PdA : l’après Jean-Gilles Pelletier
le Jeudi 9 mai 2024
le Jeudi 9 mai 2024 8:59 Arts et culture

PdA : l’après Jean-Gilles Pelletier

  Photo : Archives
Photo : Archives
Après la démission du désormais ex directeur général de la Place des Arts du Grand Sudbury, Jean-Gilles Pelletier, le Conseil d’administration compte recruter, dans un premier temps, un DG intérimaire, pour mettre en application le nouveau plan d’affaires de la PdA, que le président René Lapierre soumettra à l’approbation des membres du CA, le jeudi 16 mai.
PdA : l’après Jean-Gilles Pelletier
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La nouvelle de la démission de Jean-Gilles Pelletier de son poste de directeur général de la Place des Arts avait surpris dans la communauté, le 29 avril dernier, lorsque le président du CA de la PdA, René Lapierre avait écrit aux employés pour leur partager la «regrettable» nouvelle. 

Le contenu du courriel s’est vite répandu dans le Grand Sudbury, et les premiers commentaires mettaient en avant la question du déficit budgétaire. Pourtant, la PdA avait fait état de son bilan financier négatif le 30 novembre 2023, à l’occasion de son Assemblée générale annuelle(AGA). Ce jour-là, Jean-Gilles Pelletier avait fait état d’un excédent des dépenses sur les revenus de 710 785 $.  

Il faut savoir que la PdA reçoit un total de 460 000 $ de subventions par an, réparties comme suit : 260 000 $ de la Ville du Grand Sudbury, 125 000 $ de Patrimoine Canada et 75 000 $ du Conseil des arts de l’Ontario. La PdA ne reçoit aucune subvention du gouvernement provincial. 

«Le bilan financier déficitaire ne peut pas être la seule raison, autrement Jean-Gilles Pelletier aurait démissionné au lendemain de l’AGA. Jusqu’à la semaine avant sa démission, il travaillait fort sur le nouveau plan d’affaires», affirment au Voyageur des sources concordantes à la PdA. 

De son côté, le président René Lapierre fait savoir qu’il avait été lui-même surpris par la décision de Jean-Gilles Pelletier. 

«Il m’a appelé le samedi (27 avril) au téléphone, pour me dire qu’il se retirait pour des raisons personnelles. Plus tard dans la journée, il m’a fait parvenir sa démission écrite», confie-t-il.

Le CA procèdera, dans un premier temps, au recrutement d’un DG intérimaire, en attendant d’engager un processus d’embauche. «Nous pourrions faire appel à une firme externe pour la gestion», déclare-t-il.

«Les dernières semaines étaient difficiles»

Plusieurs sources ont indiqué au Voyageur que les dernières semaines étaient particulièrement difficiles à la Place des Arts, dans le sens où l’équipe technique chargée de la programmation des spectacles était arrivée à bout de ses forces, avec notamment le manque de personnel.  

Le président du CA confirme que le directeur technique, Ivan Pitr, est très bon et qu’il a une belle équipe, mais que ce n’est pas évident de trouver deux comme lui dans le Nord de l’Ontario. «Nous faisons néanmoins appel à des pigistes, de temps à autre, pour renforcer l’équipe», précise-t-il. 

Nos sources assurent que l’équipe technique fait parfois plus de trente heures le week-end, lorsque plusieurs spectacles s’enchaînent à la PdA.  

Des spectacles qui de plus ne sont pas toujours rentables pour la PdA, puisque la location de la grande salle, par exemple, dont le prix est fixé à 1000 $, ne couvre pas toutes les charges. 

Le dilemme communautaire  

Selon le président René Lapierre, l’une des recommandations contenues dans le nouveau plan d’affaires, réalisé par un cabinet d’expert du nom de Brynaert Brennan et Associé.e.s, domicilié à Ottawa, est de voir la possibilité d’augmenter le prix des espaces réservés à la location à la PdA. 

«Mais avant cela, nous allons voir la moyenne des prix de location en cours à Sudbury, pour voir dans quelle fourchette nous nous situons», indique M.Lapierre. 

La Place des Arts, qui n’a pas le statut d’un centre communautaire, se retrouve depuis son ouverture face à ce dilemme de trouver un équilibre entre l’aspect communautaire et l’aspect strictement commercial. 

«Jean-Gilles Pelletier n’a jamais voulu voir la PdA comme un centre communautaire. Il avait été sollicité par un organisme (NDLR : CFA) pour des séances de danse dans le studio Desjardins, mais il n’a pas accepté, pour des raisons de rentabilité», soutiennent nos sources. 

René Lapierre, qui reconnaît le défi de joindre l’utile à l’agréable, c’est-à-dire contenter la communauté tout en assurant une rentabilité, compte également sur la perspective de décrocher de nouvelles subventions, pour apporter cet équilibre.

«Le nouveau plan d’affaires a identifié des programmes et des sources de subventions pour lesquels nous pouvons ajuster certaines de nos activités, sans avoir à modifier les statuts de la PdA, pour aller chercher de l’argent», dévoile-t-il. 

La nécessité de doubler les subventions

De nouvelles sources de subventions constitueront, effectivement, une bouffée d’oxygène pour la PdA, étant donné que le budget actuel suffit seulement à couvrir les frais d’exploitation. 

«Le 1er janvier de l’année, et je parle seulement pour ouvrir les portes de la PdA, à savoir l’hydro, la chaleur, l’eau, l’entretien… nous avons besoin de 425 000 $. Ceci, sans parler des charges liées aux employés», relève-t-il. 

La PdA compte 9 employés à temps plein. Avec les salaires et les avantages sociaux, René Lapierre affirme qu’il faudra multiplier par deux le montant total des subventions actuelles (460 000 $) pour atteindre un tant soit peu un équilibre budgétaire. 

Cela permettra à la Place des arts de procéder à des recrutements pour renforcer l’administration, qui croulerait actuellement sous la charge du travail. 

«La PdA connaît un certain retard dans l’établissement et le paiement des factures. Des producteurs de spectacles tenus en janvier 2024 n’ont pas encore été payés», attestent nos sources. 

M.Lapierre, qui ne nie pas cette situation, assure qu’elle n’est pas toutefois insurmontable. 

«Nous avons une bonne équipe au CA, qui travaille bien ensemble. Nous allons tout à fait être capables de surmonter ces défis», ajoute-t-il. 

René Lapierre affirme que d’autres solutions sont contenues dans le nouveau plan d’affaires, mais qu’il ne convient pas de tout dévoiler, avant sa présentation le 16 mai prochain, devant les membres du CA de la Place des Arts.