A Cannes, Jacques Audiard casse les genres
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A Cannes, Jacques Audiard casse les genres

A Cannes, Jacques Audiard casse les genres
Publié le 18 mai 2024 à 04:00, mis à jour le 18 mai 2024 à 04:01

Cannes (AFP) - C'est le projet le plus fou de la compétition: le Français Jacques Audiard brigue une deuxième Palme d'or samedi à Cannes avec une comédie musicale détonnante au casting de haut vol, autour d'un baron de la drogue mexicain qui fait une transition de genre.

Après avoir fait son film au casting américain "Les frères Sisters" (2018), le réalisateur d'"Un Prophète" s'est lancé dans un nouveau pari, un film, "Emilia Pérez", tourné en espagnol avec deux énormes stars, Selena Gomez et Zoe Saldaña. 

Et cerise sur le gâteau, une actrice transgenre espagnole, Karla Sofía Gascón, à qui il a confié le premier rôle et le rôle-titre, celui d'un chef de cartel mexicain qui rêve de se retirer des affaires et de devenir la femme qu’il a toujours voulu être.

La transition de Manitas, le narcotrafiquant, en Emilia Pérez, se fera avec l'appui d'une avocate, Rita, malheureuse dans son travail, plus au service des criminels que des grandes causes. 

Un rôle en or pour l'actrice espagnole de 52 ans, connue pour ses rôles dans des productions mexicaines et des telenovelas et dont la transition de genre est encore récente. 

Karla Sofía Gascón a changé de genre à 46 ans, avec déjà une carrière établie, une épouse et un enfant.Elle en a sorti un livre autobiographique qui l'expose à l'homophobie et à la transphobie. 

Quand elle rencontre le cinéaste des "Olympiades", elle avoue peu connaître son travail, relate l'hebdomadaire français Télérama, qui a suivi la genèse du film.Si elle bataille pour le rôle, elle croise aussi le fer pour incarner à la fois Manitas et Emilia.

"Emilia, c'était presque trop évident pour moi, a-t-elle confié à l'hebdomadaire."Ce qui m'intéressait, c'était de me frotter au personnage masculin, à ses conflits, ses failles, ses difficultés. Le rôle était plus complexe et plus copieux".

- Bande-son -

Comme si un défi ne suffisait pas, Jacques Audiard a aussi voulu mettre la musique au centre de ce film. Une collaboration avec Tom Waits a un temps été évoquée, le musicien a décliné. 

Le Canadien Gonzales se lance lui dans le projet, commence à composer des chansons mais ne se satisfait pas des conditions imposées par le Français...Ce dernier finira par choisir Camille, ovni de la chanson française, qui avait rencontré le succès au début des années 2000 avec son album "Le fil".

Nul doute que les costumes auront aussi leur importance dans ce film financé entre autres par Saint Laurent Production, comme le moyen métrage de Pedro Almodovar, "Strange way of life", présenté hors compétition à Cannes l'an dernier.

La maison de couture est la première marque de luxe à compter la production de films à part entière dans ses activités.Deux autres films de la compétition sont né sous les auspices de cette maison de production: "Les Linceuls" de David Cronenberg et "Parthenope" de Paolo Sorrentino.

A 72 ans, Jacques Audiard est un habitué de Cannes, où il a remporté la Palme d'or en 2015 pour "Dheepan".

Outre son film, le jury présidé par Greta Gerwig verra samedi le film du chinois Jia Zhang-Ke, "Caught by the Tides".La Palme d'or doit être remise le 25 mai. 

La compétition a pour l'instant été marquée par le film testament de Francis Ford Coppola, "Megalopolis", projet pharaonique en gestation pendant quarante ans et dont la présentation a profondément divisé la critique, de nombreux journalistes le jugeant catastrophique.

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