"Nous sommes 100, mais en réalité, nous sommes des centaines de milliers." Sur son site, la Fondation des Femmes, en association avec #MeTooMedia, a dévoilé un texte fort ce mardi 14 mai 2024, à quelques heures seulement de la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes.

Lassés de la façon dont la parole des violences sexistes et sexuelles est toujours passée sous silence en dépit de leur caractère systémique, une centaine de personnalités françaises ont pris la parole dans une tribune avec un objectif : porter d'une seule voix la lutte contre l'impunité.

94% des plantes pour violences sexuelles classées sans suite en 2022

"Nos prises de parole #Metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni : les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant, une affaire semble en chasser une autre, qui nous écoute vraiment ?", s'interrogent les signataires. "Malgré le courage des victimes, c’est l’impunité qui grandit. Il est inacceptable que le taux de classement sans suite des plaintes pour violences sexuelles ait atteint le taux délirant de 94% en 2022 (selon une étude de l’Institut des politiques publiques portant sur la période de 2012 à 2021, dévoilé le 3 avril 2024, ndlr)."

Vidéo du jour

Alors que la lutte contre les violences faites aux femmes avait été choisie pour être la grande cause du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, la Fondation des Femmes et #MeTooMedia l'affirment avec vigueur : "Nous n’acceptons plus les effets d’annonce sans suite. L’ajout du seul mot consentement dans la loi ne permettra pas de rattraper le retard abyssal de la France en la matière."

Et de préciser : "Nous demandons une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du viol et du consentement, introduire celle de l’inceste, de juger les violeurs en série pour tous les viols connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de viols, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes, de permettre un accès immédiat et gratuit à des soins en psycho-traumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place."

100 personnalités signataires

Pour soutenir cette tribune, 100 personnalités du monde de la culture et du petit écran ont déjà apposé leur signature sur la pétition associée. Parmi elles, de nombreuses stars qui ont déjà dénoncé les violences sexistes et sexuelles dont elles ont été victimes, telles que Sarah Abitbol, Christine Angot, Flavie Flament, Coline Berry ou encore Isild Le Besco et Judith Godrèche.

Bon nombre d'entre elles ont pris la pose devant l'objectif du journal Le Monde. Parmi elles, la journaliste Marie Portolano, qui affirme : "J'espère que ça va faire avancer les choses, parce que c'est très bien de prendre la parole, mais si les choses ne suivent pas derrière, ça ne sert à rien.

Cette tribune et cette pétition arrivent alors que les plaintes pour violences sexistes et sexuelles se multiplient dans le milieu artistique et culturel. Dans une enquête publiée par nos consoeurs du magazine Elle, neuf femmes ont témoigné, ce lundi 13 mai 2024, contre le producteur Alain Sarde, accusé de viols, d'agressions sexuelles et de harcèlement. Des accusations vivement démenties par le principal intéressé.