Lydia lance Sumeria, une banque en ligne avec un compte rémunéré

Lydia change de cap. Onze ans après le lancement de son application de paiements entre particuliers, très prisée par les étudiants, elle se lance dans la banque avec une nouvelle marque. Baptisé Sumeria, « en hommage à la civilisation qui a inventé l'écriture », cette nouvelle offre propose « un compte courant aussi efficace que les autres services numériques », assure Cyril Chiche, le président de Lydia Solutions. Selon lui, les acteurs traditionnels, banques en ligne comprises, ne peuvent y arriver, « car l'activité de dépôt seule ne couvre pas leurs frais de structure. Il faut donc l'avènement d'un acteur numérique qui, comme Uber, Airbnb ou Spotify, transforme son secteur grâce à une structure de coûts radicalement plus légère. » Pour atteindre leurs objectifs, les dirigeants de Lydia prévoient d'investir 100 millions d'euros et d'embaucher 400 personnes en trois ans (Lydia emploie aujourd'hui 250 salariés). L'ambition est de compter 5 millions de clients dans ce délai.

Pas encore rentable

Depuis sa création en 2011, la société, devenue licorne en 2021, a levé environ 235 millions d'euros. Mais elle ne gagne pas encore d'argent. « Nous prévoyons d'atteindre la rentabilité en 2025 », assure-t-on chez Lydia. Pour cela la société a revu sa stratégie. De fait, son application de paiement entre particuliers s'est enrichie à partir de 2018 de plusieurs autres services comme des comptes courants, des cartes de paiement ainsi que des solutions d'épargne. Mais ces activités se sont avérées « plus ou moins fructueuses », avoue le groupe. C'est ce qui l'a décidé « à revenir à une approche plus concentrée, autour du compte courant à partir de 2023. » Le mois dernier, la société a rebaptisé son application Lydia Comptes. Celle-ci revendique environ 2 millions de clients bancaires (sur un total de 8 millions d'utilisateurs de l'application Lydia).

Les nouvelles offres proposées sous la marque Sumeria reprennent les codes de celles de Lydia Comptes : l'ouverture de compte avec une carte de paiement Visa est gratuite, sans frais lors des paiements à l'étranger, mais il existe une version premium à 99 euros par an. Pour se démarquer dans un paysage de banque en ligne très concurrentiel, qui a récemment vu disparaître ING France, Orange Bank et Ma French Bank, Sumeria va rémunérer ses comptes courants. Tous les comptes rapporteront 2 % brut par mois (4 % pendant 4 mois à l'ouverture). Une offre rare en France, différente des primes de bienvenue traditionnelles (de 80 à 120 euros).

Lydia cible en priorité les 18-34 ans, « segment de la population le plus demandeur et numériquement mature », dont nombre d'entre eux utilisent déjà sa plateforme de paiement mobile. La société ambitionne de se développer ailleurs en Europe. Et elle vient de solliciter auprès de l'ACPR et de la BCE un agrément d'établissement de crédit. Mais la procédure prendra du temps.

« Lydia joue gros en rémunérant les clients car si elle ne parvient pas à réduire les coûts de fonctionnement autant qu'elle le souhaite, elle ne gagnera pas d'argent, avance Fabien Vacheret, associé au cabinet OMS. Elle devra aussi gagner la confiance de ses clients en tant que banque, alors que « les néobanques sont souvent critiquées pour les carences de leurs services clients. »