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Étienne Daho et Eddy de Pretto en majesté à Art Rock

Étienne Daho, sur scène.
Étienne Daho, sur scène. Gwendal Le Flem

Dans le cadre d’une carte blanche, le parrain de la pop française a convié la jeune scène française au festival breton de Saint-Brieuc.

En plus de quarante ans d’existence, le festival Art Rock, à Saint-Brieuc, n’avait jamais accueilli Étienne Daho. Le Rennais d’adoption était heureux de s’y produire dimanche soir, dans le cadre d’une carte blanche offerte par l’équipe de programmation de la manifestation. Les 15 et 16 mai derniers, le chanteur donnait, au Zénith de Paris, les deux derniers concerts d’une tournée en salles qui a sillonné le pays entier depuis l’automne 2023.

Avec cette première date en festival avant bien d’autres, Daho étrennait une formule légèrement différente de son nouveau spectacle, aboutissement scénique de son album Tirer la nuit sur les étoiles, sorti l’an passé. Rarement aura-t-on vu le chanteur de «Premier jour du reste de ta vie» aussi solaire que sur la grande scène sise en plein centre de Saint-Brieuc. Au milieu d’une soirée consacrée à nombre de ses protégés (François & the Atlas Mountains, Lou Doillon, Calypso Valois, Flavien Berger), l’homme aux 40 ans de carrière a signé un beau panorama d’un parcours jonché de tubes. Et ils étaient tous au programme : Week-end à Rome, Épaule Tattoo, Saudade, Tombé pour la France, Heures hindoues. Autant de morceaux de bravoure qui composent la bande-son de la France des quatre dernières décennies, des soubresauts de la new wave à l’electro pointue, en passant par la grande chanson française.

Un Daho épanoui

Très bien accompagné par des musiciens de haut vol (François Poggio à la guitare, Jean Louis Piérot aux claviers, Marcello Giuliani à la basse et Colin Sureil à la batterie, ainsi que 4 cordes), Étienne Daho, très en voix, a fait chavirer un public familial et intergénérationnel. Comme si l’enfant du pays venait recueillir les brassées d’amour d’une foule de fidèles. Très chaleureux, communiquant volontiers avec le public, c’est un Daho épanoui qui a assuré un show réglé avec minutie, sans négliger la spontanéité. Un raccourci saisissant de ce que la pop made in France a de meilleur à offrir.

Après lui, Eddy de Pretto a dessiné les contours de la scène française actuelle. Le trentenaire, révélé il y a moins de dix ans, est désormais un poids lourd. Dans la foulée d’un troisième album à succès, le chanteur présente le plus ambitieux de ses spectacles. Une scénographie sophistiquée, qui innove beaucoup et instaure un rapport inédit entre l’artiste et son public. En débardeur, jean porté haut et grosses chaussures, Pretto déambule sur une structure métallique évolutive centrée autour d’un écran au format d’un panneau publicitaire. Seul sur scène, il présente les musiciens présents derrière lui sur l’écran, filmés et enregistrés quelques semaines auparavant. Le trucage est confondant : on croit vraiment entendre le chanteur accompagné par des musiciens en direct.

Le «set» tonique d’Eddy de Pretto

Au cours d’un «set» tonique, aux enchaînements soignés et assez virtuoses, le chanteur jouera l’essentiel de ses trois disques. Des pièces de bravoure comme Kid, écrit en 2007 et toujours aussi percutant dans sa dénonciation de la virilité abusive. Le texte, au vitriol, n’a rien perdu de son pouvoir et de son insolence. Les arrangements virent un peu au jazz-rock dans ce titre dont Pretto se vante qu’il est désormais étudié dans les manuels scolaires. Autre pièce de choix, Papa sucre est l’objet de fausses pubs grinçantes, mettant en scène un Sugar Daddy 2.0. «Donne-moi du cash, daddy» scande l’artiste, titillant le public en demandant s’il y a des papas sucre dans l’assemblée. Assez théâtral dans sa gestuelle, Eddy de Pretto n’a pas besoin de haute technologie pour être percutant. Avec une simple chaise en bois, l’homme possède un charisme qui fait mouche. Mais la présence d’un drone qui le filme sous toutes les coutures confère une modernité au show. D’une voix très assurée, Pretto est capable d’émouvoir autant dans un morceau piano/Voix qu’avec une sono poussée à fond. «Une salle de concerts, c’est un peu comme GrindR ou Tinder» lâche-t-il. On sait tout de suite si l’on aura des choses à se dire« déclare-t-il, manière de compliment en creux au public qui l’acclame. Un véritable triomphe qui rachète la déception de son troisième album. Sur scène, les chansons s’incarnent, deviennent lisibles et donnent à Eddy de Pretto toute la dimension qu’il a.

Étienne Daho et Eddy de Pretto en majesté à Art Rock

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4 commentaires
  • anonyme

    le

    Un filet de voix ?! C’était magique dimanche soir quand il chantait ! L’article du Figaro relate très bien la prestation d’Etienne Daho ! J’écoute en boucle depuis lundi ses albums…je suis devenue fan !

  • Marcie1

    le

    Un chanteur qui n'a qu'un filet de voix c'est très français

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