un « Procès du Chien » philosophico-comique dont on ressort de bonne humeur

un « Procès du Chien » philosophico-comique dont on ressort de bonne humeur

un « Procès du Chien » philosophico-comique dont on ressort de bonne humeur
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UN CERTAIN REGARD – En organisant le procès d’un canidé dans son premier film, l’actrice-réalisatrice Laetitia Dosch mise sur la farce, une tendance énergique. Et, tout en parlant de sujets sérieux, parvient à faire rire, une opportunité assez rare à Cannes.

Cosmos a-t-il mordu en état de légitime défense ? Vraie question. Bande à part Productions

Par Jérémie Couston

Publié le 19 mai 2024 à 15h18

Mis à jour le 19 mai 2024 à 15h45

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UUn chien est-il un justiciable comme les autres ? Une société se juge-t-elle à la place qu’elle accorde à ses amis les animaux ? Un chien peut-il être misogyne ? Est-ce qu’il mord en état de légitime défense ? La peine de mort est-elle plus clémente pour un animal de compagnie que pour un humain ? La vie sauvage et la vie sociale peuvent-elles coexister ? L’antispécisme est-il soluble dans le féminisme ? L’homme est-il un loup pour un chien ? Autant de questions philosophico-comiques posées par Laetitia Dosch dans son premier film derrière la caméra.

La quadragénaire rousse s’est également réservée le rôle principal, celui de l’avocat de Cosmos, le criminel. Faut-il écrire « criminel », d’ailleurs ? Le mot est inapproprié pour désigner ce courageux toutou dont le « crime » est d’avoir mordu au visage Lorene, une gouvernante portugaise et compagne de Dariuch, le maître malvoyant du Cosmos. Dans la vraie vie, comme cette histoire un peu folle porte de sérieuses graines, le cabot a été piqué sans sommation et sans émotion, malgré une pétition demandant la clémence. Pour faire dériver son film vers la farce surréaliste, la réalisatrice choisit donc d’assimiler le cabot non plus à une chose, comme c’est toujours le cas dans le Code civil, mais à une personne en pleine possession de ses moyens et, comme l’annonce le titre transparent cela, pour faire un procès au chien. Accusé, allongez-vous !

La relation ambiguë entre l’homme et l’animal faisait déjà l’objet d’un spectacle fantastique de Laetitia Dosch, Hâte (2018), un inquiétant duo femme-cheval dans lequel l’actrice chevauchait Corazon de la manière la plus simple – comme Lady Godiva – et dialoguait avec ce compagnon de substitution, dont elle tombait amoureuse, au point de simuler un accouplement dans l’intimité d’un Tente Quechua. “Qu’est-ce que l’amour? Qu’est-ce que détester ? nous confia-t-elle alors. La frontière est mince entre les deux sentiments. Nous aimons la nature mais nous la détruisons. Nous risquons même d’en mourir. On veut vivre avec un chat mais on lui coupe les couilles pour qu’il ne fasse pas pipi partout. Nous mangeons des animaux que nous trouvons trop beaux. De drôles de façons d’aimer. »

L’actrice-réalisatrice franco-suisse en connaît beaucoup sur la faune sauvage et la faune domestique. Elle a passé son enfance entourée d’animaux morts : des chiens, des chinchillas, des pies, un renard fennec, le tout empaillé par son oncle taxidermiste, propriétaire de la célèbre boutique Claude Nature, boulevard Saint-Germain. Le grand-père, quant à lui, était ornithologue. Il a rapporté de ses voyages pas moins de dix mille nids et autant d’œufs, vidés et conservés dans des caisses et alignés sur un mur du grand appartement parisien où vivaient ensemble trois générations.

Un casting d’humoristes incroyables

Si Le procès du chien met à l’épreuve le spécisme, cette vision du monde postulant la supériorité de l’être humain sur les animaux, il le fait avec une énergie folle et très peu conventionnelle, pas du tout apprise. “La Dosch”, comme à son habitude, se donne à fond pour incarner cette Valkyrie du bar et maintenir un rythme effréné (quatre-vingts minutes chrono) qui nous épargne, avec de belles ellipses, les lenteurs de la justice et de certains films de procès. Elle est bien aidée par son casting d’humoristes incroyablement drôles : à l’autre bout de la laisse, François Damiens est hilarant et stupide et de premier ordre, tout comme Jean-Pascal Zadi, un entraîneur diplômé d’État que l’avocat glissera accidentellement dans son lit. . Sorte d’Éric Zemmour en jupe, le personnage d’Anne Dorval est une caricature de populiste (national) bas de gamme qui vous fera frissonner de rire.

A mi-chemin d’un festival où les occasions de poilade n’honorent pas les écrans, les efforts de Laetitia Dosch pour parler avec légèreté de sujets sérieux nous ont semblé valoir leur pesant de croquettes.

r Le procès du chien, de Laetitia Dosch (France, 1h23). Avec Laetitia Dosch, François Damiens, Jean-Pascal Zadi, Anne Dorval. Un certain Regard. Sortie le 11 septembre 2024.

 
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