasse, Adam Bessa tient le premier rôle dans un film sur les criminels de guerre syriens - Var-Matin

77e Festival de Cannes: acteur originaire de Grasse, Adam Bessa tient le premier rôle dans un film sur les criminels de guerre syriens

Le natif de Grasse, qui a vécu entre Beaulieu-sur-Mer et Nice jusqu’à ses 20 ans, retrouve la Croisette avec "Les Fantômes" de Jonathan Millet, présenté en ouverture de la Semaine de la critique.

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Mathieu Faure mfaure@nicematin.fr Publié le 17/05/2024 à 11:05, mis à jour le 17/05/2024 à 11:05
interview
L'acteur Adam Bessa et le réalisateur Jonathan Millet. Photo Sébastien Botella

Dans sa jeunesse, Adam Bessa avait fait de La Croisette son terrain de jeu, puisqu’il vivait entre Nice et Beaulieu-sur-Mer. Le natif de Grasse a longtemps rêvé du cinéma et, en 2022, il avait ébloui Cannes avec sa performance dans Harka, présenté dans la sélection Un Certain Regard, pour laquelle il avait reçu un prix.

Alors qu’il est au casting de la série Ourika avec Booba sur Prime Video, l’acteur de 32 ans est la tête d’affiche du premier film de Jonathan Millet, Les Fantômes, qui a fait l’ouverture de la Semaine de la critique et sortira en salles le 3 juillet prochain.

Un projet inspiré d’une histoire vraie sur des membres d’une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Parmi eux, Hamid, incarné par Adam Bessa, et dont la quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau campé par Tawfeek Barhom.

C’est un film qui parle de reconstruction après un traumatisme, la perte de proches et des tortures physiques mais également de vengeance. Qu’est-ce que cela vous inspire?

C’est un film sur la reconstruction, mais aussi sur l’idée de justice. Est-ce qu’on se venge personnellement, ou est-ce que c’est la justice étatique qui doit s’en charger? C’est une question vieille comme le monde. J’ai trouvé très intéressant de la remettre en perspective dans un environnement contemporain car je comprends les deux points de vue, celui qui veut se faire justice tout seul et celui qui veut que la justice fasse son travail.

Vous jouez un homme lambda, qui n’est ni policier, ni magistrat. C’était important de montrer que cette justice est faite par des gens de la vie de tous les jours?

Si ce ne sont pas eux qui font cette quête pour identifier ces personnes-là, qui le fait? Personne. C’est une histoire vraie. D’ailleurs, quand il va se présenter à la presse pour rendre publiques ses recherches, on lui confirme qu’il a fait un travail digne de la DGSE, un vrai travail d’espion. C’est exactement comme la traque des criminels nazis en Amérique du Sud. Il y a des gens qui sont allés sur place et ont réussi à les retrouver. C’est un travail de longue haleine, il faut changer d’identité en permanence, prendre des précautions.

La scène du restaurant, où vous vous retrouvez face à votre bourreau, est un moment pivot du film. Comment l’avez-vous travaillée?

Tawfeek Barhom est acteur très puissant, très fort, un vrai artiste, créateur. On s’est rendu compte de l’importance du climax de la scène, à quel point elle était puissante et à quel point elle allait être importante dans le film. Il y a tout le charme et toute la beauté d’un film d’espionnage dedans. J’ai pensé au face-à-face entre Robert De Niro et Al Pacino dans Heat. C’est vraiment la scène où tu peux utiliser le champ/contre-champ de manière pure. Et puis, on devait entretenir le flou entre les deux personnages. Que savent-ils de l’autre? C’est exactement comme au poker. Même le ton utilisé par chacun, par exemple, dit beaucoup de choses. C’était intéressant de mettre le spectateur dans ce flou. On est face à deux personnes extrêmement intelligentes, l’une face à l’autre.

Le film aborde aussi la thématique de la paranoïa. Comment l’avez-vous introduit dans votre personnage?

Mon personnage est obnubilé par cette traque et, même si les gens de son groupe qui traquent les criminels avec lui sont persuadés qu’il se trompe, il a, lui, cette conviction ultime d’avoir retrouvé son bourreau. Il est obsédé. Au bout d’un moment, il y a des preuves tangibles et, à côté de ça, il y a son intuition. Il est tellement focalisé qu’il en vient à se rapprocher de lui pour le sentir, pour ressentir sa présence. C’est une quête qui dure presque un an et, forcément, tu traverses des moments de doute. Il a tellement envie de le retrouver qu’il projette sur lui toutes ses envies.

Que fait-on une fois que cette quête se termine?

On imagine qu’il va passer à autre chose, peut-être une autre cible mais, lui, il arrête. Il tente de reprendre le cours de sa vie. C’est extrêmement dur ce qu’il a vécu. C’est un artiste, un homme de lettres, qui aime les livres, la poésie, il n’a rien à voir avec l’idée de justice, de vengeance. Il y a des gens, dans des vrais témoignages que j’ai lus, qui ont continué à traquer des criminels parce que ça donnait une quête à leur vie.

Un premier film réussi

Jonathan Millet peut être fier de son premier film. L’homme a parcouru le monde, caméra à la main, pendant un certain temps avant de se lancer dans ce premier long-métrage qui mêle fiction et réalité.

Inspiré par Conversation secrète et La Vie des autres, Jonathan Millet livre un film très sensoriel, racontant une petite histoire dans la grande histoire de la tragédie syrienne.

Adam Bessa est saisissant, oscillant entre une fragilité évidente et une soif de vengeance. Cet espion du quotidien qui traque son bourreau nous tient en haleine et confirme le talent du comédien.

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