Une femme souriante et appréciée du voisinage - La Presse+
Meurtre à Ormstown

Une femme souriante et appréciée du voisinage

Une jeune femme souriante, appréciée et qui aimait faire des bonhommes de neige avec sa fille : c’est le portrait que brossent, sous le choc, les voisins d’Amanda Caza, poignardée mercredi dans son domicile, possiblement par son père. Alain Caza a été accusé de meurtre au deuxième degré, jeudi.

L’incompréhension règne toujours à Ormstown, petit village du Haut-Saint-Laurent, en Montérégie, au lendemain de la mort d’Amanda Caza. Comme dans bien des cas, les voisins de la victime parlent d’une famille sans histoire, qui n’avait « rien d’anormal ».

Pourtant, les agents de la Sûreté du Québec sont intervenus en matinée mercredi après avoir reçu un appel pour « une altercation entre deux personnes » au domicile de Mme Caza. Ils y ont trouvé son corps inanimé et ont procédé sur place à l’arrestation de son père.

Plusieurs personnes ont rendu hommage à la jeune femme sur son compte Facebook, jeudi. « Je ne peux pas croire que c’était sa dernière avec elle », écrit une de ses amies sous une photo de la trentenaire et de sa fille dans une crémerie. Une gerbe de fleurs et une lettre ont aussi été déposées devant la porte de son domicile.

Amanda Caza est la 13femme assassinée au Québec depuis le début de l’année.

Néant total

Amanda Caza habitait rue Cairns, un cul-de-sac à l’entrée du village, comme il en existe des dizaines dans cette région essentiellement rurale de la Montérégie. « Le pire qu’on entend ici, c’est les tondeuses », illustre Jacqueline Hainault-Roch, qui habite au bout du petit chemin. Elle ne comprend pas que ce genre de drame puisse se produire dans le « calme habituel » d’Ormstown.

« Ça arrive à Montréal d’habitude, ce genre d’affaires là ! »

— Jacqueline Hainault-Roch, voisine

Steve de Repentigny réside pour sa part juste en face du duplex dont Mme Caza et sa fille occupaient le logement du haut. L’homme confie ne pas avoir pu dormir dans la nuit de mercredi à jeudi, tenu éveillé par les gyrophares des voitures de police et par l’incompréhension de ce qui a bien pu mener au drame survenu en face de chez lui. Il décrit sa voisine comme une femme « appréciée de tous » et « habile avec les gens ».

Aux dires des résidants de la rue Cairns, ce qui se passait autour de chez la jeune femme relevait toujours du registre de l’ordinaire. « Elle faisait des bonhommes de neige avec sa fille, et elle décorait à Noël et à l’Halloween », raconte Louise Allen, qui habite à quelques maisons de là.

Son ex-petit ami, le père de sa fille, passait quelques fois par mois chez la jeune femme, pour y cueillir ou y laisser l’enfant, dont il partageait la garde avec elle, selon le voisinage.

Mme Allen connaissait la sœur d’Alain Caza, en plus d’être allée à l’école secondaire avec ce dernier, au milieu des années 1970, preuve de la taille de cette communauté tissée serré. Elle se souvient d’un homme tranquille, qui n’était « pas un petit bum ».

« On s’était perdus de vue depuis ce temps-là, mais je ne m’attendais vraiment pas à recroiser son chemin comme ça. »

Si on ignore les derniers chapitres de la relation entre Amanda Caza et son père, la page Facebook de la victime suggère que les deux entretenaient une relation par moment harmonieuse.

« Bonne fête des Pères au meilleur père du monde. Mon héros, mon contact d’urgence, fort mais gentil et toujours capable de me faire rire », peut-on lire, en anglais, sur une publication de la jeune femme datée de juin dernier.

Comparaissant par visioconférence jeudi matin au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, Alain Caza a plaidé non coupable à un chef de meurtre au deuxième degré. « Oui », a-t-il lâché à deux reprises lorsque la juge lui a demandé de confirmer son identité et s’il comprenait bien le français. Il restera détenu en attendant les prochaines étapes dans son dossier.

— Avec la collaboration de Vincent Larin, La Presse

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