Jérémy Ferrari fait ses premiers pas au cinéma dans "Roqya" avec Golshifteh Farahani - Var-Matin

Jérémy Ferrari fait ses premiers pas au cinéma dans "Roqya" avec Golshifteh Farahani

Les deux comédiens sont à l’affiche de "Roqya", une chasse aux sorcières qui pose des questions sur notre époque et l’impact des réseaux sociaux.

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Cédric Coppola Publié le 15/05/2024 à 15:00, mis à jour le 15/05/2024 à 15:00
Les deux comédiens sont à l’affiche de "Roqya", une chasse aux sorcières qui pose des questions sur notre époque et l’impact des réseaux sociaux. Photo Icono Clast - Lyly Films - France 2 Cinema

Golshifteh Farahani, vous êtes souvent à l’affiche de premiers films. Quel moteur vous a poussée à vous engager sur celui-ci?

Golshifteh Farahani: Je suis un animal qui travaille beaucoup sur des intuitions. Lorsque j’ai rencontré le réalisateur Saïd Belktibia, il était venu me donner le scénario, mais il était évident que j’allais travailler avec lui. Comme si le destin s’en mêlait, nous avons eu une petite discussion sur sa mère, dont il s’est inspiré pour cette histoire, et avec quelques mots… il m’avait tout dit! Il est vrai que je tourne dans pas mal de premiers longs-métrages, mais je ne les juge pas comme tel. Bien entendu, la plupart sont entourés de doutes, de questions… Or ce n’était pas le cas de celui-ci où on était dans le concret. Cependant, en raison du petit budget, le tournage n’était pas facile. On était toujours pressé par le temps et il fallait constamment faire des compromis. Saïd savait parfaitement gérer ces aléas.

Jérémy Ferrari, "Roqya" marque vos débuts au cinéma… De quelle manière avez-vous abordé ce rôle?

Jérémy Ferrari: Étant quelqu’un de très angoissé, j’ai vraiment besoin de me sentir aimé pour être bon. Cela ne sert à rien de me faire marcher au bâton… Parce que je me bastonne tout seul. Il est donc nécessaire de me rassurer, qu’on me dise que c’est bien et ainsi, je vais me convaincre de pouvoir faire encore mieux. Avec Saïd, on se connaît depuis des années. Nous avons déjà fait un court-métrage ensemble et il me suit depuis un long moment pour réaliser un documentaire sur moi. Sa proposition d’être dans ‘‘Roqya’’ m’a d’autant plus séduit que ce rôle se différencie des comédies qu’on a pris l’habitude de m’envoyer… Non pas qu’elles soient de mauvaises qualités, mais je suis tellement qualifié comme humoriste, qu’il était important à mes yeux de ne pas débuter au cinéma dans ce registre et, par la même occasion, de montrer d’autres facettes de mon talent.

Vous retrouver en face de Golshifteh Farahani, une actrice qui a une très grande expérience, c’était intimidant ou, au contraire, un moteur pour se surpasser?

J. F.: Si on ne connaît pas Golshifteh, on peut vite être impressionné par son jeu et ne pas réussir à être à la hauteur lorsqu’on lui donne la réplique. Or, dans la vie, elle est bienveillante, humble et constamment dans le partage. Au point qu’à ses côtés, le stress s’évacue immédiatement. Nous avons donc rapidement trouvé notre mélodie et proposé des choses à Saïd, jusqu’à lui demander de modifier certaines scènes, car on souhaitait qu’entre nos deux personnages, ce soit encore plus bestial, plus physique.

Golshifteh Farahani, dans ce film, vous tournez également beaucoup avec un enfant qui joue votre fils, ces scènes sont-elles difficiles à aborder?

