L’écriture et l’image, des âges farouches au texte électronique

27
16
mai
2024
Culture

Dans cette nouvelle excursion du Transimpressux, nous voyagerons chez les Mayas de l’époque pré-colombienne ainsi que dans la Rome antique. Nous ferons un rapide tour des monastères médiévaux, nous irons rendre une courte visite à Aloys Senefelder à Munich. Nous en profiterons pour aller voir Isaac Newton, Tintin et Astérix et on terminera notre voyage à Kreutzal, en Allemagne. On n’y parlera pas de Rahan, quoique. On aura compris qu’il sera question d’image, d’écriture et de texte.

Le bar du Transimpressux vous propose un vaste échantillon issu du pas si grand livre des recettes de LinuxFr.org. En espérant qu’à la lecture de cette dépêche vous aurez fait un beau voyage.

Train jaune

Sommaire

Préambule

Au départ, j’avais prévu de parler aussi de formats, mais, à l’arrivée, c’est déjà bien long. La question des formats fera donc l’objet d’une autre dépêche de la série.

J’utilise indifféremment les termes de fonte, police, police de caractère ou typographie. Et, comme il sera question de périodes très éloignées dans le temps, celles antérieures à notre ère seront indiquées sous la forme AEC (avant l’ère commune).

Quelques définitions avant de commencer

Il est possible que certaines notions ne vous soient pas claires, ces quelques définitions vous seront peut-être utiles.

L’écriture et l’image, des concepts différents vraiment ?

L’écriture n’est pas de l’image, l’image n’est pas de l’écriture. Oui et non.

L’exemple des hiéroglyphes mayas

Le système d’écriture maya n’est pas purement logographique. D’ailleurs est-ce qu’un système d’écriture uniquement logographique ou pictographique existe vraiment ? On a vu précédemment sur LinuxFr.org concernant les systèmes d'écriture que les hiéroglyphes égyptiens et les sinogrammes n’étaient pas composés que de pictogrammes, mais qu’ils allaient de pair avec d’autres signes, notamment phonographiques. Il en va de même avec l’écriture maya qui

est un système graphique normalisé qui, au moyen de quelques centaines de « signes-mots » (ou logogrammes) et environ 150 phonogrammes marquant des syllabes de type Consonne-Voyelle1.

L’écriture maya est apparue, à notre connaissance vers 400 AEC et a été utilisée jusqu’au XVIIe siècle où l’envahisseur espagnol a tout fait pour l’éradiquer, y compris en brûlant des codex. Entre les Espagnols et le climat chaud et humide de la sphère d’influence maya, on ne connaît plus que trois codex mayas précolombiens2 : le codex de Dresde, celui de Paris et celui de Madrid. Un quatrième codex, le codex Grolier, conservé à Mexico est sujet à controverses, sa datation et son authenticité ne sont pas certaines. Mais on retrouve aussi l’écriture maya sur des monuments et du mobilier. On trouve également des graffitis, signe, sans doute, d’un certain niveau d’alphabétisation de la population maya. L’écriture maya devait transcrire plusieurs langues amérindiennes, lesquelles langues ont toujours des locuteurs.

codex de Paris
Deux pages du codex de Paris

Pour autant qu’on sache, pour les Mayas, leur écriture tout au moins, l’image était importante. Selon Jean-Michel Hoppan :

Cette écriture est rigoureuse et, tout à la fois, très souple. Elle n’est pas normalisée, au contraire de l’idée qu’on se fait habituellement d’une écriture. Le scribe peut privilégier l’esthétisme au détriment de la compréhension immédiate (en tout cas pour nous). C’est encore plus évident sur les céramiques, où le texte est parfois complètement inintelligible. Le glyphe est là, toujours chargé du pouvoir de l’écrit, mais le contenu de la parole n’est plus. Il devient image. Il y a une grande partie de la céramique où l’on voit de l’écriture, mais qui, de fait, est constituée de pseudoglyphes.3

Les hiéroglyphes mayas n’ont pas de bloc Unicode, même si les chiffres y figurent depuis la version 11.0 (juin 2018). Un billet du blog du consortium (en) du 23 janvier 2020 annonçait l’existence d’une subvention « pour restituer numériquement des écritures historiques et modernes supplémentaires, y compris des hiéroglyphes mayas. ». L’idée étant aussi de faire progresser la recherche de la connaissance de l’écriture et de la culture maya sur les sites de la période 250 – 900, une étape importante pour déterminer les signes à intégrer à Unicode, et d’aboutir à la création de polices OpenType. La dernière version de la norme Unicode, 15.1.0, date du 12 septembre 2023, un peu juste pour incorporer les hiéroglyphes mayas quand on sait que la création d’une police peut prendre de quatorze à seize mois.

