Suisse: l'EPFZ invente un gel à avaler qui complique les cuites - 20 minutes

Suisse: l'EPFZ invente un gel à avaler qui complique les cuites

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SuisseL'EPFZ invente un gel à avaler qui complique les cuites

Des chercheurs ont mis au point un produit qui dissout l'alcool du corps avant qu'il n'arrive dans le sang. Mais la nouvelle ne réjouit pas tout le monde.

La consommation d'alcool coûte la vie à 3 millions de personnes dans le monde par année, selon l'OMS.

La consommation d'alcool coûte la vie à 3 millions de personnes dans le monde par année, selon l'OMS.

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L'art de l'apéro pourrait bientôt être chamboulé par la dernière trouvaille de l'EPFZ. Des chercheurs suisses ont mis au point un gel qui décompose l'alcool dans le tube digestif avant qu'il ne pénètre dans le sang, et donc, avant qu'il ne saoule. Le mode d'emploi est simple: on avale ce produit avant ou pendant qu'on enchaîne les verres, et la magie opère. «C'est intéressant pour ceux qui ne veulent pas abandonner complètement l’alcool, mais qui ne veulent pas mettre leur corps à rude épreuve et qui ne cherchent pas activement l'ivresse», explique le professeur Raffaele Mezzenga.

Essais cliniques avant un usage humain

Sur les souris de laboratoire, les résultats ont été probants: celles à qui on a administré le gel pendant une «cuite» ont vu leur taux d'alcool plonger de 40% en trente minutes. Après cinq heures, le taux chute même de 56%. Après dix jours de tests, le foie, la rate, l'intestin et les valeurs sanguines des rongeurs cobayes étaient en outre moins endommagés. Des essais cliniques sont encore nécessaires avant de pouvoir autoriser le fluide pour un usage humain, mais les chercheurs ont d'ores et déjà déposé une demande de brevet.

Le plan de l'EPFZ, ça vous évoque quoi au juste?

«Si ça permet de sauver des vies, ça peut avoir des avantages, mais d'un point de vue éthique et symbolique, ça pose de grosses questions, relève Camille Robert, co-secrétaire générale du Groupement romand d'études des addictions. A qui et comment sera distribué ce produit? Et quid de la question de l'addiction? Le message envoyé va à l'encontre de celui qu'on essaie de faire passer dans le domaine de la prévention depuis des années, c'est-à-dire de boire moins.»

«Mieux vaut savoir s'arrêter soi-même»

Même scepticisme chez Nicolas Jacquier, œnologue à la Cave de Bovanche, à Ardon (VS). «C'est sans doute bien pour la sécurité routière et pour éviter les abus, mais l'ivresse fait partie de l'univers du vin. Elle crée des histoires, des projets, des discussions. La faire disparaître, c'est enlever aussi un peu de sa magie.» Le vigneron en appelle plutôt à la responsabilité de chacun. «C'est prodigieux ce que la science permet de faire, mais le risque, c'est qu'on ne sache plus s'arrêter de boire soi-même, et finalement, qu'est-ce qu'on aura gagné?»

Comment ça marche?

C'est l'acétaldéhyde qui est toxique pour le corps. Ce composé organique est produit quand l'alcool est métabolisé par le foie. La propriété du gel protéique de l'EPFZ consiste à court-circuiter ce processus en convertissant, directement dans le tube digestif, l'alcool en acide acétique inoffensif. Le gel est composé de protéines de lactosérum, bouillies jusqu'à former de fines fibrilles, auxquelles on ajoute du sel et de l'eau. Ces fibrilles sont ensuite plongées dans un bain de fer. Ajoutez quelques nanoparticules de glucose et d'or pour provoquer les réactions enzymatiques nécessaires dans le tube digestif et le tour est joué!

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