"Elle a commencé à vouloir me mettre les mains dans la figure" : un Ariégeois incendie la voiture de son ex-compagne après une dispute

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  • Le feu a également endommagé deux autres véhicules.
    Le feu a également endommagé deux autres véhicules. DDM, archives
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l'essentiel Un Ariégeois a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de Foix, le 7 mai, pour avoir incendié la voiture de son ex-compagne à La Tour-du-Crieu quelques jours auparavant à la suite d’une dispute.

La liste des infractions pour lesquelles Michel* comparaît devant le tribunal de Foix est assez longue : destruction de bien par moyen dangereux, violences sur son ex-conjointe, conduite sans permis et détention d’une arme non déclarée. Une audience durant laquelle la présidente devra intervenir plusieurs fois pour ramener au calme le prévenu, ses proches et les victimes.

Parents d’un enfant de 4 ans, Michel et Evelyne* sont séparés depuis trois ans, une rupture qui se passe mal. C’est ainsi que le ton en vient à monter lorsque Michel se présente pour récupérer son fils pour le week-end, le samedi 4 mai à La Tour-du-Crieu. Les raisons de la dispute restent obscures. Selon Evelyne, Michel, ivre et persuadé qu’elle venait de recevoir un SMS d’un autre homme, l’aurait insultée avant de menacer de l’écraser. Michel, lui, assure que son ex-compagne l’a traité de "grosse pédale", après quoi "elle a commencé à vouloir me mettre les mains dans la figure."

Une gifle part, que chacun des deux affirme avoir reçue, Evelyne tombe à terre et Michel, après avoir enfourné son fils dans la voiture, part en trombe, la portière avant toujours ouverte. Lors de l’enquête, une voisine témoignera que Michel a frappé Evelyne avant de la pousser. "La dame c’est sa copine, ça aide quand même beaucoup", rétorquera le prévenu durant l’audience.

Un incendie bien suspect

Il est environ 1 h 30 du matin lorsqu’Evelyne se rend compte que sa voiture est en train de brûler sur le parking de sa résidence, un incendie qui endommage au passage deux autres véhicules stationnant à côté. Aux gendarmes, elle explique que Michel a par ailleurs essayé de l’appeler deux fois en début de soirée, lui laissant des messages d’insultes.

L’enquête révèle bientôt des faits troublants. Le téléphone de Michel a ainsi cessé de borner entre 0 h 33 et 1 h 57, une période correspondant à celle de l’incendie. L’exploitation des images de vidéoprotection, elle, permet de repérer le véhicule de Michel, un utilitaire reconnaissable à l’échelle qu’il porte sur le toit et à son logo orange, circulant à Auterive en direction de Pamiers à 0 h 42, puis dans l’autre sens dix minutes plus tard. Il est ensuite identifié à La Tour-du-Crieu, dans le quartier où vit Evelyne, à 1 h 33. La perquisition menée au domicile du prévenu, qui vit chez sa mère, permet enfin de découvrir un jerrican dans le coffre de sa voiture et un fusil de chasse dans la salle de bains.

Des explications plus ou moins crédibles

Les explications très vives de Michel sonnent de manière plus ou moins crédible aux oreilles de la cour. Le fusil ? Celui de son père décédé sept ans plus tôt, conservé par sa mère pour raisons sentimentales. Le jerrican ? Il ne lui servirait qu’à remplir le réservoir du quad de son fils. Privé de son permis de conduire, Michel assure par ailleurs être allé chercher l’enfant avec sa mère, qui conduisait, puis avoir passé la soirée avec elle et son fils sans aller à La Tour-du-Crieu. Pressé de questions par la présidente sur les images montrant son véhicule, il finit toutefois par indiquer qu’il serait allé voir "une femme mariée" à Auterive.

Si le casier judiciaire de Michel ne comprend pas moins de 11 condamnations, dont une à 4 ans de prison pour vol aggravé, la plupart sont anciennes et rien ne lui a été reproché pendant 10 ans, jusqu’à ce qu’il soit condamné en 2023 pour des infractions routières qui lui valent un retrait de permis. Vendeur de fromages sur les marchés, l’homme a par ailleurs une activité réduite après avoir été victime d’une grave rupture d’anévrisme en 2021.

"C’est plié : quand on voit son casier judiciaire, il ne peut être que coupable"

Les parties civiles comme le parquet ne manquent pas de mettre en avant les contradictions entre les différentes versions des faits et les éléments de l’enquête, pointant un "désir de vengeance et un "acte réfléchi" autant que l’impulsivité du mis en cause et le risque de réitération de faits similaires. Assez pour que le procureur de la République requière 16 mois de prison ferme, la révocation d’un sursis antérieur de 6 mois, une interdiction de contact avec la victime pendant deux ans et l’interdiction de détenir une arme.

"C’est plié : quand on voit son casier judiciaire, il ne peut être que coupable", rétorque la défense, qui renvoie les deux parties dos à dos sur les violences et souligne les doutes qui entachent la responsabilité de son client quant à l’incendie du véhicule. Avec un relatif succès : Michel est relaxé pour la détention d’arme non déclarée, mais le tribunal le déclare coupable de tous les autres faits et le condamne à 12 mois de prison avec maintien en détention.

"La prison je vais la faire, pas de problème, lance Michel avant de quitter le box. Mais pour aller chercher mon fils quand je sors de prison, comment je fais ?"

* Les prénoms ont été modifiés
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