Pourquoi la France accuse l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie
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Pourquoi la France accuse l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie

Alors que des drapeaux d'Azerbaïdjan ont été observés dans des cortèges de manifestants indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, la France accuse ce pays du Caucase de profiter des émeutes pour étendre son influence dans la région, ce que Bakou dément formellement. Explications. 

Des manifestants brandissent des drapeaux du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) alors qu'ils participent à un rassemblement devant le palais de justice de Nouméa le 13 mai 2024.
Des manifestants brandissent des drapeaux du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) alors qu'ils participent à un rassemblement devant le palais de justice de Nouméa le 13 mai 2024. © Théo Rouby, AFP
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Des drapeaux azerbaïdjanais dans des cortèges à Nouméa, un groupe lié à Bakou soutenant les indépendantistes... La Nouvelle-Calédonie, en proie à des émeutes, devient une nouvelle zone de tension entre la France et l'Azerbaïdjan.

Au terme d'une troisième nuit de violences dans le territoire français du Pacifique sud, Paris a accusé Bakou d'ingérence, jeudi, ce que l'Azerbaïdjan a aussitôt dénoncé.

Mercredi, dans un reportage sur la chaîne TF1, certains indépendantistes de l'archipel arboraient des t-shirts floqués de la bannière azerbaïdjanaise. Un signe de l'apparente influence du pays, pourtant très éloigné du Caillou.

En mars, des médias azerbaïdjanais montraient des manifestants néo-calédoniens avec des photos du président azerbaïdjanais Ilham Aliev à Nouméa.

Alors que les relations sont dégradées entre la France et l'Azerbaïdjan, en raison du soutien de Paris à l'Arménie dans son conflit territorial dans le Haut-Karabakh, la Nouvelle-Calédonie s'annonce comme une nouvelle zone de turbulence bilatérale. 

Interrogé jeudi sur d'éventuelles ingérences étrangères en Nouvelle-Calédonie, le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a désigné Bakou.

"L'Azerbaïdjan, ce n'est pas un fantasme, c'est une réalité", a-t-il déclaré sur France 2, regrettant "qu'une partie des indépendantistes aient fait un deal" avec ce pays. Mais la France, malgré "les tentatives d'ingérences", reste "souveraine chez elle".

L'Azerbaïdjan dénonce "une campagne de calomnie"

"Nous démentons tout lien entre les leaders de la lutte pour la liberté calédonienne et l'Azerbaïdjan", a répondu Bakou, fustigeant des "déclarations insultantes", "infondées" et "une campagne de calomnie".

L'ex-colonie française, devenue territoire de la République en 1946, est secouée par de violentes émeutes qui ont fait cinq morts, dont deux gendarmes, et des centaines de blessés.

Paris a instauré l'état d'urgence, déployé l'armée et interdit le réseau social TikTok, dont la maison mère est chinoise, largement utilisé par les émeutiers. 

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Les interrogations de Paris sur l'influence de l'Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie datent de plusieurs mois, mais n'avaient jusqu'ici pas été rendues publiques.

 

Elles ont été renforcées depuis la signature en avril d'un mémorandum de coopération entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l'Assemblée nationale azerbaïdjanaise.

"Il y a des liens établis, documentés depuis plusieurs mois entre des élus indépendantistes et les autorités azerbaïdjanaises", affirme à l'AFP Bastien Vandendyck, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie.

L'étrange influence du Groupe d'initiative de Bakou

Depuis Caracas, où il se trouve actuellement pour assister au Comité spécial onusien de la décolonisation (C-24), ce conseiller spécial de Sonia Backès, présidente non indépendantiste de la Province sud de l'archipel, affirme que "pour la première fois depuis la création du C-24, l'Azerbaïdjan est venu y siéger".

Le C-24 considère encore la Nouvelle-Calédonie comme l'un des 17 "territoires non autonomes dans le monde", "dont les populations ne s'administrent pas encore complètement par elles-mêmes". 

La république du Caucase pousse aussi le mouvement indépendantiste kanak via le Groupe d'initiative de Bakou (GIB), un groupe de réflexion et d'influence qui entend notamment "soutenir le combat contre le colonialisme et le néo-colonialisme".

Ce groupe est né en juillet 2023 à Bakou, lors d'une conférence avec les indépendantistes des territoires français de Martinique, Guyane, Nouvelle-Calédonie et Polynésie.

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Mardi, le GIB condamnait "l'arrestation des Kanaks et les actes de violence des autorités françaises contre les civils en Nouvelle-Calédonie".

"C'est une campagne assez massive"

L'eurodéputé français Raphaël Glucksmann, qui a présidé une commission du Parlement européen sur les ingérences étrangères, a dénoncé "une tentative d'ingérence" de l'Azerbaïdjan "depuis des mois déjà".

"Ce ne sont pas les acteurs étrangers qui créent la tension (...). Mais ils se saisissent des problèmes internes pour mettre du sel sur les plaies".

Une source gouvernementale a fait état à l'AFP d'une "manœuvre" lancée mercredi par Bakou, avec la diffusion d'"un montage montrant successivement deux policiers blancs avec des fusils (...) puis des Kanaks morts".

"C'est une campagne assez massive, avec environ 4 000 publications générées par (ces) comptes", a ajouté cette source. "Ils réutilisent les codes déjà employés lors d'une précédente campagne de dénigrement baptisée Olympia".

En novembre, la France avait déjà accusé des acteurs liés à l'Azerbaïdjan d'avoir mené une campagne de désinformation visant à discréditer sa capacité à accueillir les Jeux olympiques à Paris. Bakou avait aussi rejeté ces accusations.

Avec AFP

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