Hockey sur glace: Fiala, la pépite de la Nati à Prague
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Hockey sur glace: Fiala, la pépite de la Nati à Prague

Kevin Fiala est l'un des meilleurs hockeyeurs du monde.
Kevin Fiala est l'un des meilleurs hockeyeurs du monde.Image: keystone/shutterstock

Cet ancien «rebelle impertinent» peut mener la Nati au sacre

Kevin Fiala (27 ans) brille au Mondial depuis son arrivée lundi. Cet attaquant extrêmement talentueux, désormais plus mature, fait rêver toute la Suisse.
18.05.2024, 19:0318.05.2024, 19:24
klaus zaugg, prague
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En fait, Uzwil, dans le canton de Saint-Gall, est la capitale secrète du sport suisse. Une jolie histoire – peut-être vraie, peut-être un peu romancée – nous mène à cette conclusion. A la fin des années 1980, Ivan Bencic et Jan Fiala sont tous deux attaquants pour le club de hockey sur glace local, l'EHC Uzwil. Après un match de LNB en demi-teinte, ils s'assoient ensemble autour d'une bière et se promettent mutuellement:

«Nos enfants devront faire mieux que nous dans le sport»

Les deux binationaux suisse et tchécoslovaque ne sont pourtant pas mauvais sur des patins et crosse entre les mains. Ivan Bencic compte tout de même un peu plus de 100 matchs en LNB avec Coire, Herisau, Wetzikon, Ajoie et Uzwil, et même 31 apparitions avec Olten dans l'élite. La carrière de Jan Fiala suit le même chemin: une bonne centaine de rencontres en LNB avec Lyss, Ajoie et Uzwil, ainsi que 29 parties de première division avec Lugano.

Switzerland's Belinda Bencic, right, and her father and coach Ivan Bencic, left, in action during a training session prior to the Fed Cup, World Group, 1st Round, in the Swiss Tennis Arena in Bie ...
La star du tennis Belinda Bencic et son père Ivan.Image: KEYSTONE

Les deux hommes ont parfaitement tenu leur promesse: leurs enfants sont bel et bien allés plus loin qu'eux dans le sport, en étant chacun des stars dans leur discipline respective. Belinda Bencic est championne olympique de tennis et Kevin Fiala compte parmi les hockeyeurs les plus talentueux et les mieux payés au monde. L'attaquant a conduit la Suisse, lundi à Prague, à une victoire grandiose après les tirs au but contre la République tchèque (2-1), lors de laquelle il a marqué un goal et transformé son tir au but. Mercredi, le Saint-Gallois a délivré deux assists lors du succès contre la Grande-Bretagne (3-0) et il a brillé samedi en inscrivant deux buts face au Danemark (8-0). Un carton qui a permis à la Nati d'assurer sa place en quarts de finale.

Mannequin, mer et millions de dollars

Lundi, Kevin Fiala est arrivé à 13h30 à Prague, le jour même de son premier match, en provenance de Los Angeles. Il est l'un des meilleurs attaquants des Los Angeles Kings en NHL. La pourtant sobre NZZ l'a décrit ainsi dans un article:

«Il vit en Californie dans un monde de paillettes, un Sonnyboy comme sorti d'un catalogue de gendres idéaux et mannequins de lingerie: musclé, beau, du côté ensoleillé de la vie. Très fortuné et logeant naturellement dans une maison mondaine au bord de l'eau.»

Les Los Angeles Kings – considérés comme le Hollywood du hockey sur glace – ont engagé Kevin Fiala en été 2022 avec un contrat de sept ans, d'une valeur totale de 55,125 millions de dollars bruts. La récompense de la saison d'une vie: 85 points en 82 matchs, c'est le bilan du double national tchéco-suisse avec le Wild du Minnesota lors de l'exercice 2021/22.

