Julie (en 12 chapitres) : le bonheur d'être inconstant sur Arte

Renate Reinsve, virevoltante dans le rôle de Julie.
Renate Reinsve, virevoltante dans le rôle de Julie. © Oslo Pictures

Le beau film de Joachim Trier met en scène une jeune femme irrésistible incarnée par Renate Reinsve, primée au Festival de Cannes 2021. A voir ou revoir ce mercredi 15 mai à 20h55 sur Arte.

Ça, elle bouge trop. C'est une goutte de mercure. Julie virevolte, papillonne. Bientôt 30 ans. Elle a étudié la médecine, s'est intéressée à la psychologie, est devenue photographe. La voici libraire. Elle ne sait pas ce qu'elle veut. Cela fait son charme. Cela agace, aussi. Aksel, qui vit avec elle, aimerait fonder une famille. Elle n'y pense pas une seconde. Avoir des enfants, non mais, ça ne va pas, la tête ?

Il est auteur de bandes dessinées dont le héros est un lynx et qui évoquent Robert Crumb. Elle le quittera, un peu comme ça, sans vraie raison. Ou peut-être parce qu'elle a rencontré un grand défenseur d'andouilles dans un mariage où elle s'est incrustée par hasard. Ils ont bu trop de champagne. Ils ont ri, partagé des secrets qu'ils ont oubliés le lendemain. Renate Reinsve occupe l'écran de A jusqu'à Z. Voilà pourquoi elle a reçu le prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes 2021. Qui s'en plaindra ?

Ses caprices sont la règle

Cette Anaïs Demoustier nordique traîne tous les cœurs après elle. Ils en sortent en morceaux. On lui pardonne tout. Ses caprices sont la règle. Le sérieux sera pour demain. Qu'on ne l'embête pas avec le mariage, les conventions. Un week-end à la campagne chez des amis avec progéniture tourne à la catastrophe. Ces jeux sur la pelouse ne sont pas pour elle. On ne sait pas s'il faut lui donner des claques ou des baisers. Julie est libre, changeante, irrésistible. Joachim Trier brosse son portrait en douze chapitres, avec prologue et épilogue. La visite vaut le détour.
Une douce mélancolie plane sur ces séquences que le réalisateur enchaîne avec l'aisance d'un romancier touché par la grâce. Cette Antoine Doinel au féminin illumine le quotidien. Elle repousse l'âge adulte du bout du pied. Elle ne supporte que les premières fois.

L'imprévu est son domaine. Se fixer ? Vous n'y pensez pas. L'avenir attendra. Cet être de fuite prend des champignons qui la rendent malade. Son père remarié ne vient pas à son anniversaire. Elle rêve qu'elle lui jette un Tampax à la figure. Elle détaille aux inconnus ses goûts en matière de sexualité. Le rose lui monte à peine aux joues. Elle pouffe assise sur les toilettes. Pour elle, il importe d'être inconstant.

Le meilleur de la Nouvelle Vague

Dans Julie (en 12 chapitres), Joachim Trier a gardé le meilleur de la Nouvelle Vague, cette fraîcheur, cette voix off, ces détails qui font mouche, cette façon de montrer une ville dans tous ses aspects. On sent le temps passer goutte à goutte, les erreurs s'effacer les unes après les autres. Elle ne songe qu'à elle. Cela occasionne des dégâts. Il y a un moment magique, quand Julie court dans les rues d'Oslo rejoindre sa nouvelle conquête et que tous les passants autour d'elle sont figés.

Soudain, elle est la seule personne à remuer dans le monde. Le monde, lui, s'arrête quand on apprend qu'un ex est atteint d'un cancer. Julie se pose, et pas seulement des questions. Avec elle, douze chapitres ne suffisent pas. Il en faudrait vingt, cinquante, cent. On l'adore. On voudrait l'avoir pour soi tout seul. Hélas, des milliers de spectateurs vont la découvrir. Quelle injustice !

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