INRS: le transfert des connaissances au profit de l’environnement | Le Devoir

INRS: le transfert des connaissances au profit de l’environnement

Pascaline David
Collaboration spéciale
Une étude de terrain pour le Centre Eau Terre Environnement
Photo: INRS Une étude de terrain pour le Centre Eau Terre Environnement

Ce texte fait partie du cahier spécial 55 ans de l'INRS

Installé au coeur de la Ville de Québec, le Centre Eau Terre Environnement (ETE) de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) forme la relève scientifique à la recherche fondamentale et appliquée. Dans les laboratoires et sur le terrain, la gestion responsable des ressources naturelles, l’adaptation aux changements climatiques, ainsi que la protection et la restauration des écosystèmes incarnent les préoccupations centrales du Centre.

Proposant six programmes d’études aux niveaux maîtrise et doctorat, le Centre ETE, par ses travaux, vise à développer les connaissances utiles à une meilleure gestion des ressources hydriques, des énergies renouvelables, des métaux et à la valorisation des déchets. De nombreux projets sont réalisés en partenariat avec des industries, des municipalités, des organes gouvernementaux et d’autres institutions universitaires.

« L’INRS et le Centre Eau Terre Environnement possèdent un long historique de développement d’initiatives scientifiques répondant à des enjeux particuliers pour les ministères », affirme Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre et professeure. Des travaux permettant de suivre l’évolution de la qualité de l’eau, par exemple, peuvent servir à la mise en place de normes environnementales précises.

Photo: Jonathan Robert Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau Terre Environnement de l'INRS

Depuis son entrée en fonction, en 2021, Louise Hénault-Ethier mise beaucoup sur le transfert des connaissances vers les décisionnaires politiques. « J’ai encouragé des étudiants et des professeurs à présenter leurs travaux dans le cadre de consultations publiques à l’Assemblée nationale ou dans les mairies, souligne­-t-elle. Ça me semble vraiment pertinent pour éclairer la prise de décision publique. » Surtout dans un contexte où le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la pollution qui contaminent tous les écosystèmes et affectent les humains ne font plus de doute.

« À partir du moment où il y a un consensus scientifique sur les grands défis et qu’on a des pistes de solutions fondées sur des données probantes, les scientifiques ont une responsabilité », estime-t-elle. Celle d’informer le public, les décisionnaires, mais aussi les industriels, pour qu’ils s’emparent de ce savoir et agissent en connaissance de cause. Cette approche s’inscrit dans un véritable changement de paradigme. Si, pendant longtemps, les scientifiques ont eu un devoir de réserve, ce n’est plus le cas. La vulgarisation de leurs recherches est encore plus essentielle face à certains groupes de pression, dont la stratégie consiste bien souvent à présenter ce qui les arrange.

Appliquer sa « propre médecine »

Première femme à prendre les rênes du Centre ETE en 2021, soit 20 ans après sa création, Louise Hénault-Ethier est une écologiste fascinée depuis toujours par les solutions fondées sur la nature. Passée par Équiterre, la Fondation David Suzuki, mais aussi par Concordia — où elle était chargée de réduire l’empreinte carbone de l’Université —, elle a également un pied dans l’entrepreneuriat avec TriCycle. Cette entreprise d’économie circulaire, qu’elle a cofondée et dirige toujours, est spécialisée dans l’élevage d’insectes comestibles et lutte contre le gaspillage alimentaire. Ses expertises et compétences variées l’ont menée naturellement vers l’INRS.

La directrice tient d’ailleurs à ce que son centre applique « sa propre médecine », en utilisant les campus comme véritables laboratoires vivants. Portées par les étudiants, des initiatives de recyclage des plastiques et des gants de laboratoires ont vu le jour. Des activités de compostage, des études sur l’empreinte carbone, mais aussi sur la biodiversité des végétaux présents sur les campus ont été menées dans les dernières années. « Cette année, on va s’intéresser aux insectes et aux oiseaux avec la science citoyenne participative », précise Louise Hénault-Ethier. Une application sera accessible, tout au long de l’été, pour permettre à la communauté de consigner leurs observations.

Soutenir la relève

Le Centre est présentement à définir son programme scientifique pour les cinq prochaines années, en fonction des besoins prioritaires de la société civile et des problématiques identifiées par les équipes de recherche. « On a plusieurs des questions les plus brûlantes à se poser pour assurer la survie de l’humanité sur Terre », fait remarquer Louise Hénault-Ethier. Les travaux seront donc très probablement axés autour de la réponse à l’urgence climatique, la régénération des écosystèmes, le renversement de l’effondrement de la biodiversité et la lutte contre la pollution sous toutes ses formes.

Un des grands défis, pour les prochaines années, sera d’accroître le soutien financier et psychosocial des étudiants qui vivent de nombreuses pressions liées à la disponibilité des logements et à la hausse du coût de la vie. « On doit trouver des façons, comme institution, de leur offrir le meilleur environnement possible », poursuit Louise Hénault-Ethier.

Elle souligne d’ailleurs la bienveillance des professeurs qui les accompagnent. « On n’est pas seulement là pour développer des compétences scientifiques de pointe, mais aussi pour former des humains capables de penser, d’évoluer dans la société, d’interagir avec des partenaires et de se détacher de l’hyperproductivisme scientifique », conclut-elle. La directrice du Centre Eau Terre Environnement porte un message d’espoir à l’intention des étudiants, qu’elle souhaite voir se développer et s’épanouir.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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