Le contre exemple romain

L’alphabet latin puise ses origines dans l’alphabet étrusque, qui, lui-même, provient du système d’écriture grecque et c’est, bien entendu, celui que nous utilisons sur LinuxFr.org (le latin, pas le grec, suivez un peu). C’est celui de l’ASCII. Il figure dans l’Unicode, évidemment, où il dispose de plusieurs blocs. Le bloc latin de base contient en fait tous les caractères et commandes de l’ASCII. Il n’a pas été modifié depuis la version 1.0.0 d’Unicode.

D’après les écrits qui nous sont arrivés, les Romains avaient une vision très « utilitariste » de l’écriture. Pour eux (les écrits qui nous sont parvenus sur le sujet proviennent essentiellement d’hommes) :

l’écriture est essentiellement destinée à (…) représenter [le langage]. De plus, dans sa version alphabétique, qui est à peu près la seule à laquelle pensent les Latins, l’écriture est une notation des sons, les lettres renvoient à des sons élémentaires et l’alphabet correspond terme à terme (en principe) à un inventaire fini de ces sons.4

Il s’agissait donc pour les anciens Romains non pas de

faire une science de la langue à travers sa représentation graphique, mais bien une science de l’écrit en tant qu’il renvoie à la langue. (Françoise Desbordes).

Un support du langage bien imparfait d’ailleurs puisqu’il ne rend pas les effets du discours oral. Et ce facteur explique aussi que la graphie ait mis du temps à se normaliser. L’écrit étant l’image de l’oral : la langue pouvait être prononcée par des locuteurs avec des accents différents et s’écrire ainsi en fonction de la prononciation.

Les écrits des Romains étaient variés, indépendamment des discours, naturellement et sous diverses formes : monumentales, tablettes de cire, papyrus, mais aussi graffitis que l’on pouvait retrouver sur les murs des édifices privés. Des graffitis qui étaient destinés à être lus et étaient très liés à l’oral :

les messages interpellant parfois nommément, au vocatif, une personne – homme ou femme. Ainsi s’explique aussi l’abondance des exclamations (feliciter ! salutem !), des salutations (salve vale !) et des vœux (votum aux Lares pour la salus du maître de maison). Leur caractère performatif ne fait pas de doute.5

graffiti
Graffiti de Pompéi vantant les exploits sexuels du miles Floronius (CIL, IV, 8767). Wolff 2012, 19, fig. 7.

La séparation du texte et de l’image

Des compétences, des métiers et des techniques différentes.

Les manuscrits médiévaux, une séparation parfois extrême

Le travail de copie des monastères médiévaux, notamment (la profession se sécularisera à partir du XIIIe siècle), différait en fonction des lieux et des époques. Au début, le, ou les copistes, suivant en cela, semble-t-il, les traditions grecques et romaines, étaient également chargés de l’ornementation. Les copistes, parce que la copie d’un manuscrit pouvait être distribuée en plusieurs cahiers à différents copistes pour accélérer le travail de copie. La ponctuation, quant à elle, était généralement du ressort des correcteurs, quand il y en avait, pas des copistes.

Il arrivait aussi qu’il y ait un copiste pour le texte et un pour les enluminures, surtout pour les manuscrits les plus riches. Dans ce cas, le ou la copiste écrivait la lettre à enluminer et laissait la place nécessaire, à charge pour l’enlumineur ou l’enlumineuse d’orner le parchemin. Les copies n’étant pas du ressort unique des monastères, les enlumineurs et les enlumineuses étaient souvent des peintres.

Et parce que le travail était ainsi le fait de corps de métier différents, il subsiste des manuscrits médiévaux pas finis, avec des « blancs » pour des enluminures qui ne verront jamais le jour.

