Publicité

Raphaël Quenard : «Cette année au Festival de Cannes, je vais la jouer calme»

L'acteur Raphaël Quenard, au talent aussi stupéfiant qu'évident, défend deux films à Cannes, Le Deuxième Acte et L'Amour ouf.
L'acteur Raphaël Quenard, au talent aussi stupéfiant qu'évident, défend deux films à Cannes, Le Deuxième Acte et L'Amour ouf. Presse

INTERVIEW - Nous avons rencontré l'acteur au talent aussi stupéfiant qu'évident, à la veille du Festival de Cannes, où il défend deux films Le Deuxième Acte et L'Amour ouf.

«La photographie, c'est la vérité, et le cinéma, c'est vingt-quatre fois la vérité par seconde…» La citation de Jean-Luc Godard résonne particulièrement dans la vie de Raphaël Quenard, pour qui la fiction concentre «le beau, le drôle, l'innovant, le créatif…, tout ce qui est de nature à égayer notre réalité». Au cinéma, ses performances dans Chien de la casse, de Jean-Baptiste Durand, et Yannick , de Quentin Dupieux, lui ont valu de se démarquer aux Césars, en février dernier.

Il a été nommé à la fois dans la catégorie meilleur espoir masculin (qu'il a remporté) et dans celle du meilleur acteur. Actuellement à l'affiche des Trois Fantastiques, de Michaël Dichter, il est attendu dans trois autres films cette année. Parmi eux, Le Deuxième Acte , de Quentin Dupieux, avec Vincent Lindon, Léa Seydoux et Louis Garrel (qui a ouvert le Festival de Cannes le 14 mai), et L'Amour ouf, de Gilles Lellouche, sélectionné en compétition officielle. Une double montée des marches qui ne semble pas effrayer le nouveau prince du cinéma français.

Madame Figaro. – Qu'attendez-vous du Festival de Cannes ?
Raphaël Quenard. N'ayant pas vu les films dans lesquels je joue, j'ai hâte de les découvrir dans la grande salle du Palais des festivals avec le public. Avant la projection, je risque d'être excité comme un enfant la veille d'un tournoi de foot ! Je sais aussi qu'il va falloir que je me ménage un peu… Il y a deux ans, je suis allé à Cannes pour présenter quatre films : Coupez !, de Michel Hazanavicius, Novembre, de Cédric Jimenez, Fumer fait tousser, de Quentin Dupieux, et La Cour des miracles, de Carine May et Hakim Zouhani, et je n'avais alors pas bien anticipé le rythme effréné du festival. Cette année, je vais la jouer plus calme : après le film, une coupe de champagne et au lit !

Quentin Dupieux ne souhaite rien dévoiler de son film. Que pouvez-vous (quand même) nous dire sur Le Deuxième Acte  ?
Le scénario m'a fait l'effet d'une bombe. Quentin Dupieux pousse le curseur encore un peu plus loin. Il frôle la frontière entre le bien et le mal, le juste et l'injuste, la réalité et la fiction. Sur le tournage, je dois dire que je me suis régalé avec Léa Seydoux, Vincent Lindon et Louis Garrel, que je ne connaissais pas avant.

Vous retrouvez Dupieux pour la quatrième fois. Quel plaisir avez-vous à travailler avec lui ?
Ce cinéaste enjolive ma vie en m'offrant des rôles qui sont de véritables cadeaux. Et puis, c'est une chance de pouvoir côtoyer un artiste que je trouve aussi génial et fascinant depuis toujours. Mon frère et moi regardions en boucle ses films, et je me vois encore me rouler de rire par terre devant la télé, notamment devant Wrong Cops, avec Mark Burnham.

