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Festival de Cannes : une mise à feu dans un contexte tendu

Alors que les cinéphiles s’impatientent de découvrir le nouveau Mad Max ou le dernier film de Francis Ford Coppola, une certaine nervosité règne en coulisse en raison de rumeurs lancinantes liées au mouvement #MeToo.

Cannes se prépare à accueillir le plus grand festival de cinéma du monde. Les commerçants s'activent face à l'arrivée des 35.000 festivaliers attendus du 14 au 25 mai. La cérémonie d’ouverture, qui se tient mardi soir, sera retransmise en direct sur France 2, à partir de 19 heures. Avec Camille Cottin, en maîtresse de cérémonie. Les festivaliers visionneront dans la foulée Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux, qui met notamment Vincent Lindon à l'honneur. L’acteur aura pour tâche d’y faire rire.

Cinéphiles et professionnels du 7e art assisteront pendant la quinzaine aux projections des vingt-deux films de la compétition officielle. Ils découvriront les nouvelles créations de Paolo Sorrentino (le réalisateur de La Grande Bellezza), Christophe Honoré (qui ressuscite Marcello Mastroianni à travers sa fille Chiara) ou de Paul Shrader, une légende de Hollywood. Ils devraient également regarder avec intérêt The Apprentice : Ali Abassi y raconte les jeunes années de Donald Trump.

Une palme d’or pour Meryl Streep

Le jury chargé de départager ces longs-métrages qui briguent la palme d’or est présidé par l'Américaine Greta Gerwig, encore auréolée du succès planétaire de Barbie. Elle sera épaulée par Omar Sy, Eva Green ou Kore-Eda, cinéaste japonais qui a été sacré à Cannes en 2018. Leur palmarès sera plus qu'attendu après le succès d'Anatomie d'une chute, récompensé aux Oscar après son triomphe cannois.

La productrice chevronnée Sylvie Pialat prend, elle, la tête du jury de La Semaine de la critique, une sélection parallèle qui s’intéresse aux premiers et seconds longs-métrages. Côté Quinzaine des réalisateurs, sélection qui se veut audacieuse et moins académique, beaucoup de films français et notamment une relecture burlesque de l’affaire Dupont de Ligonnès.

Hollywood sera particulièrement célébré cette année sur la Croisette, avec les deux palmes d'or d'honneur remises à Meryl Streep et George Lucas. On note, hors compétition, le retour de la saga Mad Max et la venue de Kevin Costner avec un western moderne. Et Francis Ford Coppola, 85 ans, revient en compétition officielle avec son film monument, Megalopolis. Lui vaudra-t-il une troisième palme d’or ?

Si le délégué général Thierry Frémaux désire une édition 2024 « pacifique et joyeuse », l'ambiance s’est détériorée en coulisse en raison de rumeurs d'accusations en lien avec #MeToo, qui circulent depuis des semaines. Elles pourraient perturber la 77e édition du festival, sept ans après l'affaire Weinstein. Mais aucune enquête journalistique n'a été publiée jusqu'ici confirmant ou infirmant ce qui reste des rumeurs.

Grogne sociale

«Si le cas d'une personne mise en cause se présentait, nous veillerions à prendre la bonne décision au cas par cas», a précisé Iris Knobloch, la présidente du Festival. Et les organisateurs ont rappelé leur engagement depuis 2018 dans la lutte contre les violences sexuelles, «qui ont trop longtemps eu cours» dans le 7e art.

Le sujet sera abordé de front avec la venue dès mercredi de Judith Godrèche, devenue fer de lance de #MeToo en France. La comédienne, qui a accusé deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, présentera un court-métrage, Moi aussi. Il a été réalisé à partir des témoignages de personnes victimes de violences sexuelles, qui ont répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux.

Mais c'est aussi sur le plan social que l'édition 2024 pourrait être agitée : un collectif de salariés cannois rassemblant des attachées de presse, projectionnistes ou chargés de billetterie appelle à la grève. Ils demandent à bénéficier du statut d'intermittents du spectacle et ont reçu le soutien d'acteurs comme Louis Garrel et Swann Arlaud. Le Festival s'est dit prêt au dialogue.

Initiative qui devrait faire du bruit sur la Croisette, Le Parisien a publié à la veille du lancement de la quinzaine une tribune signée par 7.000 acteurs français, qui manifestent leur grogne contre les plateformes. Ils demandent à être payés, comme le veut une loi de mai 2021, en proportion du succès du programme dans lequel ils apparaissent. Et font planer la menace d’une grève du secteur. Parmi les signataires : André Dussollier, Benoît Magimel, Agnès Jaoui, Nicole Garcia, Catherine Frot ou Karin Viard.

Quant à la sécurité de l’événement, le Festival bénéficie cette année d'un dispositif inédit avec dix-sept caméras de vidéoprotection utilisant l'intelligence artificielle. L’objectif étant de repérer les comportements suspects et de détecter l'éventuelle présence d'armes ou les mouvements de foule, selon la mairie. À l'approche des JO de Paris, Cannes fait en quelque sorte figure de répétition pour les forces de l'ordre.

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7 commentaires
  • RMorion

    le

    Personnellement je soutiens à 100% ce mouvement. Je ne trouve pas concevable qu'une jeune actrice, régisseuse ou maquilleuse puisse être confrontée à un harcèlement, des atouchements ou des viols. Que rien ne soit fait alors qu'en plus le secteur est subventionné, est totalement irréaliste voire monstrueux. D'ailleurs les subventions devraient être soumises à une clause "safe" pour les conditions de travail. Autre secteur artistique... Il y a trois ans, pendant 1 heure, une pianiste assez connue dans "la musique classique" m'a raconté les attouchements, pressions constantes, qu'elle avait subit de la part d'un chef d'orchestre. Je l'ai incitée à porter plainte et lui en ai reparlé par la suite. D'une serveuse de restau à une actrive personne ne devrait être obligé de travaillé la peur au ventre. Tant pis si Cannes est tendu, tant mieux qu'elles se battent.

  • anonyme

    le

    Je ne regarde jamais Aucun intérêt

  • tagarun

    le

    Festival "des " Cannes ......il va y avoir des tartelettes en goguette ..

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