L’imprimerie : des typographies ornementales

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les techniques d’impression ont assez peu évolué. Il y avait des perfectionnements et des améliorations, certes, mais, les techniques restaient grosso modo celles de Gutenberg. Les illustrations étaient gravées à part, puis, après la découverte fortuite de la lithographie par Aloys Senefelder en 1796 dessinées sur la pierre, ce qui permettait aux artistes de travailler directement sur la pierre sans avoir à passer par l’intermédiaire d’un graveur. La lithographie permet en effet de dessiner le motif sur la pierre, à l’origine. Senefelder travaillera aussi sur plaque de zinc. La lithographie repose sur le principe de l’antagonisme de l’eau et de la graisse : les zones à imprimer sont traités à la graisse, les autres sont mouillées. L’encre grasse se dépose ainsi seulement sur les zones grasses.

Si l’impression en noir et blanc pouvait se faire d’une traite, celle en couleurs, selon les exigences et les techniques utilisées, pouvait requérir jusqu’à quatorze opérations différentes, et presque autant de passages couleurs. L’offset actuel, un procédé qui dérive de la lithographie, fonctionne en quadrichromie : cyan, magenta, jaune et noir (CMJN) et autant de passages couleur.

Les ornements plus susceptibles d’être réutilisés : lettrines, culs-de-lampe et autres fleurons, lignes et arabesques faisaient l’objet, quant à eux, de fontes ornementales spécifiques. Il y avait même des graveurs typographes spécialistes de typographie ornementale comme Joseph-Gaspard Gillé (pdf) (1766-1826). Aujourd’hui, ce genre de fonte peut se trouver, dans les blocs Unicode de systèmes d’écriture, notamment, latin. On y retrouve d’ailleurs bon nombre de ces polices ornementales purement figuratives même si leur dessin ne correspond pas à une lettre. Mais elles pourraient aussi bien figurer dans les flèches, les filets, les pavés, le bloc casseau ou encore les deux zones supplémentaires.

Les symboles du zodiaque
Les symboles du zodiaque de la collection de fontes de Gillé. Les symboles du zodiaque figurent dans les points de code Unicode U+2648 à 2653 (avec des dessins moins figuratifs).

Toutes les techniques d’imprimerie continuent à exister, de façon plus ou moins anedoctique. Les deux plus répandues étant l’offset, pour les gros volumes, et l’impression numérique (laser ou jet d’encre). Cette dernière étant la seule à imprimer les couleurs d’une seule traite.

La bande dessinée : des métiers différents

La bande dessinée ce n’est pas un métier mais quatre métiers différents qui peuvent ou non, être assurés par la même personne :

  • le scénario,
  • le dessin,
  • la couleur,
  • et le lettrage qui nous intéresse ici.

Le lettrage, dans la bande dessinée ce sont en fait plusieurs types d’écriture :

le paratexte (titres, signatures, numérotation), les interventions du narrateur (récitatifs, didascalies, commentaires), toute la notation des sons (dialogues, onomatopées, bruits) – le lettrage assume ainsi une part très importante du « régime sonore » de la bande dessinée, au point que l’on appelle « muettes » les bandes dessinées qui n’en comportent pas du tout (puisque le lettrage n’est pas indispensable à la réalisation d’une bande dessinée).6

Gotlib (les Dingodossiers, la Rubrique à brac, Super Dupont, Gai-Luron) est entré en bande dessinée par la voie du lettrage.

L’élève Chaprot roi
Un extrait des Dingodossiers de Gotlib, scénario de Goscinny. L’image comporte des didascalies à gauche et en haut à droite, une bulle de texte, en-dessous, du texte « sonore. »

D’autres auront leur lettreur attitré, comme Hergé. Arsène Lemey a assuré le lettrage de ses Tintin à partir de la version allemande du Secret de la licorne, le onzième album de la série. La police de caractère créée par Arsène Lemey pour Tintin est l’Arleson, elle sera intégrée à la photocomposeuse de Casterman dans les années 1970. Pour la série Astérix ce sont les lettrages de Michel Janvier, en charge de cette tâche pour un certain nombre d’album depuis 1989, qui ont été numérisés. Trois famille principale de typographies ont ainsi été créées par Le Typophage : Regularus pour les bulles, Boldus pour l’écriture très grasse et Graphix pour les onomatopées et les symboles graphiques.

Avoir sa propre police est actuellement assez facile en passant par des sites comme le Calligraphe qui permettent de générer une typographie à partir de son écriture manuscrite. C’est ce qu’a fait notamment heyheymomo (en) qui offre sa police en téléchargement (en).