Kevin Fiala, en 2020.
Kevin Fiala, en 2020.image: instagram

Une percée au moment idéal pour Kevin Fiala puisque son contrat dans le Minnesota arrivait à échéance. Son arrivée en Californie ne devait rien au hasard: le Saint-Gallois a eu son mot à dire sur le choix de son prochain employeur. Il avait alors déclaré à la NZZ que le projet de vie californien avait également joué un rôle dans sa décision:

«Je passe mes étés à Zurich et je vais tous les jours dans l'eau, près de la Chinawiese ou au Letten. Maintenant, j'ai la mer à ma porte, que demander de plus?»
Los Angeles Kings left wing Kevin Fiala (22) warms up before the team's NHL hockey game against the Nashville Predators, Wednesday, Jan. 31, 2024, in Nashville, Tenn. (AP Photo/George Walker IV)
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À Los Angeles, Fiala est l'un des meilleurs compteurs.Image: keystone

En 2014, Kevin Fiala participe la même année au Mondial des moins de 18 ans, à celui des moins de 20 ans et au «vrai» Championnat du monde, celui des adultes, à Minsk. Il est seulement le troisième hockeyeur sur toute la planète à réaliser pareil enchaînement. Lorsqu'il s'agit de jouer pour la Nati, il ne refuse jamais. A Prague cette année, l'attaquant des Kings (27 ans) dispute déjà son 9e Championnat du monde, y compris les Mondiaux juniors.

Long chemin vers la maturité

Son talent n'a jamais été remis en question et pourtant, il a dû parcourir un long chemin. Plus jeune, il était considéré comme imbu de lui-même, à la limite de l'outrecuidance. Comme le James Dean du hockey. «Il faut parfois le secouer et le faire sortir de son monde», observait il y a quelques années quelqu'un qui le connaît bien. Le sélectionneur national Patrick Fischer confiait, lui, dans la NZZ:

«Kevin a dû devenir plus intelligent sur le plan émotionnel. Il peut être très impulsif, avec des émotions qui partent dans tous les sens. Il était souvent rapidement frustré parce qu'il se mettait beaucoup de pression. Cela l'a freiné, il lui manquait de la constance. Mais il a gagné en maturité et a montré quel joueur incroyable il est.»

Ce ne sont jamais les plus mauvais fruits qui sont rongés par les guêpes... À 14 ans, Fiala passe d'Uzwil aux juniors des ZSC Lions et, à 16 ans, il part pour la Suède. L'ancien attaquant du CP Berne Andreas Johansson le connaît pour avoir travaillé avec lui au HV71, club de première division suédoise. Il avait reconnu au jeune Saint-Gallois un potentiel «haut comme le ciel» dès les juniors. Avec, toutefois, une marge de progression: «Il doit encore beaucoup apprendre. Surtout mentalement. Il faut du temps pour devenir adulte».

Switzerland's forward Kevin Fiala, left, talks with Patrick Fischer, head coach of Switzerland national ice hockey team, during a Switzerland team training session at the IIHF 2023 World Champion ...
Le sélectionneur suisse Patrick Fischer (à droite) le confirme: Kevin Fiala (à gauche) a mûri.Image: keystone

Même après son passage en NHL, en 2015, Kevin Fiala est resté un peu rebelle. Au début de sa carrière outre-Atlantique, il est envoyé par Nashville en AHL, la division inférieure, où il ne marque pas pendant onze matchs. Frustré, il se fait alors l'auteur d'un coup de sang et est suspendu pour deux matchs. Le Saint-Gallois est alors jeune, sauvage, impatient. Ses fluctuations de performances sont tristement célèbres. «Mes hauts étaient très hauts et mes bas très bas», reconnaîtra-t-il plus tard.

Mais la star de la Nati s'est calmée et a gagné en constance. Il vient de boucler sa dixième saison en Amérique du Nord (plus de 500 matchs et 450 points), où il a comptabilisé deux fois de suite plus de 70 points chez les Kings. Statistiquement, seul Roman Josi a atteint ces sphères jusqu'à présent.

Un papa apaisé

C'est certain: Kevin Fiala est devenu plus calme, plus mature et a même découvert l'art de la méditation. La vie sourit à l'ancien rebelle. Il a épousé sa petite amie suédoise de longue date, Jessica Ljung, et vient de devenir père d'une fille, Masie-Mae. Un autre parallèle avec Belinda Bencic, qui fait actuellement une pause bébé.

Kevin Fiala avec son épouse et leur petite fille, mi-mai.
Kevin Fiala avec son épouse et leur petite fille, mi-mai.image: instagram

De nombreux experts estiment que le Saint-Gallois n'a pas encore atteint sa limite de performance. Même son palmarès est inachevé: pas encore de Stanley Cup ni de titre de champion du monde. En 2018, il avait raté une occasion en or lors de la prolongation de la finale contre la Suède. S'il l'avait concrétisée, il aurait été sacré avec la Suisse.

Mais ce qui n'est pas peut encore devenir. Déjà à Prague.

Adaptation en français: Yoann Graber

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