Fourgon attaqué : des agents pénitentiaires de Toulon avaient aussi transféré le détenu en cavale

L'émotion est toujours immense après l'attaque sanglante du fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville dans l'Eure et le décès de deux agents âgés de 34 et 54 ans. Trois autres surveillants ont été grièvement blessés, dont un est toujours dans le coma. Une minute de silence a été respectée ce mardi à 11h dans toutes les prisons de France.

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Une minute de silence qui a en fait duré près de quatre minutes devant le centre pénitentiaire de La Farlède où de nombreux agents se sont allongés sur le sol pour rendre hommage à leurs deux collègues "qui eux ne se relèveront jamais" glisse David Mantion, du syndicat UNSA.

Transfèrement entre Marseille et Rouen

L'émotion est effectivement très vive à la prison de Toulon-La Farlède car, juste quelques heures après le drame en Normandie, deux agents varois ont été agressés par un détenu et hospitalisés. Et parce qu'il il y a un peu plus d'un mois, le 11 avril, c'est le Pôle de rattachement des extractions judiciaires de Toulon - le même service que celui visé lundi - qui s'occupait de Mohamed Amra, détenu aujourd'hui en cavale.

Des agents du PREJ Toulon l'ont transféré de la prison des Baumettes à Marseille, où il était alors détenu, jusqu'à l'aéroport de Marignane. Ils sont ensuite montés dans l'avion avec lui pour rejoindre la prison d'Evreux. Sébastien Silfio, représentant FO, explique : "ce qui est arrivé en Normandie aurait pu arriver ici il y a quelques semaines. Rétrospectivement, les collègues se disent qu'il (Mohamed Amra, ndlr) aurait pu tenter de s'évader lors de ce transfèrement, ils sont donc très émus".

"Papa, je veux que tu arrêtes ce métier"

À l'image de Cyrille, agent du PREJ Toulon, qui a également du mal à cacher sa colère : "Nous manquons de reconnaissance ! Regardez aujourd'hui aucun politique n'est venu s'associer à notre deuil !"

Ce père de famille pense également à sa famille, à son fils : "Nos familles sont traumatisées. Elles ont vu les images de l'attaque. Des enfants ont dit 'c'est le même camion que papa'. D'autres enfants ont dit 'Papa, je veux que tu arrêtes ce métier, je veux que tu restes à la maison. Personnellement je sais que je n'irai pas au boulot ces prochains jours. Je ne m'en sens pas capable. Il faut certes penser à nos finances mais bon l'argent ne remplace pas l'être humain. Qu'est-ce qu'on va faire de cet argent si on est mort ? On part le matin, notre famille nous dit 'à ce soir, je te préparerai le repas'. C'est peut-être ce qui s'est passé pour nos collègues. Le repas était chaud sur la table mais qui va le manger ?"