Critique | Gilda : toute la beauté de Rita Hayworth

Gilda : toute la beauté de Rita Hayworth

Gilda, sorti en 1946 et présenté dans la section Cannes Classics du Festival de Cannes 2024, fait partie des trésors de la Columbia Pictures, qui fête cette année ses 100 ans. Dirigé par Charles Vidor, ce classique incontournable possède surtout un atout de charme en sa faveur, en la personne de la magnifique Rita Hayworth, dans le rôle le plus emblématique de toute sa carrière. Gilda est un hymne à la femme, qui a propulsé l’actrice au rang d’icône glamour.

Ballin Mundson, directeur d’un casino, prend sous sa protection un jeune Américain, Johnny Farrell, après l’avoir sauvé d’une mort certaine. Ballin, devant s’absenter, confie la direction de son établissement à Johnny. Il revient quelque temps plus tard marié à Gilda, l’ancienne maîtresse de Johnny.

La voix suave, les déhanchés de la belle Rita et son incontestable beauté dominent dans ce film qui est tout à l’honneur de la gent féminine.

Rita Hayworth retrouve Charles Vidor après The Lady in Question et La Reine de Broadway. Malgré une filmographie riche, c’est bien Gilda qui a véritablement lancé la carrière de l’actrice et lui a permis de gagner son statut de vedette hollywoodienne. Le personnage, femme déterminée, sensuelle et fatale, lui collera longtemps à la peau, tant on associe l’interprète à ce film culte. La chevelure balancée en arrière révèle son visage, alors qu’elle dit « moi » avec plein de sensualité et un regard qui exprime tant de choses. Dans ce plan naît une véritable icône, et certainement l’une des plus belles représentations de la femme au cinéma, toujours bien coiffée et se déhanchant subtilement sur les chansons Amado Mio et Put the Blame on me. En dansant devant ce parterre d’hommes, la belle Gilda fascine ou envoûte. Elle est surtout l’incarnation de la beauté et de la féminité, une femme délibérément séductrice qui fait tournoyer les coeurs masculins, y compris celui de Glenn Ford. Le film n’a pas pris une ride, reste toujours séduisant et garde un indéniable pouvoir d’attraction facilité par la présence de Rita Hayworth, délicieusement érotique et possédant une aura fascinante. À l’instar d’Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé, Gilda représente la femme moderne dans ce qu’elle peut montrer de plus beau. Quand elle tient délicatement une cigarette ou enlève ses gants, tout provoque une vague de sensualité, et Charles Vidor la filme de manière presque amoureuse.

Mis à part l’érotisme, la magnifique Gilda sait se faire respecter, faire ses propres choix, être libre de séduire et de détenir une forme de liberté.

Le cinéaste ne se contente pas d’utiliser la plastique de Rita Hayworth uniquement pour la faire danser ou chanter. Gilda est un exemple de la libération, un symbole de la femme fatale qui met les hommes à ses pieds. Le personnage a tendance à redistribuer les cartes et à redéfinir la position de la femme dans la société américaine de l’époque. Outre son mari, la belle ne manque pas de prétendants, choisis au hasard, et donc ce Johnny (Glenn Ford) qui lui tourne aussi autour. Cependant, elle ne se laisse pas faire. En cela, Charles Vidor la définit comme étant un symbole d’émancipation qui s’extirpe du joug des hommes pour s’affirmer et être indépendante. Le binôme formé par les deux interprètes fonctionne à merveille. C’est un duo savoureux qui brille par la complémentarité. Charles Vidor, dont c’est le seul film notable, réussit une mise en scène élégante, à l’image de l’actrice. Il réussit ici un film exceptionnel, intelligent, qui oscille entre comédie romantique et polar, mais dont le grand intérêt réside dans une bataille d’hommes luttant pour une seule femme.

5

RÉALISATEUR : Charles Vidor
NATIONALITÉ :  Etats-Unis
GENRE : Romance
AVEC : Rita Hayworth, Glenn Ford, George Macready
DURÉE : 1h50
DISTRIBUTEUR : 
SORTIE LE