les secrets de Michel-Edouard Leclerc

les secrets de Michel-Edouard Leclerc

les secrets de Michel-Edouard Leclerc
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Oui. Vous vous souvenez qu’au début, j’étais un peu seul à dire que l’inflation allait arriver. J’ai été informé par nos acheteurs mais aussi par le groupe Ahold Delhaize, partenaire de notre système d’alliance européenne, qui m’a alerté de l’inflation américaine six mois avant le début de la hausse des prix en . Les centres Leclerc sont aujourd’hui à un niveau de prix bas, comme ils ne l’ont jamais été dans leur histoire car ils ont pris leurs marges. Dans le contrat Leclerc, les magasins, tous indépendants, s’engagent à être au moins 4 % moins chers que la moyenne française. Aujourd’hui, nous sommes près de 8 % en dessous.

Des baisses de prix, oui, mais à quel prix pour vos fournisseurs ?

Non, justement, les prix ont augmenté, les multinationales se sont aidées.

Nous avons réduit nos marges pour ne pas perdre de trafic client. Ce que Casino n’a pas fait, par exemple !

Les grands industriels peut-être, mais les petites PME qui vous approvisionnent ?

Non, eux aussi ont augmenté. Moins, mais ils ont augmenté. Les prix ont tous augmenté depuis trois ans. Et nous avons réduit nos marges pour ne pas perdre de trafic client. Ce que Casino n’a pas fait, par exemple !

Le paradoxe est que ce sont les prix des marques distributeurs et les premiers prix qui ont le plus augmenté !

C’est normal, car ils sont constitués de plus de matière première, donc leur réactivité à la hausse ou à la baisse est plus sensible. S’ils sont moins chers, ce n’est pas tant à cause de leur composition, c’est parce qu’ils ne sont pas obligés de supporter tous les frais marketing d’une marque.

Cela ne serait-il pas aussi lié au fait que les matières premières agricoles sont aujourd’hui moins françaises qu’elles ne l’étaient ?

Oh non, elle est plus française aujourd’hui ! Je ne le dis pas en termes publicitaires, mais je pense que Leclerc est la marque française qui a le plus de produits français dans ses rayons.

C’est aussi ce que dit Lidl !

Oui, mais Lidl propose peu de produits ! Il compte 1 500 références. Nous, dans le secteur alimentaire, devons avoir 15 000 références. Mais par exemple, 99 % de notre lait, soit près de 250 millions de litres de la Marque Repère, est français.

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(Jean Le Borgne/Le Télégramme)

Que pensez-vous de la percée de Lidl et Aldi sur le marché français ?

C’est une avancée qui nous a réveillés il y a dix ans. Parce que nous ne fabriquons pas de produits à bas prix. Lidl et Aldi les ont introduits en France et cela nous a amené à développer ces gammes comme ils les ont quittées. Michel Biero (directeur de Lidl France, NDLR) ne le dira pas, mais il le regrette un peu. Il n’a plus eu de premiers prix, ce qui a pesé sur ses parts de marché l’an dernier.

Les plateformes de commerce en ligne n’ont pas la peau de nos marques.

Michel Biero dit que c’est votre talent de communicateur qui vous fait progresser…

J’ai toujours communiqué. Quand les gens n’ont pas d’argument, ils disent que Michel-Edouard Leclerc est un grand communicateur. La narration est importante mais les gens viennent chez nous parce que c’est moins cher, qu’il y a une gamme ou que le magasin est sympa.

La répartition évolue. Selon vous, à quoi ressemblera le supermarché demain ?

Les plateformes web augmenteront leurs ventes, mais il y aura toujours des lieux de sociabilité, il y aura toujours des lieux commerciaux très fréquentés. Dans nos villes moyennes, ils sont indispensables.

Même avec drive et livraison à domicile ?

Oui. Leclerc n’aura aucune difficulté à s’adapter. Si nous devons appuyer sur l’accélérateur des ventes en porte-à-porte ou au volant, nous le ferons. Mais les consommateurs privilégient les hypermarchés à taille humaine où l’on se retrouve, où l’on peut calibrer sa propre consommation en lisant les caddies des autres. Les plateformes de commerce en ligne n’ont pas la peau de nos marques.