Qu’est-ce que le texte ?

Au début de l’informatique, chez IBM l’unité de mesure était le mot (word). La capacité d’une machine s’évaluait donc en nombre de mots. Un mot étant, selon le manuel de l’IBM 605 constitué de « dix chiffres et d’un signe algébrique ». Ainsi l’IBM 605 avait une capacité de 1 000 à 2 000 mots. Le texte n’était pas bien loin.

Mais, qu’est-ce que le texte ? Selon les points de vue, la notion de texte peut être très vaste. En musique par exemple, il est question de sous-texte et ça n’a rien à voir avec les paroles de chanson ou de mélodies ou le livret des opéras. Dans le cadre de cette série qui, globalement, traite de l’informatique dans le contexte historique de l’écriture, j’opte pour une définition restrictive et axée sur l’écriture et la lecture.

Le texte est ainsi de l’écriture qui peut se lire avec les yeux, les oreilles ou les doigts et qui peut aussi être lue par des robots. C’est du texte fait pour être lu pas pour être exécuté dans le cadre d’un logiciel par exemple. Ce qui exclut le code informatique de la définition, même si c’est écrit avec des éditeurs de texte7. On doit pouvoir faire des recherches dans le texte, naviguer dedans, en extraire une partie pour la réutiliser ailleurs, etc.

Il s’ensuit qu’une image avec de l’écriture dessus, ce n’est pas du texte. Un fichier PDF, fac-similé d’un livre imprimé n’est pas du texte. Et les versions PDF des livres numérisés que propose la BnF Gallica par exemple ne sont pas du texte. Un formulaire en PDF qui est en fait une image que l’on aura modifiée avec un outil de dessin (ou imprimé et modifié à la main puis numérisé) n’est pas du texte.

En revanche, si, de mon point de vue, la structure d’une base de données n’est pas du texte, son contenu par contre, oui. Ainsi, au hasard, celle de LinuxFr.org, est du texte, la partie publique tout au moins. Et ce n’est pas Claude qui me contredira.

Manchot à tables
Un genre d’allégorie des tables de la base de données de LinuxFr.org.

Il est d’autant plus important d’insister là-dessus qu’il se trouve encore des personnes qui ne font pas la différence entre les deux. Et ce, tout simplement parce que c’est écrit et qu’elles, elles, peuvent lire ce qui est écrit.

Nouveau Drop Caps : une police de lettrines

Puisque qu’il a été question plus haut de typographies purement décoratives, c’est l’occasion de vous présenter une police qui ne peut servir qu’à des lettrines ou des titres.

La police Nouveau Drops Caps

Nouveau Drop Caps est une fonte générée par Dieter Steffmann (en) un typographe de formation qui a créé plus de trois-cent-cinquante polices. La plupart sont plutôt plus à des fins décoratives que des polices de texte. Dans l’ensemble, ses polices peuvent être utilisées pour la langue française, elles ont les caractères qu’il faut. La position de Dieter Steffmann sur son travail est la suivante :

je considère les polices de caractères comme un patrimoine culturel, je ne suis pas d’accord avec leur commercialisation. Les polices autrefois fabriquées à partir de caractères métalliques avaient évidemment un prix en fonction de la valeur du métal, et le coût de conception, de découpe et de moulage est convaincant, d’autant plus que l’acheteur devenait également propriétaire des polices achetées !

Le site sur lesquelles il les dépose, 1001 fonts a, d’ailleurs, une licence (en), avec une disposition assez originale. La police

peut être téléchargée et utilisée gratuitement pour un usage personnel et commercial, à condition que son utilisation ne soit pas raciste ou illégale. (…)

Les fontes peuvent être librement copiées et transmises à d'autres personnes pour un usage privé mais pas être vendues ou publiées sans l’autorisation écrite des auteurs et autrices.

Les textes et documents qui ont servi à alimenter cette dépêche

Les références sont données à peu près dans leur ordre d’apparition dans le texte. La plupart sont accessibles en ligne, et, volontairement, il y a un minimum de références à Wikipédia. Il y a, également, le minimum possible de sources en anglais.

L’écriture maya

Jean-Michel Hoppan est l’un des seuls (le seul ?) spécialiste français d’un domaine de recherche (l’écriture maya) qui ne compte qu’une centaine de personnes dans le monde.

