Région - "Il n’y a plus de liberté d’expression" : le conflit Israël-Palestine s’invite à l’université à Marseille
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"Il n’y a plus de liberté d’expression" : le conflit Israël-Palestine s’invite à l’université à Marseille

Par N.P.

Cet après-midi, quelques rares étudiants avaient fait le déplacement jusqu’au Pharo à Marseille pour soutenir leurs camarades.

Cet après-midi, quelques rares étudiants avaient fait le déplacement jusqu’au Pharo à Marseille pour soutenir leurs camarades.

Photo Franck Pennant

Marseille

Deux étudiants étaient convoqués, cet après-midi au siège de l'université au Pharo, en conseil de discipline pour avoir distribué des tracts.

"Arrêtez l’instruction ! Arrêtez l’instruction !" Cet après-midi, une soixantaine de militants, emmenés par les Jeunes communistes et le Comité de lutte d’Aix-Marseille Université (Amu), se sont rassemblés devant le siège de l’université au Pharo pour soutenir deux de leurs camarades convoqués en conseil de discipline. Ces deux étudiants sont accusés d’avoir distribué des tracts sur le conflit Israël-Palestine début avril dans l’enceinte de la faculté, contrevenant par là même au règlement intérieur édicté en 2016.

"Ce conseil de discipline est politique, dénonce Alice, aux Jeunes communistes. L’université veut nous empêcher de militer. C’est la première fois que des étudiants risquent d’être sanctionnés pour distribution de tracts". Si nul ne nie le règlement intérieur, les manifestants s’accordent pour trouver son interprétation de plus en plus sévère. "Il y a une censure sur le sujet de la Palestine, estime Ambre, du comité de lutte. On ne peut plus tracter, les conférences sont annulées. Il n’y a plus de liberté d’expression".

Venu soutenir les deux étudiants menacés de sanctions, Pierre Stambul, de l’Union Juive Française pour la Paix, dont Amu a interdit une conférence en mars, se dit "fier et solidaire de cette jeunesse qui, malgré la répression policière, la pression des présidents d’université, prend position contre ce que j’appelle un génocide. Ce qu’il se passe aujourd’hui aux États-Unis à l’université de Columbia, à Paris, à Sciences Po ou ici, à Marseille, est fondamental".

"La censure s’accroît depuis plusieurs années"

Professeur émérite, Sylvain Brocquet déplore lui aussi "les atteintes de plus en plus graves à la liberté d’expression, à Marseille, comme sur d’autres campus en France" : "C’est la première fois dans notre pays, alors qu’un génocide est en train de se produire, qu’il n’est pas possible d’en débattre au sein des universités, qui sont par essence des lieux de débats. La censure s’accroît depuis plusieurs années, et avec la question palestinienne, c’est particulièrement évident."

En fin de journée, Éric Berton, le président d’Amu, a tenu à défendre la position de son établissement : "La convocation de ces deux étudiants est consécutive à la distribution répétée et non autorisée de tracts portant atteinte à l’image de l’université. Il s’agit de veiller à l’application du règlement intérieur, cela relève de la vie normale d’une université et doit permettre de garantir et maintenir la sérénité de toutes et tous sur les campus."

Cet après-midi, seuls quelques très rares étudiants avaient fait le déplacement jusqu’au Pharo à Marseille pour soutenir leurs camarades. À la sortie du conseil de discipline, ces derniers n’ont pas souhaité s’exprimer. La décision du conseil de discipline est attendue dans le mois.