Grand format Pour travailler l'anglais, ces lycéens de Mortagne-au-Perche font comme au cinéma

Vendredi 19 avril le lycée Jean-Monnet de Mortagne-au-Perche (Orne) a accueilli des ateliers sur l'écriture, l'image et la voix off, orchestrés par une équipe d'adultes.

Maxence, Cornélie, Kyla, Clarisse
Maxence, Cornélie, Kyla, Clarisse ©Jeanne Morcellet

Le projet était vaste, généreux et pédagogique : éduquer à l’image et au son cinématographiques à travers la projection et la compréhension de films et documentaires des années 70/80 tout en éprouvant son anglais. Dans le cadre de son mémoire sur l’éducation à l’image, Guy Desbouillons, le directeur de la médiathèque de Mortagne-au-Perche (Orne), a présenté douze films en février dernier au cinéma Etoile puis au lycée Jean-Monnet aux élèves de terminale de l’établissement en axant sa sélection sur la voix off.

Trois ateliers

Vendredi 19 avril 2024, ils ont été une petite vingtaine de volontaires à œuvrer avec sérieux, bonne humeur et fantaisie à trois ateliers différents pour étudier la voix, la traduction, l’image, dans le cadre de leurs cours d’anglais. Ils ont manié la radio, la caméra, exprimé des idées et des sentiments en langue anglaise, bref ils ont été les acteurs de leur vie créative ce jour-là.

Les bonnes volontés

Pour mener à bien son projet, Guy Desbouillons était accompagné des meilleurs volontés et talents : les deux enseignantes d’anglais Anne Devannes et Héloïse Radigue avec qui il travaille depuis les débuts, Catherine Depoilly, professeure-documentaliste au lycée et sa propre fille Loïcia Desbouillons, chanteuse, musicienne et ancienne de Jean-Monnet, forte de trois ans d’expérience au club radio.

Rodrigue, Titouan, Guy et des figurants
Rodrigue, Titouan, Guy et des figurants ©DR

Si Guy, Anne et Héloïse chapeautaient chacun un atelier, Catherine officiait à la radio pour toutes les voix à enregistrer quand Loïcia Desbouillons proposait ses services : « Je suis là pour les aider à placer leur voix, leurs mots, à utiliser le matériel son. Je leur donne des pistes, leur propose des détails à imaginer en s’inspirant des références ».

Une expérience unique

Dans un établissement calme et coloré, vaste et lumineux, les dix-neuf élèves volontaires ont donc participé à une expérience unique et collaborative. Par groupe de trois ou quatre, ils ont travaillé l’image et le son, écrit et traduit en langue anglaise leurs scénarios et dialogues, filmé leurs plans et leurs scènes imaginées au préalable en se réappropriant des histoires et en inventant des fictions à partir d’une thématique précise.

Un dialogue en anglais

Le premier atelier, sous la direction de Guy Desbouillons, devait reproduire un long plan extrait du film Annie Hall de Woody Allen, en recréant un dialogue en anglais, puis en filmant la scène dans le hall de Jean-Monnet, avec l’utilisation d’une caméra semi-professionnelle, d’un projecteur, d’un chariot, d’un micro-cravate et de figurants.

Sur fond de contraste entre deux individus, l’un jovial et l’autre angoissé, qui s’approchent au fur et à mesure de l’objectif tout en parlant sans discontinuer, six lycéens ont joué le jeu et articulé, tout en marchant, trois dialogues en langue anglaise, des dialogues qui avaient été écrits le matin même.

Julie et Mélissandre
Julie et Mélissandre ©DR

Loin de la voix off cette fois-ci, l’idée était de porter la voix haut et fort, dans un dialogue éblouissant et drôle. Melissandre Rotrou garde un excellent souvenir de la journée : « C’est une expérience que j’ai beaucoup aimée. Ce que j’ai vu m’a beaucoup appris sur le cinéma des années 70 et 80 et cela a participé à mieux me connaître moi-même et à en apprendre aussi sur mon amie Julie. Enregistrer sa voix en anglais à la radio a été très enrichissant ; c’est un peu surprenant, surtout en langue anglaise, mais ça a été je crois, j’espère que ça a bien rendu ».

À pied ou à vélo

Le deuxième atelier, sous la houlette d’Anne Devannes, reprenait le principe du film The Girl Chewing Gum de John Smith : alors qu’une voix semble diriger des acteurs sur un plateau de tournage, il s’agit en fait d’images documentaires avec de vrais passants dans une rue de Londres.

Lucie, Oriane, Emma avec Anne
Lucie, Oriane, Emma avec Anne ©DR

Sur une petite séquence tournée à Paris, dans le XIXe arrondissement, qui montre aussi des passants à pied ou à vélo, les élèves devaient s’approprier les images parisiennes et inventer des voix off en anglais bien sûr. Avec des enregistreurs zoom et des micros, ils ont calé à la seconde près leurs phrases sur les images.

Les bruits parasites

Iwen Salou, qui faisait partie des six lycéens, confie : « Ça a été une belle expérience, amicale et intense. Au final nous sommes très satisfaits de ce que nous avons rendu. Mais ça a été plus difficile que ce que nous avions imaginé au départ. Le temps était très compressé, nous n’avions que 5 secondes pour dire plusieurs phrases, et pas le droit de dépasser d’une seconde ! Alors il a fallu faire des choix mais nous avons quand même réussi à ajouter notre petite touche personnelle ».

Travailler en groupe

Nathanael Ronfard confirme : « C’était une expérience nouvelle et originale, ça donnait vraiment envie de s’y mettre, c’était un atelier plutôt joyeux. Il fallait coller à la chorégraphie. Le brainstorming, c’était le matin, et l’enregistrement où l’on s’est bien amusé l’après-midi. Et puis on a appris à travailler en groupe, à se confronter à un sujet, à travailler de manière ludique, en évitant tous les bruits parasites ».

Le dernier atelier, placé sous l’autorité d’Héloïse Radigne, a convié une séquence du film Toute ta beauté du sang versé, de Laura Poitras, un portait de la photographe Nan Goldin.

Photos personnelles

L’idée était pour les cinq lycéennes participantes d’apporter des photos personnelles, d’enregistrer des interviews à travers lesquelles elles racontaient l’envers du décor de leurs photos. Puis elles devaient écrire et traduire un récit autobiographique à plusieurs voix qu’elles ont, in fine, enregistré au studio radio du lycée.

Maxence, Cornélie, Kyla, Clarisse
Maxence, Cornélie, Kyla, Clarisse ©DR

Cornélie Vincent se rappelle bien le plaisir qu’elle a éprouvé lors de cette journée de travail : « J’ai trouvé ça cool qu’on nous donne accès à ça, à faire du cinéma, c’était chouette. J’ai beaucoup apprécié la journée, voir ce qui peut se passer derrière un film. On a appris à se mettre dans la peau d’un acteur, d’un réalisateur, on nous a montré des métiers qui sont dans l’ombre aussi du cinéma. Et puis, j’ai vu comment on prend le son et l’image, ce qui est assez extraordinaire surtout quand on habite à Mortagne. Enfin j’ai vu l’importance du travail collectif, car pour avancer, il faut être en accord avec tout le monde. »

S’évader une journée

Au lycée Jean-Monnet, les élèves ont travaillé hors temps scolaires le 19 avril. Un travail collectif, artistique, littéraire et instructif qui leur a peut-être permis de s’évader ne serait-ce qu’une journée des révisions pour le bac.

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