Dans Le Deuxième Acte , Quentin Dupieux frôle la frontière entre le bien et le mal, le juste et l'injuste, la réalité et la fiction

Raphaël Quenard

La bande-annonce de Deuxième Acte montre que les quatre acteurs, dont vous faites partie, veulent tirer la couverture à eux. Les comédiens sont-ils tous égocentriques ?
Comme dans tous les métiers, il y en a, mais certains savent mieux que d'autres tempérer. On a l'impression que les acteurs sont autocentrés, mais dans la vie, il arrive que ce soit tout l'inverse. Nombre d'entre eux ne sont pas capables d'exprimer leurs sentiments, alors que le jeu les met dans des situations d'une grande impudeur, en faisant appel à des choses très intimes. Pour connaître un acteur, il est d'ailleurs parfois plus utile de voir ses films que de lire ses interviews. Un regard, même au cinéma, ne trompe pas, et on peut y déceler une vie, une âme. J'ai l'impression qu'on ne peut pas tricher, et certains acteurs, tel Raimu, transcendent de vérité et de pureté. Avec lui, le spectateur ne perçoit rien du dispositif, tout est traversé, bien ancré, c'est quasiment du documentaire.

Pourquoi faites-vous du cinéma ?
L'objet final (le film) me passionne tant que je suis tout aussi curieux d'en connaître sa fabrication. C'est la même excitation, le même émerveillement qu'un apprenti magicien qui découvrirait le mécanisme d'un nouveau tour. C'est pour cela que je me lance dans la réalisation d'un premier long-métrage avec Hugo David, avec qui j'avais coréalisé le court, L'Acteur, ou la surprenante vertu de l'incompréhension. Le cinéma me permet aussi de rencontrer des personnalités atypiques. Sur un plateau, on peut croiser un ex-pilote de F1, un chercheur, un apiculteur... Des parcours très différents cohabitent et ces rencontres sont toujours enrichissantes. Enfin, le cinéma me soigne l'esprit, il m'ouvre au monde et développe mon imaginaire. Même mes rêves, la nuit, sont devenus plus fous.

Quel réalisateur a été Gilles Lellouche sur L'Amour Ouf  ?
Il a su créer une atmosphère incroyable où le collectif régnait. Tel un coach de foot, il célébrait chaque bon plan avec l'équipe au complet, tout en gardant une exigence folle. Dans cette histoire d'amour entre Clotaire (François Civil) et Jackie (Adèle Exarchopoulos), deux adolescents que tout oppose dans les années 1980, je joue le petit frère de Clotaire.

Pour connaître un acteur, il est parfois plus utile de voir ses films que de lire ses interviews

Raphaël Quenard

Qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer dans Les Trois fantastiques ?
Je joue un ex-prisonnier qui use de son petit frère pour arranger ses combines, et j'ai adoré que Michaël Dichter utilise la confiance des liens familiaux (le dernier bastion de la pureté et une zone inviolable) pour y injecter sournoiserie et cynisme.

Où avez-vous rangé votre César ?
Je l'ai offert à ma grand-mère, qui a dû le poser sur la table de la cuisine, près du micro-ondes. Je vois ce prix comme un encouragement, mais étant fasciné par des monstres sacrés comme Sacha Guitry, Louis Jouvet, Louis de Funès ou Jean-Paul Belmondo, il me faudra plus d'un ou deux films pour me réjouir de façon outrancière, car j'ai conscience du niveau de labeur que cela requiert d'être acteur.

Les Trois Fantastiques, de Michaël Dichter, et Le Deuxième Acte, de Quentin Dupieux, en salle.
L'Amour ouf, de Gilles Lellouche, sortie le 16 octobre.

Raphaël Quenard : «Cette année au Festival de Cannes, je vais la jouer calme»

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
3 commentaires
  • Lefrêne

    le

    Enfin de la rigolade et d'excellentes références...

  • anonyme 124571

    le

    Qui c’est ? C’est l’plombier qui c’est ?

  • Salluste10

    le

    Il défend peut-être le cinéma mais pas la langue française,ce garçon OUF!

À lire aussi