Nouvelle-Calédonie : Macron apaise avant le vote

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May 13, 2024 7:01 am CET

DON’T BLAME HIM. On trouve vraiment des swifties partout : le directeur de cabinet de Gabriel Attal, Emmanuel Moulin, était hier soir en bonne place au dernier concert parisien de sa “Queen” Taylor Swift, à La Défense Arena, comme il en a témoigné sur son compte X. Certes, la semaine s’annonce chargée pour l’exécutif, entre le sommet Choose France (on vous en parle plus bas), le début de l’examen du projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie à l’Assemblée (on vous en parle aussi), l’arrivée du texte sur la fin de vie en commission spéciale (on vous en parle évidemment) et les annonces de Gabriel Attal sur l’assurance chômage, vendredi. Que ceux parmi vous qui n’ont jamais décompressé les bras en l’air sur Shake it off lui jettent la première pierre… Bonjour à tous, nous sommes lundi 13 mai 2024.

NOUVELLE-CALÉDONIE

L’ASSEMBLÉE VOTE, MACRON TEMPORISE. Le projet de loi constitutionnelle pour la Nouvelle-Calédonie doit être examiné aujourd’hui et voté demain à l’Assemblée. Mais même en cas d’adoption dans les mêmes termes que le Sénat, le Congrès, nécessaire pour valider définitivement une réforme constitutionnelle, “ne serait pas convoqué dans la foulée”, a fait savoir l’entourage d’Emmanuel Macron.

L’Elysée inquiet. Les tensions suscitées par ce texte dans l’archipel ont obligé le chef de l’Etat à prendre l’initiative hier et à inviter “l’ensemble des représentants” à Paris pour y rencontrer le gouvernement. En précisant qu’il ne convoquera pas le Congrès immédiatement, l’exécutif veut donc donner du temps au dialogue entre l’ensemble des parties néo-calédoniennes.

Corps et désaccords. Le PJLC prévoit d’élargir le corps électoral, “gelé” depuis 1998, pour les élections provinciales prévues fin 2024. Cette réforme ouvrirait les listes électorales à de nouveaux résidents. Mais cela “minorer[ait] encore plus le peuple autochtone kanak”, aux yeux des indépendantistes.

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Calendrier serré. Le chef de l’Etat a-t-il renoncé à convoquer le Congrès en juin (les dates des 17 et 24 juin étaient envisagées la semaine dernière à l’Elysée comme Playbook vous l’écrivait ici) ? Pour rappel, la réforme doit être adoptée avant sa date d’application contenue dans le texte, c’est-à-dire le 1er juillet. Interrogé par votre infolettre hier, un proche du président s’en est tenu à la stratégie du flou.

Entre deux. “L’engagement, c’est de ne pas convoquer le Congrès dans la foulée alors que les loyalistes le souhaitent ardemment dans l’instant et que les indépendantistes souhaiteraient qu’il ne le soit jamais”, nous écrivait-il.

En force. Cette communication présidentielle est une façon de tenter de calmer le jeu. La principale critique émise contre l’exécutif est en effet de vouloir brusquer les choses en modifiant le corps électoral sans qu’un accord global n’ait été trouvé entre les différents acteurs sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

ATTENTION AU PIÈGE. Avant même un Congrès, les embûches parlementaires ne manqueront pas. Le texte fera l’objet cet après-midi d’une motion de rejet préalable — tout comme le projet de loi agricole demain.

Mauvais souvenir. Celle-ci a peu de chance d’être adoptée. Lors de son examen en commission, le projet de loi constitutionnelle est passé avec les voix de la majorité, du RN et de LR. Mais l’exécutif se tient sur ses gardes depuis l’adoption d’une motion de rejet sur son texte immigration en décembre. C’est la présence des députés dans l’hémicycle au moment du vote d’une telle motion qui sera déterminante cet après-midi. La majorité devra ensuite rester vigilante lors de l’examen des quelque 200 amendements déposés sur le texte.

