Elle est connue pour son rôle de mécène, mais Gertrude Stein était également une écrivaine emblématique. Connue pour son style expérimental et son salon parisien fréquenté par les plus grands artistes de son époque, Stein a laissé un héritage durable dans la littérature et dans l'art.
Plus qu’une collectionneuse et mécène, Gertrude Stein était une figure multifacette de l'avant-garde artistique parisienne du XXe siècle. Écrivaine, poète et mécène américaine, elle est née le 3 février 1874 à Allegheny, en Pennsylvanie, et est décédée le 27 juillet 1946 à Paris.
Voici cinq aspects essentiels de sa vie et de son œuvre qui ont marqué la culture.
Née aux États-Unis, elle a quitté son pays natal à la suite d'une déception amoureuse et a trouvé refuge à Paris en 1904, alors âgée de 29 ans. Ce changement géographique a marqué un tournant décisif dans sa vie. À Paris, elle s'est épanouie en tant que poétesse, romancière et dramaturge, rejoignant ainsi l'effervescence artistique du quartier de Montparnasse du début du XXe siècle.
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Son appartement du 27 rue de Fleurus est devenu un lieu emblématique de la vie intellectuelle et artistique de Paris. Les samedis soir à 21h, son salon, qu'elle partageait avec son frère, accueillait des personnalités telles que Picasso, Matisse, Hemingway et Fitzgerald. Contrairement aux salons formels de l'époque, celui de Gertrude Stein était caractérisé par une atmosphère décontractée et propice à des discussions ouvertes et animées. Tous les artistes parisiens s’y pressaient, ainsi que les étrangers. Grâce à ce salon avant-gardiste et aux échanges et collaborations qui y ont pris place, Gertrude Stein a sans conteste participer au développement de nouvements mouvements artistiques et littéraires.
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Accompagnés du marchand Amboise Vollard, Leo et Gertrude Stein ont amorcé leur voyage dans le monde de l'art moderne, guidés uniquement par leurs goûts esthétiques et non par des spéculations financières. Ils ont commencé leur collection de peintures avec l'acquisition de la Femme au chapeau de Matisse lors du Salon d'automne en 1905. Gertrude Stein défend l’art moderne, notamment les cubistes et surtout Picasso, alors que son frère reste plus traditionnel. Elle devient très vite l’une des plus grandes collectionneuses de l’École de Paris. Leur collection comprenait des œuvres révolutionnaires qui ont façonné le paysage artistique de l'époque. Son engagement envers l'avant-garde artistique a influencé de manière significative le développement de la culture moderne.
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Si le Salon de Stein était un lieu où les idées novatrices et expérimentales étaient célébrées, c’est bien sûr car elle avait elle-même adopté une écriture novatrice. D’abord autrice, avant d’être collectionneuse, elle a exploré des formes d'expression expérimentales, notamment l'écriture automatique. Son style, influencé par l'esthétique de la peinture ainsi que par ses études de médecine et de philosophie qu’elle a suivi aux États-Unis, défiait les conventions littéraires avec un langage rythmé, intellectuel et sensuel. Parrallèlement au Salon, Stein écrit beaucoup de poèmes, pièces de théâtre et manifestes théoriques, dans un style répétitif qui devint sa marque de fabrique.
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Bien que son œuvre la plus connue et la plus facile d’accès, Autobiographie d'Alice Toklas (autobiographie écrite à travers les yeux de sa compagne, dans laquelle elle omet complètement son frère Léo, qui s'était opposé à leur relation), ait rencontré un succès commercial en 1933, Gertrude Stein a également marqué l'histoire de la littérature avec des œuvres moins conventionnelles. The Making of Americans, écrit trente ans avant Autobiographie d'Alice Toklas, témoigne de sa vision audacieuse et novatrice. Le roman retrace la généalogie, l'histoire et le développement psychologique des membres des familles fictives Hersland et Dehning. C’est l’ouvrage qu’elle considérera comme sa plus grande œuvre. Son œil averti, son érudition et sa modernité ont fait d’elle un pillier de la littérature et de la critique littéraire. C’est notamment Gertrude Stein qui qualifia les jeunes auteurs de son temps, Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald, de lost generation (génération perdue).
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À travers ses multiples talents et son engagement envers l'innovation artistique, Gertrude Stein a laissé une empreinte indélébile sur la culture moderne française, défiant les normes et inspirant les générations futures à repousser les limites de l'expression créative.