En Provence, la flambée du prix du litre d'huile d’olive n'a pas que des mauvais côtés - Monaco-Matin

En Provence, la flambée du prix du litre d'huile d’olive n'a pas que des mauvais côtés

La hausse délirante du prix du litre en grande distribution replace les huiles de Provence sur l’échiquier et amène le consommateur à s’interroger sur la réelle qualité des produits industriels à bas prix.

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Laurent Amalric Publié le 18/05/2024 à 07:30, mis à jour le 18/05/2024 à 07:30
André Lanza à la tête du Moulin des Minots à La Garde-Freinet défend la profession face aux huiles industrielles. (Photo Ph.A.)

L’huile d’olive, un produit de luxe? C’est en tout cas le chemin que "l’or liquide" est en train de prendre. En un an, le prix au litre a quasiment doublé. En cause, la sécheresse à laquelle fait face l’Espagne, premier producteur d’huile d’olive qui fait la pluie et le beau temps sur le marché.

Effet d’aubaine et stratégie anti-pénurie

"La production mondiale équivaut à 3,3 millions de tonnes avec comme plus gros consommateurs l’Espagne, l’Italie et les États-Unis. Il suffit que l’Espagne, qui fournit la moitié de cette production à elle seule, soit en difficulté pour que la situation devienne compliquée... Il se trouve que la péninsule ibérique enregistre moins 50% de volumes depuis deux années, soit 700.000 tonnes produites au lieu de 1,5 million de tonnes. Du coup, il ne reste que 2,5 millions de tonnes en offre sur le marché global et les prix flambent...", analyse Guillaume Assez, vice-président varois de FEDICO (Fédération de l’industrie et du commerce des huiles d’olive de France).

Les autres pays producteurs du bassin méditerranéen (principalement l’Italie, le Portugal, la Grèce et la Tunisie pour le marché français), s’ils ne connaissent pas de difficultés climatiques similaires, ont profité de cette tendance d’une demande supérieure à l’offre pour augmenter leurs tarifs. Et clairement s’enrichir!

Une mécanique de hausse des prix également stratégique, puisqu’elle est censée éviter une pénurie d’ici à la rentrée de septembre...

Hausses encore possibles...

"Le prix du kilo au moulin était jusque-là de trois euros en Espagne. L’an dernier, il est passé à environ 5 euros pour atteindre 9 euros aujourd’hui. Ce qui se traduit par un prix qui a doublé en magasin. Nous sommes passés de 6 à 7 euros le litre à 12-14 euros. Et des hausses sont encore possibles, même si nous espérons un retour à la normale courant 2025", poursuit Guillaume Assez, basé à Salernes.

Pour bien comprendre la situation, précisons que 80% de la production espagnole est localisée en Andalousie dont les réserves d’eau étaient en berne ces dernières années et par conséquent incapables de jouer leur rôle d’irrigation de façon optimale...

Cette année, les indicateurs sont à nouveau favorables, ce qui laisse supposer le retour d’une production espagnole forte et donc une embellie mondiale.

Bouteilles cadenassées

En attendant, l’or liquide serait devenu le produit le plus volé dans les supermarchés d’Espagne, où les bouteilles sont désormais parfois cadenassées...

De son côté, la production française, et plus particulièrement provençale, bien entendu infime par rapport aux volumes espagnols (1), tient bien le choc. Elle gagne même en compétitivité sur nos étals comme en témoignent les oléiculteurs du cru qui profitent de l‘occasion pour orienter le consommateur habitué aux huiles industrielles - mais devenues moins intéressantes économiquement parlant - vers une "huile locale de qualité".

 

1_ L’huile d’olive d’origine française ne représenterait pas plus de 4% du marché national.

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