9 sites touristiques « oubliés » à redécouvrir

De temps à autre, en juin, un troupeau de brebis transhumant passe tout près, en route vers le col d’Allos. Sinon… rien. Le Poil est l’archétype du hameau perdu, vaincu par la désertification rurale – il compta jusqu’à 300 habitants au 19ème s. Trop loin, trop pauvre, trop isolé, à 1 200 mètres d'altitude. Et pourtant si splendide ! Planté au milieu de versants et de rochers calcaires, Le Poil et son unique maison debout sont à 45 mn de piste de leur commune d’affiliation, Senez, à 55 mn par la route ! Un lieu génial pour pique-niquer un week-end ou randonner au grand air, avec l'âme d'un aventurier. 

Ouvertes au public à la fin du 19ème s. par les meuniers qui exploitaient le site, ces gorges et leur cascade de Grésy, aux portes d’Aix-les-Bains, ont connu l’âge d’or du tourisme, avec bateaux navigant dans le canyon et salon de thé, visite de la reine Hortense (mère de Napoléon III), de Lamartine, d’Alexandre Dumas… Las, en 1980, une étude révèle des risques géologiques et l’accès est interdit... jusqu’en 2021. Après des travaux, ce site est à nouveau rouvert autour d’une spectaculaire promenade pédestre et d’une halle muséale. Une expérience inédite au coeur de la Savoie.

Aimantés par les gorges du Verdon, les touristes oublient souvent que le département des Alpes-de-Haute-Provence, peu dense, est une mine de territoires naturels secrets. Ainsi des gorges du Trévans, 30 km au sud de Digne-les-Bains. Ce « Verdon en miniature », désert, offre une plongée sauvage le long et en surplomb de l’Estoublaïsse, un torrent fougueux aux eaux limpides se glissant entre de hautes parois calcaires. Chevreuils, fouines, renards, belettes, sangliers… côtoient ici chamois et aigles royaux, dans un silence étourdissant. Aux premières loges de la nature...

L’un des berceaux de la métallurgie et de la fonderie françaises mérite bien une digression dans ce département de la Haute-Marne, souvent ignoré des visiteurs. Entre Saint-Dizier et Chaumont, cette destination verdoyante a construit son identité depuis le Moyen Âge autour du travail du métal et des hauts fourneaux. Dommartin-le-Franc en est sa petite capitale. Elle abrite Métallurgic Park et le Conservatoire des Arts de la Métallurgie, deux sites ouverts au public et rendant hommage à ce savoir-faire des arts du feu, qui devraient plaire aux grands et aux enfants. 

Une frontière ne se visite jamais aisément. Surtout si son tracé suit une vallée encaissée et boisée difficile à traverser. Ainsi du Doubs entre Morteau et Montbéliard. Passé le Saut du Doubs, site, lui, très touristique, la rivière s’écoule dans un no man’s land splendide mais peu facile d’accès. De ci, de là, des belvédères (comme celui de la Corniche) plongent sur la vallée, des routes humides et étroites dévalent en pleine forêt vers des hameaux frontières « inconnus », La Goule, Goumois, Soubey. Un confins de France mystérieux et ravissant, à tester lors d'un week-end ou de vacances en famille et une belle expérience à saute-frontière.  

Ce petit département n’attire pas les foules. Coincé entre les Vosges, l’Alsace et le Jura, il offre pourtant des motifs d’échappées ou de vacances familials originales. Ainsi du Sungdau belfortain, près du Haut-Rhin. Vers Retrouvance, l’Alsace exerce son influence, avec des maisons à pans de bois. Plus curieux est le secteur des étangs. Au 18ème s. des Mennonites s’y installent. Leurs anciennes fermes rappellent celles qu’ils créeront aux Etats-Unis, où ils s’exilent au 19ème s. Entre Suarce et Faverois, une chapelle et un cimetière évoquent la vie de cette « colonie ». Une belle idée d'escapade.

Certains Parisiens connaissent ce micro-territoire niché dans une boucle de la Seine, près de Pont-Audemer. Un refuge champêtre secret, plat comme le sont tous les marais, strié de chemins humides, de vergers à pommiers et de longères à colombages. Cet espace de 45 km ² est une pépite écologique qui vaut l'expérience. En furetant à pied ou à vélo, à l'occasion d'un week-end ou de vacanaces originales en famille, on découvrira les parcelles agricoles en lanières (les courtils), le marais tourbeux consacré à l’élevage, celui, alluvionnaire, dévolu aux cultures, les maisons à toits de chaume… Bucolique. 

Allez, n’exagérons pas ! Les randonneurs qui fréquentent le Quercy connaissent ce canyon, étendu entre Gramat et Rocamadour. Mais combien sont-ils, comparés aux milliers de touristes qui s’agglutinent l’été dans la cité mariale ? A la foule de Rocamadour succède ici un océan de silence et de nature. Pour rejoindre ce joyau, il faut quitter le village et se hisser en face sur le plateau calcaire. Vient alors la descente dans le ravin, vers ses vestiges de moulins et sa fraîcheur. Quatre heures de « rando » sauvage au plus profond du Lot, un "bon plan aventure" à faire en semaine ou en week-end.  

Voilà un territoire de l’Île de Beauté qui se mérite et dont l’isolement est le gage de sa tranquillité. Au départ de Vico, loin des plages, des calanches ou des villages célèbres de montagne, cet arrière-pays situé "au bout du monde" peut se découvrir lors de vacances originales en famille sur l'île de Beauté, au fil de routes étroites et tordues. Comme la D4 qui, depuis Murzo, file vers le village quasi désert de Muna, le long des gorges vertigineuses du Liamone. On entre ensuite dans le Cruzzini, une micro-région dépeuplée qui résiste autour de son village-phare, Rosazia, à l’église inachevée. Une bonne idée pour découvrir la Corse profonde !