G. F.: Je ne me considère pas comme acteur… mais comme réacteur, c’est-à-dire que je réagis à ce que je vois. Parfois, il arrive de se retrouver face à des partenaires qui sont dans leur univers, en train de jouer seuls de leur côté. Lorsque cela se produit, je vais vers eux et leur demande qu’on soit dans l’échange. À ce niveau, ce n’est donc pas si important que la personne en face ait, ou pas, de l’expérience. Les enfants ont cette particularité d’être seulement dans la présence et si on se fait confiance l’un l’autre, une espèce de flow se dégage. Ils ont aussi la faculté d’être vierges, pas contaminés par le monde du cinéma. Grâce à cette attitude, l’inattendu finit par surgir.

Vous êtes également souvent à l’affiche de blockbusters américains tels ‘‘Tyler Rake’’, ‘‘Pirates des Caraïbes’’, ‘‘Mensonges d’états’’… Budget mis à part, s’agit-il d’un cinéma totalement différent de son homologue européen?

G. F.: Le cinéma américain ose mettre en scène des personnages qui sont dans des zones grises, limites mauvaises... Ces gens peuvent faire preuve de violence, tuer… Mais en même temps, on les aime, car ces comportements ajoutent des couches psychologiques. Nour, que j’incarne dans ‘‘Roqya’’, s’inscrit dans cette veine. Elle peut dire des gros mots, taper, être chiante… Pourtant, on s’attache à elle. J’aime spécialement cet aspect. Peut-être à cause de mon physique ou de mon vécu qui font que j’ai tendance à être trop angélisée… Là, cette femme est borderline. Si on avait poussé un peu plus le curseur, ça n’aurait pas fonctionné. Il était nécessaire de faire comprendre que sa lutte est légitime.

Le film aborde également la problématique, très importante, de la violence faite aux femmes…

J. F.: Nour subit de la violence dans ce film. Mais est-ce une femme battue? Au départ, je détestais ce que représente Dylan, que j’interprète, et la première discussion que j’ai eue avec mon coach, lors de la préparation, portait sur ce sujet. Je définissais cet homme comme un gars violent envers sa femme en imaginant qu’il devait même la frapper. Or, on ne voit pas de tels agissements à l’écran. On m’a donc conseillé de ne pas aller plus loin, de m’en tenir au script. Ce rapport de couple est complexe, parce qu’elle aussi le pousse, l’attrape. Cela ne va jamais plus loin, mais ils sont très physiques… ce qui doit correspondre à une certaine forme d’amour entre eux. Ensuite, et c’est totalement autre chose, il y a la violence que Nour va subir dans la rue lorsqu’elle est pourchassée par des gens qui veulent la brûler. Mon personnage laisse faire… Et ça, pour le coup, c’est abominable, car c’est comme s’il lui faisait du chantage affectif en lui disant ‘‘remets-toi avec moi ou sinon tu vas mourir’’.

L’histoire

Nour (Golshifteh Farahani) vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu’une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver. La traque commence…

Notre avis

Produit par Ladj Ly et légèrement teinté de surnaturel, « Roqya » s’impose davantage comme un drame social, voire un film d’action… Précisément, c’est sur cet aspect que Saïd Belktibia se montre le plus inspiré.
Impeccable dans le rôle d’une femme de tempérament, fougueuse et déterminée, Golshifteh Farahani insuffle l’épaisseur nécessaire à cette mère intrépide prête à tout pour son enfant… Alors qu’elle est victime d’une dangereuse chasse aux sorcières. Une idée prétexte pour évoquer avec malice la violence engendrée par les réseaux sociaux, qui font rapidement devenir une fausse information virale, quitte à broyer des vies. Nour pratiquant les sciences occultes devenant alors une cible facile… Son désir de vengeance n’en sera que plus terrible.
Pertinent dans son fond, ce premier long-métrage a, en revanche, tendance à se perdre dans les nombreuses pistes qu’il essaie d’explorer. L’aspect mystique ou encore la relation de couple entre l’héroïne et son ancien compagnon, incarné par un surprenant Jérémy Ferrari, ne sont en effet que peu approfondis.

De Saïd Belktibia (France). Avec Golshifteh Farahani, Amine Zariouhi, Jérémy Ferrari... Action/Thriller. 1 h 37.

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