Un événement secret à Ottawa et une fête à Montréal pour la fête nationale d’Israël | Le Devoir

La fête nationale d’Israël célébrée à Montréal

Des centaines de partisans d’Israël, dont beaucoup portaient le drapeau bleu et blanc du pays autour des épaules, dansaient et applaudissaient à la Place du Canada à Montréal, mardi 14 mai.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Des centaines de partisans d’Israël, dont beaucoup portaient le drapeau bleu et blanc du pays autour des épaules, dansaient et applaudissaient à la Place du Canada à Montréal, mardi 14 mai.

Les cérémonies marquant la fête nationale d’Israël ont pris de nombreuses formes au Canada, mardi.

Une manifestation festive à Montréal a attiré des centaines de partisans de l’État juif et un lever de drapeau a été tenu en secret à Ottawa en raison de craintes pour la sécurité.

Le drapeau israélien flottait à l’hôtel de ville d’Ottawa tôt en matinée en l’honneur de la proclamation de la création de l’État d’Israël, mais aucune cérémonie publique n’a eu lieu pour marquer l’occasion.

La Ville a plutôt déclaré que la Fédération juive d’Ottawa avait organisé un événement privé, mais les responsables n’ont pas voulu préciser quand celui-ci a eu lieu.

La Ville affirme disposer de renseignements suggérant qu’un événement public aurait posé « un risque important pour la sécurité publique », sans toutefois préciser la nature de ces risques.

La décision de renoncer à une cérémonie de lever du drapeau a suscité de vives réactions de la part de la communauté juive, notamment de politiciens fédéraux tels que le député libéral Anthony Housefather et la députée conservatrice Melissa Lantsman, qui ont exhorté la ville à organiser l’événement.

Vendredi dernier, le maire Mark Sutcliffe a écrit sur les réseaux sociaux qu’il avait demandé à la police et à la Ville de trouver un moyen d’organiser l’événement en toute sécurité, mais les responsables ont conclu lundi que cela n’arriverait pas.

Les manifestants propalestiniens qui se sont rassemblés mardi devant l’hôtel de ville ont crié victoire, affirmant qu’ils avaient forcé l’annulation de ce qu’ils ont qualifié de « cérémonie de lever du drapeau génocidaire ». Une femme masquée à la tête du groupe d’une cinquantaine de personnes a déclaré à la foule que « les sionistes honteux sont rentrés chez eux ».

Elle a qualifié la position de Mark Sutcliffe de « honteuse », mais a félicité la mairesse de Toronto, Olivia Chow, pour sa décision de ne pas participer au lever du drapeau dans cette ville.

Mardi, le bureau d’Olivia Chow a publié un communiqué affirmant que celle-ci n’assisterait pas à la cérémonie parce qu’« elle estime que lever [le drapeau] est une source de division en ce moment » et qu’elle comprend « la profonde douleur et l’angoisse ressenties par de nombreux membres de la communauté ».

Quant à lui, le premier ministre Doug Ford a publié une déclaration célébrant les 76 ans de la création d’Israël en tant qu’« État indépendant et démocratique ».

« Israël a connu de nombreuses difficultés au cours de son histoire, notamment les attentats du 7 octobre dernier et les mois de conflit qui ont suivi, a souligné M. Ford. Notre gouvernement reconnaît le courage des otages israéliens qui n’ont pas encore été libérés, ainsi que celui de leurs familles. Nous prions pour leur retour en toute sécurité et pour la paix dans cette région. »

« Nous sommes tous en deuil »

À Montréal, un DJ a diffusé de la musique pop tandis que des centaines de partisans d’Israël, dont beaucoup portaient le drapeau bleu et blanc du pays autour des épaules, dansaient et applaudissaient dans un parc du centre-ville.

Une forte présence policière gardait le périmètre tandis que la foule, qui comprenait de nombreux adolescents et écoliers en uniforme, faisait rebondir de gros ballons de plage et levait les bras en dansant.

Les participants qui ont parlé aux journalistes ont exprimé leur fierté et leur soutien à Israël, tout en se disant attristés par les pertes humaines à Gaza.

« Je pense que tous ceux qui se sentent juifs dans leur coeur veulent venir soutenir Israël et soutenir la paix, ce qui est le plus important, et j’espère que ce sera le cas de mon vivant », a déclaré Dorrie Davidson. Elle a affirmé que les critiques à l’égard d’Israël ou les contre-manifestants ne l’ont pas dissuadée de participer.

« Ils ont aussi le droit de parler, comme nous. Ils ont le droit de croire en ce qu’ils croient, et j’ai le droit de croire ce que je crois, c’est tout », a-t-elle ajouté.

Ari Kugler, un Montréalais juif, a déclaré que l’événement avait un impact différent cette année. « Malheureusement, nous nous trouvons dans une situation de guerre, de mort et de tragédie, et nous devons commémorer cela, ressentir la douleur et espérer simplement qu’il y aura une paix éternelle. »

Photo: Valérian Mazataud Le Devoir De l'autre côté du boulevard René-Lévesque, quelques dizaines de personnes brandissant des drapeaux palestiniens en signe de protestation.

De l’autre côté de la rue, bouclée par les forces policières, l’étudiant montréalais Ethan Zbily faisait partie des quelques dizaines de personnes brandissant des drapeaux palestiniens en signe de protestation. Il a dit qu’il se sentait « dégoûté et en colère » par cet événement festif à un moment où des Palestiniens sont tués.

« Aujourd’hui, nous voyons ces gens faire la fête, alors que nous sommes tous en deuil », a-t-il déploré. Il a précisé qu’il était là pour soutenir un cessez-le-feu et une éventuelle solution à deux États pour mettre fin au conflit.

À la fin de l’événement, la police a formé une ligne pour empêcher les partisans d’Israël de s’approcher de la manifestation propalestinienne de l’autre côté de la rue.

Le 7 octobre, des combattants du Hamas ont fait irruption dans le sud d’Israël et tué 1200 personnes, pour la plupart des Israéliens, déclenchant les hostilités. Israël a répondu en bombardant et en envahissant Gaza, tuant plus de 35 000 Palestiniens de l’enclave, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Plus de 600 soldats israéliens ont été tués depuis le mois d’octobre dernier.

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