“Mal embarquée.” “La méthode du gouvernement produit du dissensus et des tensions” dénonçait hier, au téléphone avec Playbook, le socialiste Arthur Delaporte qui défendra la motion de rejet à la tribune aujourd’hui. Pour le député, l’initiative du président montre que l’Elysée “se rend peut-être compte que leur affaire est mal embarquée”.

Appel à Attal. On entend ces derniers jours se multiplier les demandes d’une reprise en main du dossier par le PM, au détriment de Gérald Darmanin. Trois ex-locataires de Matignon, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et Edouard Philippe, ont fait cette proposition lors de leur audition par la commission des Lois. Les présidents des groupes socialistes au Sénat, Patrick Kanner, et à l’Assemblée, Boris Vallaud, ont eux aussi appelé à une intervention de Matignon dans une lettre adressée à Emmanuel Macron mardi dernier.

CHOOSE FRANCE

MILLÉSIME. Les conseillers de l’Elysée en frétillent d’avance depuis plusieurs jours : la 7e édition de Choose France s’annonce comme un “cru exceptionnel”, pour reprendre l’expression utilisée par l’un d’entre eux lors d’un briefing avec des journalistes hier .

Jugez plutôt : les 180 patrons présents aujourd’hui au château de Versailles vont annoncer au total plus de 15 milliards d’euros d’investissements en France (contre 13 l’an passé), selon les chiffres fournis par la présidence.

Guest list. Les entreprises qui vont mettre le feu à “Tchouze”, comme on dit à l’Elysée et à Bercy : Microsoft (4 milliards d’euros annoncés par son patron), Amazon (1,23 milliard d’euros, 3000 emplois), FertigHy (1,23 milliard d’euros également), Pfizer (500 millions d’euros). Mais aussi AstraZeneca, GSK, IBM, Novartis, ou encore Equinix.

Les secteurs concernés par ces annonces : la santé, l’intelligence artificielle et le quantique, ou encore les industries de la décarbonation.

Heureux élus. Le chef de l’Etat accordera des entretiens bilatéraux aux patrons de Novartis, d’AstraZeneca, d’ArcelorMittal et de Svolt.

Et après ? Une fois passé le temps des annonces, quel est le suivi apporté au déploiement des projets par le gouvernement ? Mes collègues de Paris Influence se sont posé la question et y répondent ici (payant).

PROJET DE LOI FIN DE VIE

DÉBAT SUR LES TERMES. Après six jours d’auditions et de tables rondes, la commission spéciale de l’Assemblée sur le projet de loi pour la fin de vie commence cet après-midi à examiner les articles sur lesquels près de 1900 amendements ont été déposés. Cela devrait prendre toute la semaine.

Les critères d’éligibilité seront au coeur d’une bonne partie des débats entre les 71 élus de la commission. Autrement dit, les conditions qui permettront d’avoir accès à une aide à mourir. Le texte prévoit notamment que le patient devra être atteint d’une maladie “grave et incurable engageant son pronostic vital à court ou moyen terme”.

A préciser. Or, la définition du “moyen terme” s’avère floue et peu opérationnelle aux yeux de plusieurs députés, dont Olivier Falorni. Le rapporteur du texte a déposé un amendement pour supprimer les mots “à court ou moyen terme”. “Je ne voudrais pas que des médecins refusent de se prononcer sur une aide à mourir car ils estiment ne pas être capable de définir un pronostic vital à ‘moyen terme𝄒”, nous détaillait Falorni hier soir

Autres sujets qui devraient animer les débats : la notion même de l’aide à mourir (des élus communistes, LR et RN y voyant une loi sur l’euthanasie ou le suicide assisté), les dispositions concernant les personnes autorisées à administrer la dose létale, ou encore le rôle des directives anticipées dans le cadre d’une demande d’aide à mourir (vous en saurez plus ici).