La vision romaine de l’écriture

  • Idées romaines sur l’écriture, Françoise Desbordes, 1990, EPUB : ISBN 9782402324168, PDF : ISBN 9782402657495, marquage filigrane. La maison d’édition FeniXX qui édite ce livre est spécialisée dans la réédition des livres indisponibles du XXe siècle.
  • L’écriture en liberté : les graffitis dans la culture romaine, Michelle Corbier, extrait de Langages et communication : écrits, images, sons, Corbier Mireille et Sauron Gilles (dir.), éd. électronique, Paris, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques), 2017.

Les manuscrits médiévaux

On peut se procurer ces livres au format PDF (fac-similé), en texte brut (je travaille sur une version que je compte mettre en ligne pour chacun de ces livres), les emprunter en version EPUB à la BnF si l'on a un compte, ou acheter l’EPUB. À noter que, selon les librairies, le fichier EPUB a ou non une protection numérique : ainsi, Le Furet du Nord indique qu’ils n’en ont pas, Cultura annonce une DRM LCP, et la FNAC une DRM Adobe.

Bonus ! Si vous voulez vous rincer l’œil, l’IRTH (Institut de recherche et d’histoire des textes) a dressé une liste de sites pour accéder au manuscrit médiéval numérisé.

L’imprimerie

La bande dessinée

  • Lettrage, Laurent Gerbier, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, septembre 2017.

Postambule

La question des formats sera abordée dans le prochain chapitre qui est déjà bien avancé. Et ce n’est pas plus mal, finalement.

Dans le cadre de cette série, il va me falloir traiter aussi de la question des codes (sur laquelle j’ai quelques lacunes, vos suggestions sont bienvenues). Unicode, bien que déjà pas mal abordé, mérite un chapitre à lui tout seul : histoire, composition du consortium, comment on ajoute un système d’écriture à Unicode, et quelques paragraphes sur le code lui-même (et là…). Je pense que je pourrais peut-être caser la norme ISO des écritures dans ce chapitre. Si j’ai parlé de conservation, il va falloir parler de l’archivage : protocoles, accès, ce qui me permettra d’évoquer aussi de la science ouverte, je pense.


  1. L’écriture maya](https://www.inalco.fr/lecriture-maya), Jean-Michel Hoppan, INALCO. 

  2. Les codex étaient écrits sur un papier, l’amate, fait à partir de l’écorce d’un figuier local. 

  3. Les glyphes mayas et leur déchiffrement, Jean-Michel Hoppan, 2009. 

  4. Idées romaines sur l’écriture, Françoise Desbordes & Centre national de la recherche scientifique & Anne Nicolas, 1990. 

  5. L’écriture en liberté : les graffitis dans la culture romaine, Mireille Corbier, 2014. 

  6. Lettrage, Laurent Gerbier, septembre 2017. 

  7. Je reconnais qu’il peut y avoir matière à pinaillage sur ce sujet. 

Aller plus loin

  • # Texte, littéraire ou scientifique ?

    Posté par  . Évalué à 2 (+0/-1). Dernière modification le 16 mai 2024 à 10:42.

    Pour élaborer sur la très tentante note de bas de page incitant subtilement au pinaillage, tu ne connais peut-être pas certain styles de programmation dont la [Programmation littéraire] qui brouillent un peu les cartes entre le code informatique et le texte. Ou encore les langages de programmation comme le Shakespeare

    A New Beginning.
    
    Hamlet, a literary/storage device.
    Juliet, an orator.
    
                        Act I: The Only Act.
    
                        Scene I: The Prince's Speech.
    
    [Enter Hamlet and Juliet]
    
    Juliet: Thou art the sum of an amazing healthy honest noble peaceful
            fine Lord and a lovely sweet golden summer's day. Speak your
            mind!
    
    [A pause]
    
    Juliet: Thou art the sum of thyself and a King. Speak your mind!
    
            Thou art the sum of an amazing healthy honest hamster and a golden
            chihuahua. Speak your mind!
    
    [Exeunt]

    Pièce de théâtre ou code informatique ? Texte ou pas texte ?

