Première réalisation de l’actrice Lætitia Dosch, le Procès du chien est une réjouissante fantaisie féministe et animaliste, sur fond de populisme en Suisse.
En 2020, Laetitia Dosch avait créé au théâtre le solo Hate, dans lequel elle partageait la scène avec un cheval, Corazon, décédé depuis. Loin d’être un numéro de dressage, le spectacle se fondait sur une relation égalitaire entre l’humain et l’animal. Très investie dans les questions environnementales, l’actrice, qui a fait parler les végétaux dans l’émission Radio arbres, poursuit ces questionnements par le truchement de la comédie. Et c’est franchement réussi.
Avril (Lætitia Dosch), 39 ans, est une avocate spécialisée dans les causes perdues. Chapitrée par son patron misogyne tendance harceleur (Pierre Deladonchamps), elle promet de ne plus accepter de cas désespérés. Mais quand Dariuch (François Damiens, génial), la sollicite pour sauver la peau de son chien Cosmos, accusé d’avoir mordu une femme au visage, ses bonnes résolutions s’effondrent. Face à une avocate de la partie civile candidate populiste aux élections municipales (Anne Dorval), Avril fouille les ressources du code pénal pour prouver que l’adorable griffon fauve de Bretagne (Kodi, en bonne position pour la dog palm), n’est pas le monstre que la justice veut faire euthanasier.
Des couleurs de bonbon anglais
Il fut un temps, en Europe, où les procès faits aux animaux étaient légion. S’appuyant sur une histoire vraie, qui a fait grand bruit en Suisse et divisé la population, Lætitia Dosch réactive par l’absurde cette pratique tombée en désuétude au milieu du XVIIe siècle. Formidable ressort d’une comédie loufoque aux couleurs de bonbon anglais, le procès du chien est le révélateur des travers d’une société où la misogynie assumée se mêle aux pulsions sécuritaires les plus basses. Sorte de Don Quichotte féministe, Avril se jette dans la bataille comme si elle voulait, à travers cet animal qui mord les femmes, corriger le monde entier.
Touchante, souvent clownesque, l’actrice et réalisatrice s’est entourée d’acteurs qui passent par tous les registres de la comédie : Jean-Pascal Zadi, en comportementaliste animalier aussi concerné que détendu, Tom Fizselson, dans le rôle de Joachim, le petit voisin maltraité par ses parents avec qui Avril noue une relation sororale à défaut de pouvoir l’aider, ou Anabela Moreira, la victime, femme de ménage portugaise, qui réclame justice mais refuse la pitié. Un premier long métrage sincère et bien écrit, où l’émotion est en embuscade derrière la franche rigolade.
Le procès du chien, de Lætitia Dosch, Suisse, France, 85 minutes.
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