Une nouvelle loi EGalim est en préparation. Comment voyez-vous les choses ?

Je dirai les choses positivement : premièrement, je ne suis pas contre EGalim. Deuxièmement, je suis pour l’obligation pour tous les acteurs économiques achetant dans le secteur agricole de signer un premier contrat avec un prix clair, des indicateurs et des clauses de révision des prix. Et je suis d’accord que nous ne devrions pas renégocier les questions agricoles. Je suis favorable à l’affichage des indications originales, de manière plus transparente. Je suis contre le protectionnisme qui se retournerait contre les exportations agroalimentaires, mais je suis pour les « clauses miroir » : les importations doivent respecter nos normes. Bref, je suis favorable à une meilleure aide à l’agriculture vivrière et à la dynamisation de l’agriculture d’exportation.

On a beaucoup entendu parler d’inflation mais très peu de crise agricole. Est-ce pour ne pas jeter de l’huile sur le feu ?

Quand on a deux groupes qui se tirent dessus, on ne peut pas rester au milieu, c’est évident. Au fond, nos membres partageaient une grande partie des revendications agricoles. C’est à l’État de réagir. La distribution, même si elle a un grand rôle à jouer, n’est pas le bon interlocuteur pour résoudre les problèmes de la PAC, du plan Ecophyto, des traités internationaux, des retraites ou de la gestion de l’eau ! J’ai rencontré discrètement les agriculteurs qui avaient bloqué la coopérative toulousaine, à leur domicile, où s’est rendu Gabriel Attal.

Vous proposez aux politiques de renouer avec la réalité du terrain. Cela ressemble à un programme. Allez-vous vous lancer en politique ?

Se lancer, c’est inventer les chiffres. En fait, je suis déjà en politique. En 2006, j’ai créé un blog, il s’appelait « What I MEL About ». La distribution est un merveilleux observatoire de la vie sociale. Le débat public nous interpelle souvent. La crise des gilets jaunes et la crise agricole le révèlent : les politiques répondent aux revendications corporatistes mais ne parlent plus aux gens de leurs problèmes. C’est aussi une question de méthode. Ces dernières années, dès qu’il y avait une crise agricole, tous les professionnels réunis au ministère et un Bruno Le Maire ou un Stéphane Le Foll disaient : « Vous ne partirez pas d’ici sans qu’une solution soit trouvée ». Un ministre était un facilitateur. Je n’ai vu Marc Fesneau qu’une seule fois.

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(Jean Le Borgne/Le Télégramme)

En France, Leclerc détient près de 25 % de part de marché. Comment ça se passe en Bretagne ?

La concurrence est encore plus forte entre indépendants en Bretagne. Nous avons beaucoup investi dans l’outil industriel de 4 500 salariés autour de Kermené et dans les différentes unités de production. On refait beaucoup de magasins : les centres Leclerc de Bretagne ont investi, ces trois dernières années, près de 250 millions d’euros dans la rénovation de leurs magasins. La Bretagne, pour moi, c’est plus un projet qu’une racine. Je m’investis beaucoup auprès des adhérents bretons pour contribuer au renouvellement de l’offre agroalimentaire. Côté offre culturelle, nous avons également de grands projets à Landerneau avec Henri Cartier-Bresson. Nous avons créé des réseaux, publics et privés, car nous attirons les mêmes publics.

Nous sommes une véritable coopérative, les opérateurs sont responsables de tout.

Comment, à 72 ans, voyez-vous votre avenir ?

Cela fait sept ans que je suis président exécutif de Leclerc. Il faut savoir que mon père et moi n’avons jamais été présidents opérationnels, d’un point de vue juridique, de Leclerc. Nous sommes une véritable coopérative, les opérateurs sont responsables de tout. Mon rôle n’est pas d’être un porte-parole des centres Leclerc. J’accompagne la réflexion et la mise en œuvre de la stratégie, et j’aime les rassembler autour d’engagements utiles à la société.

Vous n’avez pas de successeur désigné aujourd’hui ?

 
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