Nemo relance le débat sur le troisième genre et l'UDC proteste
Suisse
eurovision

Nemo relance le débat sur le troisième genre et l'UDC proteste

La victoire de Nemo relance le débat sur le troisième genre.
Après sa victoire à l'Eurovision, Nemo, se retrouve sous le feu des projecteurs. Il prévoit de rencontrer le conseiller fédéral Beat Jans.Image: keystone/watson

Le combat de Nemo agace à l'UDC

Nemo est non-binaire. En Suisse, légalement, ce genre n'existe pas. Lio Brändle du Transgender Network est clair: «Avec l'introduction d'un troisième genre, rien n'est enlevé à personne» – l'UDC voit les choses différemment.
14.05.2024, 11:5914.05.2024, 14:01
Juliette Baur
Juliette Baur
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Avec la victoire de Nemo au concours Eurovision, le débat sur le troisième genre a été poussée sur le devant de la scène politique suisse. Les efforts en faveur de cette inscription existent depuis plusieurs années déjà, mais rien n'a encore bougé sur le plan juridique. Dans le registre d'état civil, on ne retrouve que les mots «homme» ou «femme».

Ce que dit le Transgender Network Switzerland

Pour la communauté LGBTQ+, la victoire de Nemo est une lueur d'espoir pour faire changer les choses: «Que Nemo ait gagné, c'est génial pour la communauté non binaire», déclare Lio Brändle du Transgender Network Switzerland. Et d'ajouter:

«Cela visibilise une catégorie de la population qui restait jusqu'à présent peu voyante en Suisse. Nous avons longtemps souffert de cette situation. Nous ne pouvons pas inscrire notre identité de genre dans le registre d'état civil. Cela influence grandement notre santé mentale et physique – dans un sens négatif. Il est temps d'obtenir une reconnaissance juridique pour toutes les identités de genre en Suisse. Après tout, ça existe déjà en Autriche et en Allemagne.»

Avant même la victoire de Nemo, le Transgender Network et d'autres acteurs ont écrit une lettre ouverte intitulée «Break the code! Pour la reconnaissance des personnes non binaires» (le texte du courrier à signer est en allemand) au Conseil fédéral et au Parlement. Les auteurs de la lettre demandent l'introduction d'une troisième option de genre et écrivent:

«Pour la Suisse, c'est un petit pas. Pour toutes les personnes non binaires, c'est un pas de géant pour une vie sans discrimination, dans le respect et la dignité»

Mardi, six jours après la parution de la lettre, près de 14 000 personnes l'avaient déjà signée. Parmi les signataires, on trouve plusieurs élus, dont notamment le conseiller national socialiste Islam Alijaj, la présidente des Verts Lisa Mazzone et la coprésidence du PS composée de Mattea Meyer et Cédric Wermuth.

Nemo rencontre Beat Jans

La situation des personnes non-binaires en Suisse pourrait désormais évoluer, car le conseiller fédéral et ministre de la Justice Beat Jans (PS) s'est montré prêt à rencontrer Nemo pour un entretien «également sur les droits des personnes queers».

Beat Jans (Vorsteher des Eidgenoessischen Justiz- und Polizeidepartementes der Schweiz) an einer Medienkonferenz in Basel, am Montag, 22. April 2024. Die Schweiz war dieses Jahr Gastgeberin des Arbeit ...
Beat Jans.Keystone

L'artiste a déclaré qu'iel se réjouissait de prendre ce café avec le ministre de la Justice. Fait explosif: en décembre 2022 encore, le Conseil fédéral avait clairement indiqué dans un rapport sur la réalisation de deux postulats du Parlement qu'il considérait que les conditions pour l'introduction du troisième genre n'étaient pas remplies.

On ne sait pas encore exactement ce que Nemo demandera lors de cet entretien. Qu'en pense Lio Brändle du Transgender Network? «Je ne peux pas dire ce que Nemo demandera exactement à Beat Jans, mais iel s'est fortement engagé en faveur de la troisième mention de genre lors des entretiens précédents», explique-t-il. «C'est très bien que l'on parle enfin de ce sujet, car il mérite plus d'attention.» Et de conclure:

«Avec l’introduction d’un troisième genre, on n’enlève rien à personne»

Ce que dit le Conseil fédéral

En décembre 2022, le Conseil fédéral a refusé d'inscrire une troisième identité de genre dans le registre de l'état civil. Il écrivait alors que l'ordre juridique suisse repose, «sur la base d'une tradition sociale séculaire», sur le modèle binaire des sexes. Toutes les normes juridiques se réfèrent en effet aux deux genres: «féminin» et «masculin».

Ce que dit Benjamin Fischer de l'UDC

Les critiques contre une troisième option proviennent surtout de la droite. Interrogé par watson, le conseiller national UDC Benjamin Fischer argumente: «Pour introduire un troisième sexe, il faudrait d'abord supprimer toutes les différences entre les femmes et les hommes dans les lois et les ordonnances. Par exemple en ce qui concerne le service militaire et le service de protection, dans le droit des assurances sociales pour la rente vieillesse et la rente de veuve, dans les cas de perte de gain, de chômage ou de maternité».

Benjamin Fischer, SVP-ZH, stellt eine Frage waehrend der Debatte um das Verbot von Nazisymbolen waehrend einer Sondersession des Nationalrats, am Mittwoch, 17. April 2024, im Nationalrat in Bern. (KEY ...
Le conseiller national UDC Benjamin Fischer estime qu'aucune adaptation n'est nécessaire.Image: KEYSTONE

Chacun est libre de se sentir et de vivre comme il l'entend, il n'est pas nécessaire pour cela de modifier l'inscription officielle du genre, déclare Benjamin Fischer. Et d'ajouter:

«Ouvrir à un genre social ou ressenti n'a pas de sens, car il s'agit d'un spectre, c'est-à-dire d'un nombre infini de genres. Ce n'est pas à l'Etat d'enregistrer officiellement les sentiments.»

Traduit et adapté par Tanja Maeder

Immersion dans le plus grand bunker d'or privé de Suisse
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
3 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
3
Les CFF testent un nouvel abonnement plus économique que l'AG
Depuis la mi-mai, les voyageurs peuvent tester la nouvelle application de suivi. L'éventuelle révolution tarifaire dépendra de leurs retours.

C'est un trajet très utilisé par les pendulaires, le voyage en train de Zurich à Berne et retour. Ceux qui l'empruntent régulièrement ont probablement un abonnement général (AG). Cependant, cet AG, qui coûte maintenant près de 4000 francs, n'est pas toujours rentable. Par exemple, pour ceux qui ne se rendent au bureau que deux jours par semaine, il faut faire un calcul précis. Or, dans la jungle tarifaire actuelle, ce n'est pas une tâche si simple.

L’article