    (il n'est pas totalement impossible que les anciens du site se souviennent de variantes francophones de ce langage, mais j'avoue ne pas m'être astreint au même exercice que l'autrice pour le journal pour ce commentaire qui comporte un lien vers wikipédia et de l'anglais à la fois)

    Plus sérieusement dans la notion de texte, il semble qu'il y ait simplement polysémie, les informaticiens l'utilisent dans un sens élargi et un peu différent, un fichier texte est un fichier qui comporte une suite de caractère qui n'ont éventuellement pas vraiment de sens dans une langue naturelle. On peut troller un peu à partir de ça si on veut s'amuser ! Mais ce ne serait pas la première polysémie du dictionnaire.

    • [^] # Re: Texte, littéraire ou scientifique ?

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3 (+1/-1).

      Ah mais ce n'était pas vraiment une invitation à pinailler :-)

      Je sais bien que le terme "texte" est polysémique, je pensais l'avoir dit très clairement dans la dépêche et précisé qu'il s'agissait de la définition que je retenais dans le cadre de la série.

      La définition est restrictive, dans ce cadre, mais permet d'expliquer une bonne fois pour toute que l'image même avec de l'écriture dessus ce n'est pas du texte. Une confusion encore trop fréquente et dommageable, pas tant pour les robots dont je me contrefiche, mais pour toutes les personnes qui ne peuvent pas lire avec leurs yeux.

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

      • [^] # Re: Texte, littéraire ou scientifique ?

        Posté par  . Évalué à 2 (+0/-1).

        Ah mais ce n'était pas vraiment une invitation à pinailler :-)

        Oh pardon 👼🏼.

        une bonne fois pour toute que l'image même avec de l'écriture dessus ce n'est pas du texte

        Il pourrait être un progrès d'intégrer des extracteurs de textes pour ce genre de cas vu que c'est devenu assez courant pour les gens avec des smartphones de faire des captures d'écran à la place de copier/coller. Faire la guerre aux gens pour qu'ils comprennent ça ça fonctionne un peu mais c'est compliqué à généraliser, t'auras toujours des gens qui s'en contrefichent ou qui ne feront pas l'effort systématiquement lors d'un échange spontané au quotidien.

        • [^] # Re: Texte, littéraire ou scientifique ?

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+0/-1).

          Mais où as-tu vu que je fais la guerre ? J'explique et j'espère que cela fera réfléchir le lectorat tout au moins. Cela ne va pas plus loin. J'espère aussi que cela pourra donner des arguments à des personnes qui se bagarrent contre le texte-image. C'est pourquoi je pense que c'était important de l'écrire et pas seulement une matière à troller.

          « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

          • [^] # Re: Texte, littéraire ou scientifique ?

            Posté par  . Évalué à 2 (+0/-1).

            Maladresse d'expression de ma part ! Mais c'est juste ça, une façon de parler.

            C'est malheureusement un peu l'impression que donnent les gens qui incitent les autres à mettre des alt-text sur les images sur Mastodon ou autre réseau social. Ça fonctionne dans une certaine mesure sur certains pans de réseaux, mais dés que tu sors de ces zones et parfois de ces moments c'est relativement rare de voir des alt-textes.

          • [^] # Re: Texte, littéraire ou scientifique ?

            Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

            Mais où as-tu vu que je fais la guerre ?

            Bin moi je la fais. Ou plutôt je la faisais, mais comme dit Thomas Douillard ça ne sert à rien parce que les gens s'en foutent et au final t'es juste un gros lourd. Mais je ne peux m'empêcher de grincer des dents chaque fois que quelqu'un envoie une capture d'écran parce que –on perd l'URL, ce qui m'oblige à tenter une recherche si je souhaite accéder à l'article complet (par ex.) –je ne peux pas faire de copier-coller (bien que maintenant y'a des OCR partout, c'est devenu facile d'extraire le texte).
            Je vous laisse je retourne expliquer à mon pote que «oki» c'est aussi nul que «kikoo», à ma tante que «belle soirée» n’a pas lieu d'être, et à ma femme qu'il vaut mieux filmer en mode horizontal. J'ai tout de même pris le temps de remplacer les chiures de mouches de mon commentaire par de vrais guillemets (mais vu que ça demande 2 caractères différents, chacun nécessitant l'utilisation de la touche Alt-Gr, ça prend tout de même bien plus de temps que juste "…")

            • [^] # Re: Texte, littéraire ou scientifique ?

              Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3 (+0/-0).

              Je vous laisse je retourne expliquer à mon pote que «oki» c'est aussi nul que «kikoo», à ma tante que «belle soirée» n’a pas lieu d'être, et à ma femme qu'il vaut mieux filmer en mode horizontal. J'ai tout de même pris le temps de remplacer les chiures de mouches de mon commentaire par de vrais guillemets (mais vu que ça demande 2 caractères différents, chacun nécessitant l'utilisation de la touche Alt-Gr, ça prend tout de même bien plus de temps que juste "…")

              Ça prend plus de temps (pas beaucoup plus) parce que LinuxFr n’est pas très bien fait pour ça. Mais avoir une typographie propre, c’est plus agréable. Cela dit le contenu entre guillemets chevron est précédé et suivi d’une espace insécable (ou d’une fine insécable).

              Maintenant si ça ne sert à rien de dire aux gens de penser que leur contenu ne pourra être lu que par des personnes qui ont des yeux, dites-leur que si c’est le cas, leur CV sera invisible des robots. Ça risque de leur faire changer d’avis si la raison altruiste ne leur importe pas.

              « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

  • # Accès aux manuscrits via IIIF

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10 (+13/-0).

    Merci pour ce nouveau billet très stimulant.

    A propos de l'accès aux manuscrits médiévaux, on peut faire autrement que de passer par les PDF et EPUB.

    Les acteurs du patrimoine écrit ancien ont créé il y a quelques années le protocole IIIF (International Image Interoperability Framework) afin de faciliter l'accès, le partage et l'étude de leurs documents. Ça fait un moment que je me dis qu'il faudrait que je fasse un billet sur IIIF sur linuxfr…

    La bibliothèque numérique de l'IRHT est incontournable ainsi que le portail Biblissima. Biblissima est la référence IIIF dans le champ francophone et propose une flopée de ressources. Gallica supporte IIIF.

    Globalement, un document exposé via IIIF est accessible à partir d'une url appelée manifeste (un fichier json) permettant de visualiser et de récupérer ses métadonnées.

    Ainsi, par exemple la notice de ce manuscrit : France, Bourges, Bibliothèque des Quatre Piliers - 312. Classiquement, cette notice propose un visualiseur IIIF standard et la possibilité de copier le manifeste du document soit en montrant l'url elle-même soit via l'icone icone IIIF

    Ce lien peut-être utilisé pour visualiser autrement le manuscrit, par exemple pour le comparer avec d'autres, l'annoter ou extraire des parties. Il existe une foultitude d'outils et de services IIIF, cf la page awesome IIIF

    Par exemple sur cette démo du logiciel libre Mirador. Cliquez sur le gros bouton bleu en haut à gauche et ajoutez l'URL du manifeste pour l'afficher dans un autre contexte que celui de la notice.

    En pratique IIIF présente les images comme des cartes, d'où une navigation fluide et le zoom profond.

    Si ça vous intéresse, pour le coup, je vais me motiver pour avancer sur un billet.

  • # Magnifique nouvelle

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+0/-0).

    Magnifique article, merci.

    J’en profite pour poser une question qui me tarabuste depuis quelques temps : est-ce que quelqu’un a une idée de comment fonctionnait l’imprimerie d’un journal de bande dessinée (Spirou ou Tintin) avant l’apparition de l’ordinateur ?

    Je comprends le principe de l’impression offset. Mais, dans Gaston, on les voit souvent taper des articles à la machine ou, pour Lebrac, faire un dessin en urgence avant de partir « à la composition ».

    Qu’est-ce que la « composition » ? Et comment partent-ils d’un texte à la machine ou d’une image pour faire un filtre offset ?

    Mes livres CC By-SA : https://ploum.net/livres.html

    • [^] # Re: Magnifique nouvelle

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0). Dernière modification le 20 mai 2024 à 23:52.

      la composition, si j'ai bien compris :

      • c'est tout simplement la constitution des plaques utilisées pour l'offset

      avec un ordi :

      1- tu imprimes 4 feuilles pour faire de la quadrichromie
      2- tu projettes chacune de ces feuilles pour obtenir des plaques (en gros, avec une photocopieuse à UV qui va retirer une couche photosensible sur les plaques utilisées par l'offset)
      3- l'offset dépose l'encre sur les plaques (où ça n'accroche qu'aux endroits imprimés)
      4- qui sont ensuite déposées sur le papier

      sans ordi :

      1- tu fais de la lithographie sur chacune des plaques directement (facile à comprendre pour les contours en noir et blanc :D)
      2- pas d'étape 2
      3- même étape
      4- même étape

      (fin bon c'est comme ça qu'on faisait dans notre imprimerie à offset au siècle dernier)

      • [^] # Re: Magnifique nouvelle

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+0/-0).

