La Nuit de la Comète : Le bug de l’an 2000 pour les nuls

La collection Angoisse de chez Rimini commence à prendre une proportion vraiment conséquente. Une fois n’est pas coutume, l’éditeur est allé nous dénicher un vieux souvenir de vidéo-club avec l’ajout de La Nuit de la Comète dans son catalogue. Thriller post-apocalyptique que véritable film d’horreur à proprement parlé, il est le second long métrage écrit et réalisé par Thorn Eberhardt qui a du batailler pour réussir à monter son projet. Il a essuyé refus sur refus en tentant de vendre son scénario. On lui reprochait un manque de sexe, un manque d’action ou un manque d’horreur. Déterminé à imposer la vision de son histoire, il n’a jamais changé une ligne jusqu’à parvenir à le vendre à Atlantic Releasing Corporation qui rencontrait un succès inattendu à l’époque avec le film Valley Girl.

A la suite du passage d’une comète à proximité de la Terre, presque toute la population mondiale est décimée. Régina et sa petite sœur de 16 ans, Samantha, survivent et trouvent refuge dans le studio de la radio locale qui continue de diffuser. Elles y rencontrent Hector, un routier qui a été protégé grâce à la cabine en acier de son engin. Tous les trois vont faire face à des survivants irradiés devenus agressifs et une équipe de scientifiques cherchant à créer un sérum permettant de guérir les personnes irradiées.

Que c’est beau de combattre pour ses convictions et d’imposer sa vision de son propre scénario coûte de coûte. C’est par ce genre d’initiative que l’histoire du cinéma a vu éclore de grandes stars à l’instar de Sylvester Stallone qui s’est imposé pour camper son personnage de Rocky. Seulement, pour un scénario écrit avec talent, combien se sont cassés la figure ? Pour sûr que Thorn Eberhardt aurait dû écouter les conseils des producteurs qui reprochaient à son scénario de ne pas être plus incisif et surtout de ne pas prendre de parti concret. La Nuit de la Comète a tout pour être une série B de très bonne facture. On sent que le réalisateur a mis du cœur à tourner des plans qui claquent. Il y a un véritable effort sur la mise en scène du film, c’est indéniable. Il s’évertue à choisir les cadres adéquats pour rendre la ville de Los Angeles déserte. Avec très peu de moyens, l’illusion est vraiment parfaite, on y croit à cet univers dévasté de presque toute forme de vie. La Nuit de la Comète a tout pour faire un vrai bon film post-apocalyptique. Il y a des idées qui font mouche, comme l’assaut dans le centre commercial qui compense son manque de figurants par des plans resserrés et qui donnent l’illusion d’une vraie prise d’otage. Non, s’il y a bien un aspect du film qu’on ne peut pas blâmer c’est sa mise en scène qui se démène sans cesse pour offrir un résultat probant. En revanche, tout le reste pêche sérieusement et entraîne les rares qualités du film vers une chute nanardesque sans fin.

Le scénario qui ne prend jamais parti est clairement ce qui fait que La Nuit de la Comète n’est pas passé à la postérité. Thorn Eberhardt veut inclure beaucoup trop d’éléments. Autant il parvient à susciter notre intérêt sur la première moitié de son histoire, autant il ne sait pas où nous emmener et perd tout notre intérêt par la suite. Les zombies ne sont qu’un accessoire mercantile pour vendre le film. Les survivants doivent en croiser probablement 5 sur la totalité du film, on ne peut vraiment pas dire que ce soit une menace pesante. Le spectateur oublie même leur présence si bien que lorsqu’ils apparaissent ils nous sortent indéniablement de l’intrigue tant ils paraissent superflus. Les scientifiques ne sont pas du tout développés également et leurs intentions sont faussées par le manque de cohérence dans leur écriture. Le film aurait gagné en maturité en se focalisant sur les deux sœurs qui sont diamétralement opposées. L’aînée a une vraie âme de survivante et pose les bonnes questions aux bons moments là où la cadette n’existe clairement que pour satisfaire les bas instincts du réalisateur. Elle est supposée avoir 16 ans, mais il ne manque jamais une occasion pour la déshabiller et ne lui offre qu’une seule préoccupation : celle de se trouver un mec afin de forniquer jusqu’à la fin des temps. Preuve d’une tentative très maladroite de la part de Eberhardt de vouloir étudier la puberté chez les jeunes femmes. Ainsi, La Nuit de la Comète essaie de combiner l’humour d’un Ça Chauffe au Lycée Ridgemont avec la critique sociale d’un Zombie et le visuel d’un Mad Max…le tout est un fourre-tout incompréhensible qu’on ne peut pas approuver à 100%.

Si nous saluons l’envie de fournir une copie propre dans la forme, tout le fond est à revoir. La Nuit de la Comète est un film raté. Relevons toutefois l’excellent travail éditorial de Rimini qui, comme d’habitude, nous permet de (re)découvrir cette curiosité dans des conditions optimales. La copie proposée est sublime et rend justice à la mise en scène de Eberhardt. Quel dommage que sa plume n’ait pas été à la hauteur de ses ambitions techniques.

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