Élections européennes : Raphaël Glucksmann en meeting à Perpignan pour "renouer avec les classes populaires" - France Bleu
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Élections européennes : Raphaël Glucksmann en meeting à Perpignan pour "renouer avec les classes populaires"

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À trois semaines des élections européennes en France, le candidat Parti socialiste-Place publique Raphaël Glucksmann sera en meeting à Perpignan ce samedi à 11h30 au pied du Castillet.

Raphaël Glucksmann à Grenoble le 29 avril. Raphaël Glucksmann à Grenoble le 29 avril.
Raphaël Glucksmann à Grenoble le 29 avril. © Radio France - Julien Balidas

Alors que les électeurs français sont appelés aux urnes le dimanche 9 juin pour élire leurs députés européens, la tête de liste Parti socialiste-Place publique tient un meeting samedi à Perpignan, plus grande ville de France dirigée par le Rassemblement national. Raphaël Glucksmann s'adressera au public à 11h30, au pied du Castillet. Avant cela, il a répondu aux questions de France Bleu Roussillon.

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France Bleu Roussillon : Vous arrivez donc à Perpignan, dirigée par le RN, dans un département où le RN a également fait carton plein aux dernières élections législatives. Avez-vous vraiment espoir de conquérir une partie de l'électorat des Pyrénées-Orientales, ou n'est-ce pas déjà perdu ?

Raphaël Glucksmann : Il n'y a rien d'inexorable. On est là face à une vague d'extrême droite en France et partout en Europe. Et ce qu'on doit faire, c'est montrer qu'on a des réponses face aux inquiétudes, aux injustices, au sentiment d'impuissance qui se développe dans notre société, face à une concurrence internationale déloyale qui est en train de désindustrialiser notre continent. Mais également face à l'impression de ne plus rien contrôler et de ne plus rien maîtriser dans notre destin. Ces réponses, elles ont lieu à l'échelle européenne. Le projet du Rassemblement national est de détricoter l'Union européenne. Or, c'est précisément par l'Union européenne qu'on va pouvoir reprendre en main notre destin.

Vous avez sûrement entendu l**es paroles de Colombe******, cette Catalane qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux lors du meeting de Jordan Bardella à Perpignan le 1ᵉʳ mai. Elle expliquait pourquoi elle votait pour le RN : le sentiment d'abandon, de détresse. Qu'est-ce que la gauche a manqué pour que Colombe se dirige vers le RN ? Que dites-vous aux personnes qui se sont reconnues en elle ?

On a raté tellement de choses. Il faut être sincère et il faut être honnête, il faut dire la vérité. Il y a eu un abandon des classes populaires et aujourd'hui toutes les Colombe de France ont un message à faire passer. Il faut qu'on l'entende, qu'on se remette en question. J'ai toujours en tête les propos d'une dame à Calais, il y a dix ans. Elle m'avait dit : "Vous savez, Marine Le Pen est la seule qui n'a pas honte de nous sur la photo, la seule qui nous parle." Ça doit être un message extrêmement puissant à l'égard de la gauche. La gauche a oublié sa vocation, celle de s'adresser à ceux qui sont les victimes des injustices de la société, à ceux qui sont les victimes de la globalisation, qui sont marginalisés, qui sont écartés par le marché. Il faut renouer avec ça. C'est pour cela que je fais campagne, pas simplement avec des ONG ou dans des lieux qui se portent bien, mais également dans les usines, dans les fermes, pour essayer d'apporter des réponses et d'entendre ce qu'on a à nous dire. Quitte à se faire engueuler sur ce qui n'a pas été fait dans le passé ! Si on n'entend pas ce message maintenant, ce n'est pas seulement la gauche qui va pâtir de cela, mais c'est l'ensemble de la démocratie. Je veux dire à Colombe que la réponse apportée par le Rassemblement national n'est pas une solution pour elle. C'est une solution de repli et de détricotage.

Ce jeudi, les agriculteurs des Pyrénées-Orientales et d'autres régions ont organisé une nouvelle action sur l'autoroute à Perpignan, contre la concurrence des fruits et légumes marocains qu'ils jugent déloyale. Avez-vous quelque chose à proposer à ces agriculteurs ?

Nous proposons des mesures miroirs, c'est-à-dire dès l'entrée sur le marché européen. Il faut qu'il y ait un contrôle, que les produits que nous importons respectent les mêmes normes que celles que nous imposons à nos producteurs. Il y en a marre de la concurrence déloyale à l'intérieur de l'Union ! L'Europe est un continent qui a fait preuve d'une naïveté confondante. On est les derniers en Europe à croire en cette religion du libre-échange à laquelle plus personne ne croit. Les Américains protègent leur marché, les Canadiens protègent leur marché, il est temps que les Européens protègent le leur. C'est aussi vrai sur les questions industrielles ; nos entreprises sont en train de se faire ratiboiser par une concurrence chinoise déloyale qui repose sur l'esclavage, sur les subventions, sur les ventes à perte.

Dans votre programme, vous souhaitez investir massivement dans les énergies renouvelables. Mais dans les Pyrénées-Orientales, il y a déjà plusieurs projets d'éoliennes sur terre et en mer. Il y a aussi des projets de champs de panneaux solaires. Et il y a surtout une forte opposition de la part de certains habitants. Comment faire si la population s'y oppose ?

Il faut le faire de manière démocratique, dans la concertation. Il ne s'agit pas de remplacer les vignes par les panneaux photovoltaïques. Aujourd'hui, notre addiction au gaz et au pétrole importé de pétromonarchies ou du régime russe ou du régime d'Azerbaïdjan nous asservit, nous affaiblit. Dans la révolution énergétique qui s'annonce, on va récupérer notre souveraineté et notre liberté. Donc, bien sûr, il faut de la concertation locale, il ne faut pas imposer ces projets. Mais nous avons besoin de prendre ce train en marche, parce qu'elles nous permettront de ne plus dépendre de Vladimir Poutine, du Qatar, de l'Arabie Saoudite.

Selon les derniers sondages, le Rassemblement national est en tête des intentions de vote à plus de 30%. Vous êtes en troisième position derrière la liste de la majorité présidentielle. Votre objectif est-il de terminer deuxième ?

Notre objectif est de continuer la dynamique qu'on a créée. Comme si la gauche humaniste pro-européenne, celle de Jacques Delors, celle de Robert Badinter, avait à nouveau voix au chapitre. Je veux continuer à alimenter cette dynamique et, partout, à discuter du fond. C'est l'élection européenne la plus importante de l'histoire. Il y a la guerre sur notre continent, il y a la catastrophe climatique et il y a une colère profonde, une remise en cause de notre modèle démocratique.

Le Premier ministre Gabriel Attal va débattre avec Jordan Bardella du Rassemblement national, jeudi prochain sur France 2, auriez-vous aimé être invité à ce débat ?

Ce débat est une forme de kidnapping de l'élection. Gabriel Attal n'est pas candidat aux élections européennes. Et pourtant, on réinstaure encore et toujours ce simple duel entre Emmanuel Macron et l'extrême droite, alors même que dans tous les sondages, on est dans un mouchoir de poche, à touche-touche avec la liste macroniste. De quel droit le service public organise-t-il la réinstallation de ce match ? Nous, la famille sociale démocrate européenne, nous sommes la véritable digue. Il est hors de question qu'on laisse cette élection se faire kidnapper.

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