        Merci pour ta réponse. Ce qui m’intéresse, c’est avant les ordinateurs.

        Donc, pour reprendre l’exemple de Gaston et du journal de Spirou, chaque page est "litographiée".

        Mais je n’arrive pas à comprendre comment on litographie une planche de BD. Ça me parait un travail de dingue.

        Et pour un article tapé à la machine, est-ce qu’on utilisait encore des caractères en plomb pour faire la mise en page ?

        Mes livres CC By-SA : https://ploum.net/livres.html

        • [^] # Re: Magnifique nouvelle

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).

          Ça me parait un travail de dingue.

          euh bin, la Ronéotypie existait avant les ordinateurs.

          La photographie aussi : pas très dur d'obtenir une impression sur film plastique, que tu places sur ta plaque puis t'envoie les UV (ça se passe en chambre noire, comme pour la photographie).

          Et pour un article tapé à la machine, est-ce qu’on utilisait encore des caractères en plomb pour faire la mise en page ?

          bin non, tu reproduits la planche noir et blanc sur un film plastique, même méthode. Ensuite t'as les colorieurs qui optimisent le nombre de plaques nécessaires (au besoin en faisant du 2 ou 3 couleurs, d'où les jaunes et rouges et bleu principalement utilisés en aplats, au pire du Pantone…).

          Pour de la quadrichromie, c'est un peu plus compliqué, mais ça se fait :-)

      • [^] # M'enfin

        Posté par  . Évalué à 4 (+3/-0).

        Je pense que la question de Ploum porte sur la méthode pour obtenir les plaques à partir du texte et des images (pour elles, j'émettrais l'hypothèse d'un système de photolithographie avec des filtres colorés).
        Quoi qu'il en soit une petite recherche m'a permis de trouver la méthode proposée par Gaston aux éditions Dupuis :

        • Lebrac réalise ses petits miquets au savon sur des feuilles d'aluminium ménager
        • Gaston fixe ses dessins en versant dessus du soda Orange Piedbœuf
        • il utilise la peinture à l'huile de Lebrac pour encrer la feuille d'aluminium au rouleau à pâtisserie
        • il réalise l'impression sur la feuille de journal en pressant dessus localement avec le dos d'une cuiller…

        Il ne reste plus qu'à répéter l'opération pour toutes les couleurs de tous les dessins de toutes les pages de tous les journaux de la semaine. Simple, non ?

    • [^] # Re: Magnifique nouvelle

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7 (+4/-0). Dernière modification le 21 mai 2024 à 15:58.

      La composition c’est

      l’assemblage des caractères destinés à former les mots, les lignes et par extension, les pages qui composent un journal ou un volume. (La typographie, Huard, 1892)

      En fait ta question dépend un peu de la période.

      Tu avais par exemple la linotype qui permettait de saisir le texte et de l’envoyer déjà composé (ça projetait un jet de plomb fondu qui créait les lignes de texte), et tu ajoutais la photogravure pour les images. Restait plus qu’à mettre le tout en page. Les linotypes étaient très utilisées dans les journaux et leur usage a perduré jusque dans les années 1980.

      À partir des années 1950 (et surtout 1960), est apparue la photocomposition : une seule machine, la Lumitype, permettait de saisir le texte et d’avoir les images. Elles ont été remplacées dans les années 1970 par les photocomposeuses, sans, puis avec les ordinateurs.

      Quand Lebrac apporte un dessin à la composition, il l’apporte pour le faire photographier, et, à partir de là l’intégrer à la page en cours de composition.

      Lumitype
      La lumitype du musée des arts et métiers à Paris (ma photo n’est pas terrible, question de luminosité trop forte).

      Pour compléter, la photo d'un rouleau ayant servi à imprimer le Petit Journal, désolée, la photo est effroyable, mais ça donne une idée.

      Le petit journal

      « Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.

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