"Ça a été une claque pour tout le monde" : 20 Minutes, dernier journal papier gratuit de Paris, va disparaître

Fortement touché par les confinements liés au Covid puis l'inflation, le journal gratuit 20 Minutes, qui rythmait les trajets des Parisiens, va cesser de paraître en septembre 2024

20 Minutes demeurait le dernier journal papier de Paris accessible gratuitement.
20 Minutes demeurait le dernier journal papier gratuit de Paris accessible dans les transports, notamment. (©JG / actu Paris)
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C’était le dernier quotidien gratuit d’Île-de-France. Ses boîtes verticales étaient entrées dans le paysage du métro au même titre que Serge le Lapin. Ses titres décalés n’avaient rien à envier à ceux de Libé. Sa concision et son légendaire « mix de l’info » locale et internationale faisaient le bonheur des lecteurs pressés. La version papier du journal 20 Minutes va cesser de paraître à partir du mois de septembre 2024 et n’existera plus que sur le web, a brutalement annoncé sa direction jeudi 16 mai 2024. Une énorme page se tourne pour le titre lancé en 2002, à une époque où Internet n’en était qu’à ses balbutiements.

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« Le papier a toujours eu du mal à remonter la pente »

« Globalement, le Covid-19 et les confinements ont beaucoup joué, explique Gilles Durand, journaliste à 20 Minutes et élu syndical SNJ-CGT. Pendant un an, il n’y a quasiment eu aucune publication. Donc aucun revenu généré par le papier alors que la majeure partie du chiffre était générée par la publicité. » Depuis cet épisode, « le papier a toujours eu du mal à remonter la pente », détaille-t-il.

Face à une situation financière de plus en plus compliquée, un nouvel actionnaire était arrivé en 2022 : le groupe Rossel. Le ton était donné : « Il ne croyait qu’au web. Tous les ans, le budget accordé au print [journal papier] diminuait », continue Gilles Durand. Déclinées dans plusieurs villes de France (Lille, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux…), quatre éditions locales ont d’abord été supprimées en 2022.

Plus de cinquante postes menacés

L’augmentation du coût du papier conjugué au développement du télétravail pendant et après les confinements n’a pas joué en faveur des journalistes alors que, « dans les années 2000, tout le monde lisait 20 Minutes, car c’était court, efficace, avec un ton qui plaisait aux jeunes », regrette le délégué syndical.

Il se souvient d’une anecdote : « Lorsque je réalisais des covoiturages entre Paris et Lille, et que je prenais des étudiants et des lycéens, quand je leur confiais que je travaillais à 20 Minutes, ils me disaient tous qu’ils le lisaient et qu’ils aimaient bien. »

L’annonce de la fin de ce canard mythique a été « une grosse claque pour tout le monde », affirme Gilles Durand. Symboliquement, mais aussi socialement parlant. Entre 15 et 20 personnes travaillaient sur l’édition papier du média. Un « plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) doit être présenté jeudi prochain aux employés », précise-t-il. Environ 56 postes devraient être supprimés, soit un tiers des effectifs.

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« Si on avait pris soin du journal, on aurait pu faire quelque chose de bien », conclut Gilles Durand, la voix chargée d’émotion.

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