Cannes 2024 : Audiard superstar et « Sauvages » est beau
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Cannes 2024 : Audiard superstar et « Sauvages » est beau

« Caught by the Tides » de Jia Zhang-ke
« Caught by the Tides » de Jia Zhang-ke © Ad Vitam
Yannick Vely

Pas de week-end à la plage pour les cinéphiles. La compétition nous a amené deux solides prétendants à la Palme d’or mais notre coup de cœur est pour un film d’animation français, « Sauvages » de Claude Barras.

Ce fut un très beau samedi de cinéma qui nous a emmenés deux Palmes d’or possibles, en tout cas deux films que l’on devrait retrouver au palmarès. Dans « Caught by the Tides », le réalisateur chinois Jia Zhang-ke revisite vingt ans d’histoire chinoise et son propre cinéma tout en offrant un écrin magnifique à son actrice, Zhao Tao. Dans sa première partie, la plus fascinante, sa forme documentaire évoque « Sans Soleil » de Chris Marker. Si le film devient ensuite plus classique, l’auteur de « Sill Life » témoigne caméra au poing des mutations profondes de son pays, jusqu’aux années Covid. Quant à « Emilia Perez » de Jacques Audiard, c’est une Palme d’or potentiel évidente.

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Il arrive parfois qu’un film aide à comprendre le sens et surtout la portée émotionnelle d’une chanson. C’est le cas du magnifique « Sauvages » de Claude Barras (« Ma Vie de Courgette ») qui fera pleurer dans les chaumières, les salles et espérons-le, dans les forêts pluviales. Cette fable écologique animée consacrée au peuple Penans, sur l’île de Bornéo, est d’une beauté visuelle insensée - il a fallu huit ans à Claude Barras et ses équipes pour concevoir la jungle dans laquelle se perd Kéria, orpheline de 11 ans qui recueille avec son père un bébé orang-outang. Surtout, Claude Barras ne prend jamais les enfants pour des décérébrés mais espère qu’ils deviennent des militants en herbe et en culotte courte. Tous les cris, les SOS partent dans les airs, dans l’eau laissent une trace dont les films font parfois la beauté.

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Dans les sections parallèles, nous avons découvert deux beaux films : tout d’abord à la Quinzaine des cinéastes, « La Princesse de Bordeaux » de Patricia Mazuy, avec Isabelle Huppert et Hafsia Herzi, en femmes de détenus qui tissent une amitié contrariée par les différences sociales. Quand deux stradivarius du jeu s’accordent, cela donne des scènes magnifiques où l’on devine la jubilation des deux actrices à se donner la réplique. Présenté à Un Certain Regard, « Black Dog » de Guan Hu pourrait bien remporter… la Palme dog. Si la métaphore animalière est un peu trop évidente - le repris de justice est lui aussi un animal enragé, qui serre les dents et les poings quand il est en danger -, c’est la mise en scène qui emporte le nonoss. Dans le décor incroyable d’une ville presque fantôme du désert de Gobi, les hommes, les chiens et les serpents se livrent une guerre de territoire quand ils ne sautent pas à l’élastique ou en side-car.

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