Semaine chargée. La ministre de la Santé Catherine Vautrin entend siéger en commission le plus possible tout au long de l’examen du texte. Mais celle qui s’occupe aussi du portefeuille du Travail sera par ailleurs accaparée par le sujet de l’Assurance chômage. Le Premier ministre dévoilera à ses côtés les contours de sa réforme “en fin de semaine”, selon Matignon. Celle-ci vise à durcir les conditions d’accès aux indemnités chômage.

ÉLECTIONS EN CATALOGNE

LES INDÉPENDANTISTES RECULENT. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez avait enfin le sourire hier. Le Parti socialiste catalan a remporté les élections pour le Parlement de Catalogne, avec 28 % des voix et 42 sièges (sur 135). Le parti affilié au PSOE de Sánchez, tentera de former un gouvernement de coalition autour de lui.

Perte de contrôle. Les indépendantistes avaient, eux, la mine des mauvais jours. Ils tombent de 74 à 61 sièges, perdant ainsi la majorité. Ils n’ont jamais été aussi peu représentés au Parlement de la région autonome.

Balle dans le pied. C’est le président indépendantiste actuel de Catalogne, Pere Aragonés (ERC, indépendantistes de gauche) qui avait convoqué ces élections après que sa coalition avec Junts (les indépendantistes de centre-droit), le parti de Carles Puigdemont, avait volé en éclats.

Ingouvernable ? Mathématiquement, la gauche pourrait gouverner. Selon les derniers résultats quasi-définitifs, la coalition réunissant le PSC, ERC et Comuns (gauche radicale) serait majoritaire d’un siège. Cependant rien ne dit qu’ERC serait prêt à mettre fin à l’alliance des indépendantistes au profit d’une alliance des gauches.

Par la barbichette. Puigdemont n’a pas dit son dernier mot. Celui dont le soutien est essentiel au plan national pour la survie du gouvernement Sanchez a demandé aux socialistes de le laisser former un gouvernement minoritaire en Catalogne. Cela promet de vives discussions. Un échec des négociations mènerait à de nouvelles élections. Plus d’informations ici en anglais.

AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron se rend à l’usine McCain de Matougues (Marne) et au siège de Microsoft à Issy-les-Moulineaux en préalable du sommet Choose France. Il passe l’après-midi à ce rendez-vous de l’attractivité française au Château de Versailles. A son programme : plusieurs tables rondes à partir de 15 heures, discours en introduction de la session plénière à 19h10 et dîner de travail à 20h30.

Gabriel Attal inaugure le nouveau bureau de la banque Morgan Stanley à Paris à 10 heures, il rencontre Taavi Madiberk, PDG de Skeleton, à 11h30 puis Quincey James, PDG de The Coca Company à midi à Versailles. Il préside le déjeuner offert aux patrons présents au sommet Choose France en présence de plusieurs ministres, dont Bruno Le Maire, et de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. Gabriel Attal s’entretient ensuite avec Mark Carney, président de Bloomberg. Il participe au meeting de Valérie Hayer à Lyon à 19 heures.

Bruno Le Maire s’entretient avec plusieurs patrons présents au sommet Choose France dont Brad Smith, le président de Microsoft, et Lakshmi Mittal, président de Mittal. Il participe au dîner de l’Eurogroupe à 20 heures à Bruxelles. Nicole Belloubet est à Bruxelles dans le cadre du Conseil européen “Education, jeunesse, culture et sport”.

Assemblée nationale : en séance publique à 16 heures puis 21h30, discussion sur le rapport de la CMP sur la PPL améliorant l’efficacité des dispositifs de saisie et de confiscation des avoirs criminels et examen du projet de loi constitutionnelle adopté par le Sénat sur la modification du corps électoral en Nouvelle Calédonie. A 16 heures puis 21 heures, début de la discussion sur le PJL fin de vie par la commission spéciale chargée de son examen.

