Economie circulaire : pourquoi Scop3 pivote et lève 5,2 millions d’euros - lepolitique.net

Economie circulaire : pourquoi Scop3 pivote et lève 5,2 millions d’euros

A l’origine, la startup Scop3, fondée en 2021 par Frédéric Salles (ancien fondateur de Matooma) et Sophie Contreras-Scantamburlo à Montpellier, proposait une plateforme permettant de donner seconde vie aux équipements professionnels (mobiliers de bureaux, ordinateurs, lampes, machines à café, etc.) dont les entreprises veulent se débarrasser sans savoir qu’en faire et qui finissent souvent par dormir dans un lieu de stockage avant d’être jetés. La démarche prônait des achats responsables pour générer des certificats d’économie carbone. Le modèle économique reposait alors sur deux modes de rémunération : un abonnement mensuel à la plateforme et un pourcentage sur les transactions.

Mais à l’épreuve du marché, les choses ont évolué et la startup a pivoté : du Vinted du mobilier de bureaux, elle bascule vers un concept qui se rapproche davantage du Back Market du mobilier de bureaux…

« Au départ, nous pensions revendre du mobilier et des équipements de bureau sur une plateforme en ligne, mais on s’est aperçu il y a un an que le besoin des entreprises n’est pas là, explique Frédéric Salles. Ce qu’elles veulent, ce n’est pas acheter directement du mobilier reconditionné ici ou là, mais faire aménager leurs espaces avec du mobilier reconditionné dont l’état a été vérifié par un tiers. Nous avons donc noué des partenariats avec des usines de reconditionnement de mobilier en France, et avec des fabricants de mobilier, comme Fermob, dont le problème est d’avoir beaucoup de mobiliers neufs mais invendus ou déclassés et pas de débouché. Nous avons aussi noué des partenariats avec des fabricants français qui font du mobilier éco-conçu. Aujourd’hui, une entreprise qui souhaiterait se débarrasser de son mobilier ne peut plus le mettre sur notre plateforme, nous l’envoyons vers un reconditionneur, un peu comme Back Market le fait pour du matériel électrique ou électronique… »

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Digitaliser pour rendre scalable

De fait, le modèle économique de Scop3 a changé : il est désormais basé sur la marge réalisée sur chaque projet d’aménagement, « vendu entre 2.000 et 100.000 euros », précise le dirigeant, qui annonce un chiffre d’affaires 2023 supérieur à 1 million d’euros. Mais pour développer ce nouveau modèle, la startup a besoin de financement. Après une première levée de fonds de 1,8 millions d’euros en 2022, elle vient d’en boucler une seconde de 5,2 millions d’euros, auprès de ses investisseurs historiques (la société d’investissement de Frédéric Salles NGB Invest, Irdi Soridec et le groupe Nicollin) mais aussi de Sofilaro (société d’investissement du groupe Crédit Agricole du Languedoc) et du fonds d’investissement ARIS Occitanie (société d’investissement en fonds propres et quasi-fonds propres, satellite de la Région Occitanie).

« Depuis un an, le service d’aménagement de bureaux, au rythme d’environ 50 projets par mois, travaille manuellement et si on veut le rendre scalable, il faut digitaliser le process et inclure de l’intelligence artificielle, d’où cette levée de fonds, explique Frédéric Salles. Quand on veut concevoir un aménagement, l’entreprise doit définir les espaces à aménager, les usages, le nombre de salariés et l’ambiance qu’elle veut donner. Nous avons constitué une grosse base de données de mobiliers disponibles et l’objectif, c’est que notre plateforme digitale fasse une première proposition d’aménagement au client, au lieu de le faire à la main projet par projet. Ensuite, le client pourra faire ajuster son projet en temps réel, au départ par nos équipes, et à terme le faire lui-même directement sur la plateforme. »

Scop3 veut internaliser le développement de cette plateforme et recrute un directeur informatique ainsi que, d’ici la fin d’année, une équipe d’une dizaine de personnes qui seront basées à son siège social à Pérols, près de Montpellier. La startup, qui compte aujourd’hui douze salariés, veut également recruter cinq personnes sur les fonctions support et commerciales, et créer une agence avec showroom à Paris (elle commencera la recherche d’un local en septembre, après les JO…).

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Les bases de vie sur les chantiers de BTP

Scop3 revendique déjà de nombreux clients : le Crédit Agricole, Orange Toulouse, des PME, Septeo, IoTerop, Enerfip, DevENR, Arkolia, la Région Occitanie, ACM Habitat, Grand Paris Aménagement, le groupe Partouche, les nouvelles agences du groupe Nicollin évidemment, ou des associations comme la Croix-Rouge ou l’Unicef. Mais aussi des entreprises du BTP : « Quand elles font des chantiers, elles installent des bases vie dans des Algeco qu’il faut équiper et ça les intéresse de passer par nous. Par exemple, nous avons équipé toutes les bases vie du chantier de la nouvelle ligne de métro de Toulouse ou celles du chantier Eiffage de Montpellier Business School dans le quartier Cambacérès à Montpellier », détaille Frédéric Salles.

Un choix auquel le dirigeant prête deux vertus : des économies carbone à faire valoir dans un bilan RSE et des économies financières « de 20 à 50% selon les marques de mobilier utilisées ».

« Il y a deux ans encore, 18 millions d’équipements étaient mis à la benne chaque année et 0,4% seulement étaient reconditionnés, mais les usines de reconditionnement montent en puissance et Scop3 compte bien contribuer à ce mouvement et faire évoluer le marché », promet Frédéric Salles, qui vise les 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et les 20 millions d’euros à cinq ans.

Cécile Chaigneau

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