Cinéma : que vaut “Le Deuxième Acte“, de Quentin Dupieux ?
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Quentin Dupieux : drôle(s) de film(s)

SINGULIER. Le réalisateur Quentin Dupieux présente son treizième opus en ouverture du Festival de Cannes : “Le Deuxième Acte“.

Baptiste Thion
Le réalisateur Quentin Dupieux.
Le réalisateur Quentin Dupieux. Starface / © IPA Agency

On est toujours surpris par le cinéma de Quentin Dupieux, qu’il mette en scène un pneu tueur (Rubber, 2010), un serial killer fou amoureux de sa veste à franges (Le Daim, 2019), deux nigauds découvrant une mouche géante dans le coffre d’une voiture volée (Mandibules, 2020) ou un spectateur prenant en otages les acteurs d’une pièce (Yannick, 2023).

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On peut aussi le trouver agaçant, avec ses pochades conceptuelles, souvent tricotées autour d’une idée farfelue, peinant parfois à tenir la distance ou frisant même, pour ses contempteurs, la fumisterie par leur désinvolture, leur liberté et leur humour absurde.

Quelques mois après le réussi Daaaaaali !, son antibiopic sur le peintre, le prolifique bricoleur adepte du non-sens livre Le Deuxième Acte, qui fait l’ouverture de Cannes sans qu’aucun entretien ne soit accordé à la presse. « J’ai envie de me taire, écrit-il dans une note aux journalistes. Non par lassitude ou prétention mais simplement parce que le film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire. »

Bavard, il l’est, c’est certain. Il est aussi malin, pertinent et gentiment impertinent, drôlissime avant tout : là réside sa principale qualité. Son pitch présente l’histoire d’une femme (Léa Seydoux) désireuse de présenter son père (Vincent Lindon) à l’homme dont elle est éprise (Louis Garrel) sans savoir que celui-ci, pas intéressé, souhaite la jeter dans les bras d’un de ses amis (Raphaël Quenard), alors même que l’on découvre vite, lors d’un (très) long plan séquence où conversent les deux copains en marchant sur une route de campagne, qu’il s’agit d’acteurs tournant un film.

Des comédiens qui pourraient être ceux les incarnant (tous formidables) s’ils avaient les mêmes noms. Mais Dupieux ne s’arrêtera pas à cette seule mise en abyme pour nous surprendre.

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Un récit en trompe-l’œil qui en dit beaucoup sur notre époque

Il est bien sûr question du vrai et du faux, du réel et de la fiction. Et donc forcément du cinéma et de ceux qui le font : Le Deuxième Acte s’est un temps appelé À notre beau métier. Les acteurs d’abord, qu’il a toujours mis en avant mais n’épargne pas ici, entre un Raphaël Quenard, du moins son personnage (ou l’un d’entre eux) tentant d’embrasser Léa Seydoux sans son consentement, et un Louis Garrel essayant de piquer à un Vincent Lindon vaniteux le rôle qu’il vient d’obtenir dans le prochain Paul Thomas Anderson.

Le septième art en lui-même ensuite, et les innovations technologiques redoutées par beaucoup : que deviendra-t-il ? Des films raconteront-ils ce qu’il fut dans un passé pas si lointain ? On peut voir dans ce récit en trompe-l’œil qui, là encore, en dit beaucoup sur notre époque, un drôle d’hommage et pied de nez résonnant avec le propre cinéma de son auteur se refusant au sérieux dans un monde plein d’incertitudes.


Le Deuxième Acte ***, de Quentin Dupieux, avec Vincent Lindon, Louis Garrel, Léa Seydoux, Raphaël Quenard. 1 h 20. Sortie mardi 14 mai.

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