Renaissance : Valérie Hayer est en déplacement à Lyon jusqu’au 14 mai. Elle visite le SEPR l’Ecole des métiers à 15h30 avec Ambroise Méjean. Elle tient un meeting aux Dock Circus à 19 heures avec Gabriel Attal et Ambroise Méjean.

LFI : Manon Aubry et François Ruffin se rendent à 15h30 à la rencontre des salariés de l’usine Metex d’Amiens, menacés de licenciements. Avec Marina Mesure et Anthony Smith, ils tiennent un meeting à Mégacité à Amiens, à 19 heures

PS : Raphaël Glucksmann est à Limoges pour un meeting au Parc des Expositions avec Olivier Faure à 18h30.

LR : le parti organise “la Nuit de l’Ecole” à Paris consacrée à la refondation du système scolaire en présence d’Eric Ciotti et François-Xavier Bellamy à La Compagnie 1837 à 18h30.

Reconquête : Marion Maréchal présente son programme, lors d’une conférence de presse à Paris.

MATINALES

7h10. RMC : Franck Asparte, ténor.

7h15. France 2 : Géraldine Moinard, directrice de la rédaction Le Robert.

7h30. Public Sénat : Philippe Tabarot, sénateur LR des Alpes-Maritimes.

7h40. France 2 : Bruno Le Maire, ministre de l’Economie … RTL : Valérie Hayer, tête de liste Besoin d’Europe aux élections européennes … RMC : Olivier Falorni, député Modem de Charente-Maritime, rapporteur de la commission spéciale sur la fin de vie.

7h45. Franceinfo : Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer … Radio J : Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français établis hors de France.

7h50. France Inter : Dua Lipa, chanteuse.

8h00. Public Sénat : Léon Deffontaines, tête de liste PCF aux élections européennes.

8h10. TF1: Matthieu Valet, candidat RN aux élections européennes … Europe 1/CNEWS : Manon Aubry, tête de liste LFI aux élections européennes … RMC : Daniel Riolo, consultant RMC.

8h15. France 2 : Jean-Philippe Leclaire, directeur adjoint de la rédaction de L’Equipe … Radio Classique : Raphaël Gaillard, membre de l’Académie française.

8h20. France Inter : Pascal Canfin, candidat Besoin d’Europe aux élections européennes … RFI : Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et Dorian Dreuil, politologue à la fondation Jean Jaurès … LCI : Thierry Mariani, candidat RN aux élections européennes.

8h30. Franceinfo : Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie … BFMTV/RMC : Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur … Sud Radio : Malika Sorel, candidate RN aux élections européennes.

CARNET

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Choose France : une édition record, et après ? Le cas ProLogium … Notre bilan à chaud du lobbying en 2023 … Renaissance enrôle une poignée de lobbyistes sur sa liste des européennes. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.

DANS LE JORF. Nathalie Picot est nommée conseillère parlementaire et Sophie Sarraute conseillère éducation et jeunesse de Gabriel Attal. Omar Keita remplace Nadia Fanton au poste de conseiller Afrique et agenda transformationnel au cabinet de Stéphane Séjourné.

Françoise Dumas est nommée présidente de la commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis en remplacement de Jean-Marie Bockel.

MÉTÉO. Des éclaircies à Versailles pendant le sommet Choose France.

ANNIVERSAIRES : Gilles Le Gendre, député Renaissance de Paris … Jacqueline Maquet, députée Renaissance du Pas-de-Calais … Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe … Yves Veyrier, ex-secrétaire général de FO … François Pillet, membre du Conseil constitutionnel … David Martinon, ambassadeur de France en Afrique du Sud … David Taupiac, député Liot du Gers … Michel Sala, député LFI du Gard … Emeline K/Bidi, députée GDR de la Réunion.

PLAYLIST. What Is This Thing Called Love ? chanté par Helen Merrill en 1965.

Un grand merci à : Paul de Villepin, nos éditeurs Matthieu Verrier et Pauline de Saint Remy, Vladimir Benlolo pour la veille et Seb Starcevic pour la mise en ligne.

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Playbook Paris