Notre histoire n’est pas celle des Premières Nations, dit Lacombe

François Legault entouré des ministres Mathieu Lacombe (Culture) et Jonatan Julien (Capitale-Nationale), lors de l'annonce du 25 avril.

Le futur Musée national de l’histoire du Québec traitera de l’histoire de la nation québécoise. Ce qui exclut les Premières Nations, affirme le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe.


L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador a mal digéré que François Legault ait souligné «l’importance de débuter avec Champlain» dans son futur Musée national de l’histoire du Québec.

Il y a deux semaines, le premier ministre Legault et son ministre Lacombe ont annoncé la création d’un tout nouveau musée national, celui de l’histoire du Québec, à ouvrir dans le Vieux-Québec en 2026.

«L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) tient à rappeler au gouvernement du Québec que l’histoire du Québec débute bien avant l’arrivée des Européens sur le territoire», a dénoncé l’APNQL par communiqué publié, mercredi.

Le ministre de la Culture et des Communications estime pour sa part que le tout est parfaitement logique.

«D’abord et avant tout, c’est un projet de musée sur l’histoire de la nation québécoise. C’est important de faire cette distinction. Ce ne sera pas un musée sur l’histoire de l’occupation du territoire de la vallée du Saint-Laurent. C’est un musée sur l’histoire de notre nation, la nation québécoise», a commenté M. Lacombe, mercredi dans les couloirs de l’Assemblée nationale, quelques instants après la publication du communiqué de l’APNQL.

«On est très respectueux de l’histoire des Premières Nations, mais on est des nations différentes. Eux-mêmes nous disent qu’ils souhaitent avoir cette posture de traiter de nation à nation. Ça ne nous empêche pas d’avoir un musée sur notre nation, la nation québécoise», a-t-il poursuivi.

Le ministre Lacombe a par la suite reconnu «entre[r] en terrain glissant. Mais eux-mêmes reconnaissent qu’ils forment des nations distinctes de la nation québécoise. C’est une évidence de dire que nos nations sont différentes et qu’on a une histoire qui est différente».

Pas absents non plus

L’APNQL dénonce aussi les propos tenus à cette occasion par l’historien Éric Bédard, à qui le premier ministre Legault a confié la création du contenu du musée. Le Musée de la civilisation pilotera l’ensemble du projet.

M. Bédard a affirmé que «l’histoire commence avec l’écriture, et avant l’histoire, il y a la préhistoire. Peut-être que les autochtones représentent un peu la préhistoire du Québec».

Le ministre de la Culture du Québec reconnaît qu’il ne l’«aurai[t] pas formulé de cette façon. Mais je comprends ce que M. Bédard voulait mettre sur la table, c’est-à-dire que les Premières Nations étaient ici avant. Mais l’histoire de la nation québécoise, c’est l’histoire de la nation québécoise en tant que telle.»

Il ajoute du même souffle que «l’apport des Premières Nations et des Inuits» devra néanmoins être souligné au sein du Musée national de l’histoire du Québec.

«Est-ce que c’est envisageable de voir un musée sur l’histoire de la nation québécoise arriver sans qu’on parle de l’apport des Premières Nations et des Inuits? Bien sûr que non. Évidemment, les nations autochtones, les Inuits ont influencé l’histoire de la nation québécoise, y ont contribué. J’imagine bien qu’il y aura aussi cette portion-là qui sera intégrée», a commenté le ministre.

«Nationalisme étroit»

Chef de APNQL, Ghislain Picard qualifie les propos de MM. Legault et Bédard d’«innacceptables».

«Nous sommes indissociables de l’histoire de cette terre, et l’arrivée de Champlain ne définit pas le Québec. Les Premières Nations sont présentes ici depuis des millénaires et sont profondément attachées à ce territoire qu’elles occupent», déclare M. Picard, dans le communiqué.

«Suggérer que nous sommes la préhistoire revient à nous reléguer à un rôle secondaire, alors que notre contribution à la formation du Québec moderne est fondamentale. Ce nationalisme étroit ne représente pas l’histoire du Québec; il omet des pans entiers pour des raisons politiques.»