Jean le bleu (Giono) – Littératures du travail

Jean le bleu (Giono)

Jean Giono, enfant (photo prise à Manosque, Infotafel am Haus 14, rue Grande, Manosque)

 

  • Jean le bleu.
  • Maison d’édition : Grasset
  • Date : 1932

Dans cet ouvrage autofictionnel, Giono revient sur son apprentissage et son enfance autour de Manosque et dévoile une peinture authentique de ce monde provençal qui ne le quittera jamais. Autour de l’échoppe de cordonnier du père du jeune Jean, libertaire accueillant des exilés italiens, le lecteur suit la construction de l’identité d’un jeune, entre l’inscription dans une communauté locale et rurale et les études et la découverte de la lecture. Ce récit propose une description très apaisée de la ruralité et, par des anecdotes, des différents métiers la composant (artisanat, vignerons, paysans…)

 

    • Allemand : Der Träumer, trad. Rosenberg Käthe, Fischer, 1934.
    • Anglais (USA) : Blue Boy, trad. Clarke Katherine A., Viking Press, 1946.
    • Italien :  Il ragazzo celeste, trad. Bruno Francesco, U. Guanda, 1999.

 

Des  hommes  défonçaient  ces poissons  à  coups  de  pioches,  d’autres  portaient  sur  leurs  épaules  de grands   lambeaux    de   chair   vers   leurs   maisons.   Les   ménagères   les regardaient venir du seuil de la  porte. Dans les maisons, les âtres étaient allumés. Une jeune fille berçait son petit frère. D’une  fenêtre, on voyait un  jeune  homme  qui  poussait  une  fille  sur  un  lit.  Dans  les  forêts,   les hommes coupaient des arbres. Dans les fermes, on tuait le cochon. Des enfants  dansaient   autour  d’un  ivrogne.  Une  vieille  femme  criait  de  sa fenêtre pendant qu’on lui volait ses  poules. Une accoucheuse sortait d’une maison pour se laver les mains au ruisseau. La commère lui  réclamait les ciseaux.  Le  père  fumait  la  pipe.  L’accouchée  détournait  la  tête  pour  ne  pas regarder ce qui se passait entre ses cuisses. On faisait chauffer des langes autour d’un feu.  Près d’un autre feu, on faisait cuire de la viande. Sur un autre feu on faisait brûler des morts.  Les champs étaient pleins de travail.     Des     hommes     labouraient,     d’autres      semaient,     d’autres moissonnaient,  d’autres  vendangeaient,  battaient  le  blé,  vannaient  le  grain, brassaient la pâte, tiraient les bœufs, battaient l’âne, retenaient le cheval,  dressaient   la  houe,  la  hache,  la  pioche,  ou  pesaient  si  fort  sur l’araire qu’ils en perdaient leurs sabots.

Jean le bleu (Giono)



Citer ce billet
Victoria Pleuchot (2024, 12 mai). Jean le bleu (Giono). Littératures du travail. Consulté le 12 mai 2024, à l’adresse https://littetravail.hypotheses.org/1232

Victoria Pleuchot

Docteure en littérature comparée.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search