« Seuls ceux qui savent s’adapter pourront s’en sortir »

« Seuls ceux qui savent s’adapter pourront s’en sortir »

« Seuls ceux qui savent s’adapter pourront s’en sortir »
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Dix pour cent du vignoble touché par l’arrachage, soit quelque 300 hectares. C’est le chiffre avancé, en début d’année, par le Syndicat des Côtes de Bourg, très réticent, comme son voisin blayais, à soulever la question. Mais qu’on en parle ou non, la réalité est là.

Une réalité que Damien Dupuy connaît. Sur les 70 hectares de Côtes de Bourg que possédait son domaine, huit ont été supprimés, sur des terres situées à Tauriac, « les plus éloignées du domaine, où les vignes n’étaient pas les mieux positionnées et ne produisaient pas les meilleurs vins. L’idée était de vraiment se concentrer sur les vignes ayant le meilleur potentiel qualitatif », explique le vigneron.

Une décision évidemment difficile à prendre : « C’étaient de belles vignes. Aujourd’hui, c’est un terrain vide, ça me fait mal au cœur. Mais malheureusement, je ne suis pas le seul, il suffit de se promener dans la campagne pour s’en rendre compte. Et ce n’est pas l’aide compensatoire promise, qu’attend Damien Dupuy, « on ne sait pas trop quand cela arrivera », qui fera taire les regrets. Même si, d’un point de vue comptable, ils sont les bienvenus. “Mais ce n’est pas cela qui va nous sauver.”

Réduire les coûts

Le jeune vigneron explique clairement ce qui l’a conduit à ce déracinement : « Il n’y a pas si longtemps, les valeurs étaient définies. Le vin resté en cave était assemblé et vendu en vrac à Bordeaux. Aujourd’hui, ce qui ne se vend pas s’accumule chaque année. Pour être clair, avant l’arrachage, j’avais une production de 70 hectares et je n’ai vendu que l’équivalent d’une superficie de 55 à 60 ha. C’était vraiment de l’argent dépensé pour rien, en production et en stockage.

Cette question de surproduction a commencé à se manifester il y a quatre ou cinq ans : « Là encore, je ne suis pas seul, sur l’ensemble du Bordelais, on atteint 25 % de surproduction », précise-t-il. Face à cela, Damien Dupuy a rapidement réagi : “Nous avons accru nos efforts commerciaux, développé la vente directe de bouteilles aux Etats-Unis et au Canada, mais c’est quelque chose qui prend du temps.”

« J’ai vécu cette partie de ma vie, que pouvais-je faire d’autre ? “

Le redresser a donc été l’option la plus immédiate, choisie pour entretenir le domaine, « nous avons retrouvé la taille d’il y a quinze ans ». Mais encore une fois, cette solution n’est pas satisfaisante. « Et puis, quelle sera la prochaine étape ? Si on continue, on risque de mettre en danger la qualité du vin », estime Damien Dupuy. Il confie avoir mis en place une autre action pour limiter les dépenses : « Avant, chaque année, nous remplaçions 100 % des vignes mortes sur 100 % du vignoble. Là, on est allé à 30 %. Cela permet d’économiser du temps et du carburant. Nous essayons d’optimiser la gestion à tous les niveaux et c’est aujourd’hui le cas.

Dans ce contexte morose, le vigneron avoue qu’il est parfois difficile de se lever chaque matin, « mais j’ai une famille qui dépend de ça, d’investissements à assumer. J’ai vécu cette partie de ma vie, que pouvais-je faire d’autre ? « .

Combattre

Touché mais pas dépassé, Damien Dupuy énumère ses options : « Travailler encore plus sur la qualité, développer les aspects commerciaux ». Et tenez bon jusqu’à ce que le mauvais vent qui secoue le vignoble bordelais souffle ailleurs. « Cela ne va pas changer du jour au lendemain. La question du pouvoir d’achat est là, le vin est un produit de plaisir et accessoire, on peut s’en passer. Après, il n’est pas impossible de reconquérir des parts de marché. C’est en tout cas dans cet esprit qu’il se situe.

DONC ? Optimiste pour l’avenir ? « Non, car tout le monde ne pourra pas s’en sortir. Mais nous traversons un moment difficile et les gens qui s’en sortiront sont ceux qui sauront faire des cuvées adaptées, fonctionner avec des techniques et des réseaux commerciaux également adaptés. J’espère que nous serons l’un d’entre eux. C’est fragile mais nous allons nous battre pour préserver tout ce qui est encore là aujourd’hui. »

Les vignobles Dupuy

Cépages. Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Malbec.
Vins. Château Labadie, Château Laroche Joubert et cuvée Gabin (100% merlot).
Production. 400 000 bouteilles par an.
Prises électriques. Les cavistes et cavistes-grossistes de l’ouest de la , exportent directement ou par l’intermédiaire de négociants, 30% des ventes vont à la grande distribution et un peu de vente directe.

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