Les progressistes-conservateurs du Nouveau-Brunswick sont dans la tourmente
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, n'a pas répondu aux demandes relativement à l'annulation de l'assemblée annuelle de son parti. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Le Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick (PCNB) est dans la tourmente. Certains de ses membres se sentent déçus et en colère à l'approche des élections provinciales, qui doivent avoir lieu d'ici l'automne.
La semaine dernière, l'assemblée générale du parti, prévue pour les 24 et 25 mai, a été brusquement annulée. Un bulletin d'information du parti adressé aux membres suggérait que les candidats, les associations de circonscription et les bénévoles estimaient que le temps et les ressources financières allouées à la réunion devenaient une distraction
dans la préparation des élections. De nouvelles dates n'ont pas encore été décidées.
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Un conflit d'idées et de valeurs
Roger Léger, membre de longue date et ancien cadre du parti, a déclaré que les progressistes-conservateurs sont en proie à un conflit d'idées et de valeurs. Selon lui, ceux qui souhaitent un gouvernement plus petit et une baisse des impôts sont en conflit avec une aile du parti plus conservatrice sur le plan social et de plus en plus à droite.
Roger Léger, membre du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, a déjà lancé des appels à la démission du chef Blaine Higgs. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle
En 2016, l'homme de 77 ans faisait partie des progressistes-conservateurs qui ont soutenu la candidature de Blaine Higgs à la tête du parti, mais depuis, le premier ministre a dérivé beaucoup trop à droite sur de nombreux fronts
, a affirmé M. Léger.
C'est aussi un autocrate qui n'écoute personne. C'est donc antidémocratique et cela me préoccupe, ainsi que beaucoup d'autres.
M. Higgs n'a pas répondu à une demande d'entrevue au sujet des divisions au sein de son parti et des raisons de l'annulation de l'assemblée générale du PCNB.
713 derrière la fracture
Une fracture majeure au sein du parti s'est produite à la suite de la décision du premier ministre Higgs de modifier la politique provinciale sur l'identité de genre dans les écoles.
Les nouvelles règles exigent que les élèves obtiennent le consentement de leurs parents avant que les enseignants puissent utiliser les noms et pronoms qu'ils souhaitent.
Plusieurs membres — y compris des ministres du Cabinet —se sont publiquement opposés au leadership de M. Higgs dans ce dossier, ce qui a failli le contraindre à déclencher des élections anticipées.
Ce n'est finalement pas arrivé, mais une vague de démissions a eu lieu, laissant M. Higgs se démener pour pourvoir les postes ministériels et se défendre contre les accusations selon lesquelles son parti était un navire en perdition.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, prononce quelques mots lors de l'investiture du candidat du Parti progressiste-conservateur dans Edmundston-Vallée-des-Rivières, le 25 février 2024, au Four Points by Sheraton à Edmundston.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Pineault
De plus, le parti n'a jamais réussi à consolider l'appui des francophones, qui se méfient d'un premier ministre qui ne parle pas français et qui a fait connaître un homme politique, le ministre de la Sécurité publique Kris Austin, pour son mépris du bilinguisme officiel.
La décision du gouvernement de réformer l'éducation en français dans les écoles anglophones a suscité l'indignation, poussant M. Higgs à reculer.
Jason Sully, qui était l'adjoint de Dorothy Shephard avant sa démission en juin du poste de ministre de la Santé, a déclaré que l'ambiance dans le parti était décevante. C'est une privation de droits.
Je n'ai jamais vu un parti aussi désengagé.
L'homme de 43 ans se sent maintenant comme un orphelin politique
.
J'ai encore espoir qu'une fois que nous aurons un nouveau chef, nous pourrons peut-être recommencer à avoir des conversations significatives au sein du parti sur les politiques et les idées pour faire avancer cette province. Mais pour le moment, ce n'est pas ce qui se produit. Nous sommes devenus un parti ultraconservateur au Nouveau-Brunswick
, croit-il.
Le parti s'est égaré
Nulle part le virage à droite du parti n'est plus évident, disent certains députés, qu'avec la victoire par acclamation en décembre de Faytene Grasseschi, une conservatrice chrétienne, dans la circonscription adjacente à celle du premier ministre.
Faytene Grasseschi est devenue candidate du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick dans la circonscription de Hampton–Fundy–St. Martins le 19 décembre 2023.
Photo : Radio-Canada / Jacques Poitras
Celle qui se présentera dans Hampton-Fundy-St. Martins a affirmé qu'elle était attirée par le parti en raison de sa décision de réformer la politique de genre pour les élèves trans et non binaires.
En réponse, les libéraux ont choisi John Herron, deux fois député pour le parti progressiste-conservateur, pour la défier. Dans son discours d'investiture, le 11 mai, M. Herron a déclaré que le PCNB s'est égaré
. Le choix de cette candidate par le premier ministre dans cette circonscription en est peut-être l'illustration la plus frappante
, a-t-il lancé.
M. Sully souligne que les assemblées générales annuelles du parti attiraient autrefois des centaines de personnes, mais qu'elles n'en accueillent plus que des dizaines, ajoutant que le manque d'enthousiasme nuira aux conservateurs lors des prochaines élections.
Un sondage publié par Narrative Research à la fin février indiquait que 66 % des habitants du Nouveau-Brunswick étaient insatisfaits de la performance du gouvernement, les libéraux dirigés par Susan Holt conservant une avance de 6 points dans les intentions de vote — 40 % contre 34 %.