Européennes 2024 : pourquoi la liste Renaissance patine malgré le renfort de poids lourds de la Macronie ?

Malgré le renfort des poids lourds Édouard Philippe, François Bayrou ou Élisabeth Borne, en position de non- éligibles, la liste Renaissance poursuit sa dynamique négative dans les sondages. Explications.

Publié le 12 mai 2024 Mis à jour le 12 mai 2024 à 16:54

Il faut sauver le soldat Valérie Hayer. La tête de liste Renaissance voit, depuis un mois, sa courbe d’intentions de vote chuter doucement mais sûrement – une donnée sur laquelle convergent les principaux instituts de sondage. Estimée entre 15,5 et 16,5 %, l’eurodéputée macroniste pourrait même arriver en troisième place, le 9 juin, talonnée par le candidat socialiste Raphaël Glucksmann. Des sondages d’autant plus inquiétants pour le camp libéral qu’il est, en théorie, le moins impacté par la démobilisation électorale et l’abstention.

Voilà donc venue la cavalerie, sous la forme du ralliement de l’ex-première ministre Élisabeth Borne, du président d’Horizons Édouard Philippe et du patron du Modem François Bayrou à sa liste. Confirmés à des positions de non- éligibles le 7 mai dernier, ces trois poids lourds du camp présidentiel joueront un rôle essentiellement symbolique : donner de l’épaisseur à une candidate à la peine.

La Macronie attend le duel Attal-Bardella

De quoi changer la donne ? Loin s’en faut, selon le politologue Jean-Yves Dormagen, par ailleurs président-fondateur de l’institut de sondage Cluster17 : « Cela contribue à renationaliser le scrutin, mais cela a peu de chance d’inverser les tendances. Selon notre dernier baromètre, seuls 8 % des électeurs d’Emmanuel Macron en 2022 déclarent vouloir voter pour soutenir le gouvernement et, inversement, 20 % de cet électorat déclare qu’il utilisera les européennes pour sanctionner l’exécutif. »

L’omniprésence d’anciens ministres pourrait dès lors être contre-productive. A fortiori si Gabriel Attal s’ajoute à l’équation. Le premier ministre espère renverser la campagne en étant hyperactif sur le terrain (fortement incité par Emmanuel Macron) et en affrontant Jordan Bardella, le candidat RN, le 23 mai. Une affiche médiatique qui doit relancer Valérie Hayer – mais sans elle, donc –, attendue avec impatience par le camp macroniste.

Toutefois, les difficultés de Renaissance sont plus profondes. « Ce qui se joue, c’est que le macronisme est en train d’être sanctionné sur sa gauche comme sur sa droite ! » tranche Jean-Yves Dormagen. L’électorat centriste progressiste, de provenance social-démocrate, a peu goûté la séquence conservatrice ouverte depuis 2022, sur le fond des réformes (retraites, loi immigration) comme sur certains marqueurs plus symboliques tels que le soutien à l’acteur Gérard Depardieu malgré les accusations de viol. Ceux-là ont retrouvé une offre politique satisfaisante dans la candidature de Raphaël Glucksmann.

Le sécuritaire, une balle dans le pied

Mais l’électorat de droite ne s’y retrouve pas complètement pour autant : « Le gouvernement met à l’agenda les questions sécuritaires, mais, ce faisant, il en est encore plus tenu pour comptable, et apparaît donc comme impuissant », estime le politologue.

La stratégie macroniste consiste pour le moment à revendiquer le camp du sérieux et de la raison, et à faire du scrutin un « référendum pour ou contre l’Europe », selon les mots de Gabriel Attal. Peu audible dans un scrutin souvent considéré par les électeurs comme étant à faible enjeu, et sur lequel les considérations nationales finissent par primer sur la politique européenne, perçue comme complexe et lointaine.

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