De Weinstein à Godrèche, sept ans de MeToo

Lancé en 2007 par l’Américaine Tarana Burke, le slogan est repris dix ans plus tard, en 2017, pour dénoncer les abus dans le cinéma américain. Le mouvement se diffuse ensuite en France.
Le 28 février 2020, Adèle Haenel quitte les Césars après l’annonce d’un prix pour Roman Polanski.
Le 28 février 2020, Adèle Haenel quitte les Césars après l’annonce d’un prix pour Roman Polanski. (Crédits : © LTD / NASSER BERZANE/ABACA)

Octobre 2017 - L'affaire Weinstein

Le 5 octobre 2017, deux journalistes du New York Times mettent en cause Harvey Weinstein, le tout-puissant producteur de Hollywood. Plusieurs comédiennes américaines l'accusent d'agressions sexuelles et affirment avoir été forcées de se taire à la suite d'accords financiers. Dix jours plus tard, l'actrice Alyssa Milano cherche à récolter les témoignages sur Facebook : « Si toi aussi tu as été harcelée ou agressée sexuellement, réponds à ce tweet en écrivant MeToo. » Le hashtag devient viral sur Facebook, partagé dans plus de 12 millions de messages et de réactions en vingt-quatre heures. Le 11 mars 2020, Harvey Weinstein est condamné à une peine de vingt-trois ans de prison.

Lire aussiMeToo du cinéma : une commission Judith Godrèche à l'Assemblée nationale

Mai 2018 - Luc Besson mis en cause

Le mouvement MeToo dépasse assez vite le cadre du cinéma américain. Le réalisateur et producteur français Luc Besson est accusé de viol par l'actrice Sand Van Roy. En juillet 2018, elle complète sa plainte d'une seconde où elle dénonce des faits de violences sexuelles survenues entre mars 2016 et mai 2018. Par la suite, huit autres femmes accusent Luc Besson de comportements déplacés. En décembre 2021, la juge d'instruction prononce un non-lieu en faveur du réalisateur, confirmé par la cour d'appel de Paris et par la Cour de cassation. Les autres témoignages restent sans suite, souvent prescrits.

Août 2018 - Le cas Depardieu

La comédienne Charlotte Arnould accuse Gérard Depardieu de viol. Il est mis en examen le 16 décembre 2020. Depuis, des dizaines de professionnelles du cinéma ont témoigné contre l'acteur français. En avril 2023, Mediapart publiait les témoignages de treize femmes relatant des faits dont elles ont été victimes sur des tournages, entre 2004 et 2022. À la suite de la plainte de Charlotte Arnould, quatre nouvelles dépositions chargent Gérard Depardieu en 2023 et 2024. Le 29 avril dernier, l'acteur est placé en garde à vue. Il sera jugé en octobre prochain pour des agressions sexuelles qu'il est accusé d'avoir commises en 2021.

Février 2020 - « On se lève et on se casse »

Le 3 novembre 2019, l'actrice Adèle Haenel accuse dans Mediapart le réalisateur Christophe Ruggia d'attouchements et d'agression sexuelle alors qu'elle avait entre 12 et 15 ans. Après une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour des chefs d'agression sexuelle sur mineure, Christophe Ruggia est mis en examen le 16 janvier 2020. En février dernier, le parquet a requis un procès à l'encontre du réalisateur. À la suite de cette affaire, Adèle Haenel est devenue une figure centrale du MeToo français. Le 28 février 2020, lors de la cérémonie des Césars qui récompense Roman Polanski - accusé de viol sur mineur en 1977 - du prix du meilleur réalisateur, Adèle Haenel quitte la salle en scandant : « La honte ! » Son coup d'éclat est suivi par le mouvement féministe, et notamment par la romancière Virginie Despentes, qui signe une tribune restée célèbre : « Désormais, on se lève et on se casse ».

Février 2024 - Godrèche sort du silence

Le 8 février 2024, Judith Godrèche, récompensée du césar du meilleur espoir féminin en 1996, sort du silence en portant plainte pour viol sur mineure contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Une enquête préliminaire pour « l'ensemble des faits dénoncés ayant eu lieu entre 1986 et 1992 » est ouverte par le parquet de Paris. L'une des étapes de sa prise de conscience se situe en 2017, raconte-t-elle, lorsqu'elle témoigne auprès du New York Times d'une tentative d'agression sexuelle dont elle dit avoir été victime de la part de Weinstein. Le témoignage de Judith Godrèche suscite une déflagration dans le cinéma et libère la parole d'autres actrices. Début mai, une commission chargée d'enquêter sur les « abus et violences » commis dans le cinéma est créée à l'Assemblée nationale. Elle doit rendre ses conclusions en octobre.

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Commentaires 3
à écrit le 13/05/2024 à 11:18
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Ce qui est considéré comme une agression aujourd'hui ne l'était pas forcément jadis. Juger le passé avec le regard d'aujourd'hui est ridicule. A prétendre déconstruire l'homme, c'est la femme qui perd tous ses attributs, et qui est masculinisée à son...

le 15/05/2024 à 13:14
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Nier le genre, c'est nier la nature de l'humanité en la transformant en un être désincarné. C'est nier l'humanité pour la transformer en démon, un être non genré et désincarné qui déteste la matérialité de notre monde.

à écrit le 12/05/2024 à 8:59
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Et on a l'impression que les pervers ont envahi l'industrie culturelle mondiale ce qui en fait est d'une logique implacable. Hollywood n'a été inventé que pour blanchir l'argent de la mafia, quoi de mieux que des places de cinéma ? Le crépuscule des ...

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