La Chine poursuit sa stratégie d'intimidation envers Taïwan. Ce mardi, cinq navires chinois se sont « rassemblés au sud de Kinmen et [ont] pénétré nos eaux » à 15 heures (07h00 GMT), a déclaré l'unité des garde-côtes taïwanais qui patrouille dans la zone. Ces derniers ont « rapidement envoyé des navires de patrouille et ont fermement fait respecter la loi », ont-ils communiqué. Et d'ajouter : « Sous notre contrainte, les navires de garde-côtes chinois ont quitté les eaux restreintes du pays à 17h09 ».
Au cours des derniers mois les garde-côtes chinois sont apparus fréquemment autour des eaux de Kinmen, île dépendant de Taipei située à cinq kilomètres de la ville chinoise de Xiamen. L'incident de ce mardi est d'ailleurs la cinquième intrusion des garde-côtes chinois dans les eaux autour de cette île en mai, selon les forces taïwanaises.
De façon plus générale, la Chine maintient une présence militaire quasi-quotidienne autour de Taïwan, envoyant des avions et des navires de guerre. Pas plus tard que jeudi dernier, le ministère de la Défense et les garde-côtes taïwanais ont indiqué avoir détecté des dizaines d'avions de combat et de navires de guerre chinois autour du territoire de l'archipel autonome. Pour les garde-côtes taïwanais, ces actions « affectent sérieusement la sécurité en mer et portent atteintes à la paix et à la stabilité autour du détroit taïwanais ».
« Nous appelons à la Chine à faire preuve de retenue et à cesser immédiatement ce comportement irrationnel », ont-il ajouté.
À quelques jours de l'investiture du président taïwanais
Cet incident survient à moins d'une semaine de l'investiture du président élu taïwanais Lai Ching-te, prévue le 20 mai. L'actuel vice-président est considéré comme un « dangereux séparatiste » par le gouvernement chinois. Ces déploiements de navires chinois autour de Taïwan se sont d'ailleurs multipliés depuis le scrutin de cette élection présidentielle, qui s'est tenu le 13 janvier dernier. Car, comme sa prédécesseure Tsai Ing-wen, Lai Ching-te rejette les revendications de la Chine, qui considère Taïwan comme une partie de son territoire à reprendre un jour, par la force si nécessaire. Son arrivée au pouvoir n'est donc pas vue d'un bon œil par Pékin, qui a déclaré qu'il apporterait la « guerre et le déclin » de Taïwan.
La Chine ne cherche d'ailleurs pas seulement à intimider Taïwan. Dans les eaux de la mer de Chine méridionale, des navires chinois ont aussi été en confrontation avec des navires philippins. Car Pékin revendique la souveraineté sur la quasi-totalité de cette étendue d'eau, par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars de marchandises. Et en parallèle, d'autres pays riverains - comme Taïwan et les Philippines mais aussi le Vietnam, la Malaisie et Brunei - ont des prétentions concurrentes, qui se chevauchent parfois. Sauf que la Chine n'en a que faire et y fait patrouiller des centaines de navires des garde-côtes et de la marine pour créer de la tension.
Risque d'escalade
Reste que plusieurs de ces déploiements se sont soldés par des morts. Le 14 février dernier, une vedette chinoise transportant quatre personnes a chaviré près de Kinmen alors que les garde-côtes taïwanais la poursuivaient, tuant deux personnes. Un autre bateau chinois a chaviré dans la région en mars, entraînant également la mort de deux membres d'équipage. Et début mai, les Philippines ont accusé les garde-côtes chinois d'avoir endommagé un bateau des garde-côtes philippins et un autre du bureau des pêches en tirant dessus au canon à eau près du récif de Scarborough, contrôlé par la Chine mais revendiqué par Manille.
Ces incidents font craindre un conflit dans cette zone, qui pourrait impliquer les États-Unis. Ces derniers sont en effet alliés des Philippines et ont récemment débloqué une enveloppe d'assistance militaire de 8 milliards de dollars pour Taïwan. La pression est telle que n'importe quel petit événement pourrait servir de déclic à une escalade des tensions.
(Avec AFP)
