« Biden a encore la possibilité d’être le président qui mettra fin à l'affaire Julian Assange »

Nouvelle étape dans l’acharnement judiciaire contre le journaliste australien Julian Assange, ce lundi. Le cofondateur de WikiLeaks saura probablement dès demain si la Haute Cour de justice entérine définitivement son extradition vers les États-Unis où il est menacé de 175 années de prison.

Publié le 19 mai 2024 Mis à jour le 20 mai 2024 à 13:07

Londres (Angleterre), correspondance particulière.

Kristinn Hrafnsson mâche rarement ses mots. Quelques jours avant l’audience administrative de ce lundi, qui déterminera si Julian Assange, sera extradé immédiatement ou non vers les États-Unis, le rédacteur en chef de WikiLeaks a affirmé sans ambages lors d’une conférence de presse organisée à l’Association de la presse étrangère de Londres : « le processus judiciaire britannique est corrompu ! L’affaire est truquée contre nous. »

À l’origine de sa colère, la décision du 26 mars de deux juges de la Haute Cour de justice britannique d’accorder au département américain de la justice une nouvelle possibilité de légitimer sa demande d’extradition du journaliste australien de 52 ans vers les États-Unis. Alors qu’ils auraient pu rejeter tout bonnement sa demande d’extradition « au moment où elle était en train de s’effondrer face à nos arguments », les juges lui ont demandé d’apporter la preuve que Julian Assange sera « autorisé à invoquer le premier amendement, qu’il n’est pas lésé lors du procès (y compris lors la condamnation) en raison de sa nationalité, qu’il bénéficie des mêmes protections incluses dans le premier amendement qu’un citoyen des États-Unis, et que la peine de mort ne sera pas prononcée ». En effet, les protections apportées par la loi américaine s’appliquent aux citoyens américains, pas aux étrangers.

Assange pourrait être libéré lundi

La courte audience de ce lundi, à laquelle Julian Assange a demandé à participer en personne, servira à débattre des assurances américaines. « Les États-Unis disent que Julian peut tenter d’invoquer le premier amendement devant les tribunaux, mais il appartiendra à ces derniers d’en décider », explique Jennifer Robinson, l’avocate australienne qui suit Julian Assange et WikiLeaks depuis plus de treize ans. « Il ne s’agit donc pas d’une garantie. Cela ne donne aucune assurance sur ce qu’il se passera une fois que Julian sera extradé vers les États-Unis ».

Son équipe juridique étudie donc trois issues potentielles à cette audience, dont le verdict pourrait tomber dès lundi après-midi. Privé de liberté de mouvement depuis décembre 2010, « Julian pourrait être libéré dès lundi », selon son épouse Stella. Jennifer Robinson décrit cette possibilité : « Les juges disposent des plaidoyers des deux parties et ils pourraient tout simplement rejeter la demande d’extradition américaine. La Cour pourrait donc décider de sa libération. »

Une demande auprès de la CEDH

Au regard du comportement des juges depuis le lancement de la demande d’extradition américaine, cette option n’est pourtant pas la plus probable. Stella Assange n’est guère optimiste. « Julian n’est plus qu’à une décision de son extradition. Si les juges lui donnent tort lundi, il n’y aura plus de possibilités d’appel au Royaume-Uni. » Tout pourrait alors aller très vite. « Le calendrier est incertain, mais nous savons que dans d’autres affaires de sécurité nationale ayant fait l’objet d’une extradition vers les États-Unis, la personne a été extradée dans les 24 heures suivant la décision. » Dans ce cas, son équipe juridique demandera à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) d’arrêter l’extradition par une ordonnance, avant de déposer une demande complète.

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Entretien avec Stella Assange, en 2022, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté la presse.

Dernière option, Stella Assange reconnaît que « la Cour peut se décider en faveur de Julian » et lui accorder de se défendre dans le cadre d’un procès en appel. D’ici là, « Julian restera très probablement dans la prison de Belmarsh pendant des mois et des mois ». Plutôt que de voir la campagne électorale américaine perturbée par ce procès, le président américain Joe Biden pourrait alors décider de laisser tomber les charges contre le co-fondateur de Wikileaks, comme il l’a récemment sous-entendu. « Cette affaire est entièrement politique », rappelle Stella Assange. « Le président Biden a encore la possibilité d’être le président qui mettra fin à cette affaire, qui agira dans l’intérêt de la liberté de la presse et du journalisme, plutôt que de permettre ces poursuites très dangereuses qui terniront à jamais la réputation du pays. »

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