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Cannes : sept duos d’actrices et réalisatrices réunies lors d’une séance photo exclusive pour Madame Figaro

Sandrine Kiberlain porte une tenue Bottega Veneta, et Valérie Donzelli une chemise AMI. Coiffure Alex Lagardère. Maquillage Christophe Danchaud.
Sandrine Kiberlain porte une tenue Bottega Veneta, et Valérie Donzelli une chemise AMI. Coiffure Alex Lagardère. Maquillage Christophe Danchaud. Photo Charlotte Abramow

Sandrine Kiberlain et Valérie Donzelli, Lætitia Casta et Vanessa Filho... À l'occasion du 77e Festival de Cannes, nous avons réuni sept duos d'actrices et de réalisatrices devant l'objectif de Charlotte Abramow. Elles évoquent leurs affinités et leur vision du cinéma au féminin. Portfolio exclusif.

Sandrine Kiberlain et Valérie Donzelli

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Valérie Donzelli. – Le cinéma. Sandrine était si enthousiaste en découvrant mon film La guerre est déclarée, au Festival de Cannes en 2011, qu'elle a accepté de venir le présenter au public à la projection suivante. Nous nous sommes liées d'amitié instantanément.

Sandrine Kiberlain.–Valérie et moi partageons une fantaisie, une émotion, tout en étant différentes dans notre façon d'être. Son univers m'émeut. Nous avons déjà joué des sœurs dans un film de Pascal Elbé, et Valérie a écrit un film pour moi, qui me tient à cœur et que j'ai hâte de commencer à tourner.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
V. D. – Après la projection de mon film Marguerite & Julien, en 2015, j'ai déserté la soirée officielle qui suivait pour retrouver mes enfants et des amis dans ma chambre d'hôtel. Nous y avons dévoré des clubs-sandwichs et beaucoup ri !

S. K. – En 2001, Gilles Jacob, alors président du Festival de Cannes, m'a téléphoné pour me proposer de faire partie du jury. Pensant qu'il s'agissait d'un canular, je lui ai raccroché au nez. Je vous rassure, il m'a rappelée…

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
V. D. – Nous sommes à un moment charnière, les femmes occupent une place de plus en plus importante dans le cinéma. On aimerait que ça aille plus vite, mais je ne sais pas si c'est possible.

S. K. – J'ai toujours été sensible à ce qu'Agnès Varda disait : «Des hommes réalisent des films très féminins, des femmes font des films très masculins, et le jour où l'on arrivera à ne plus parler de ça, c'est qu'un vrai pas aura été franchi.»

Valérie Donzelli joue dans Ma vie, ma gueule , de Sophie Fillières, présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes.
Sandrine Kiberlain joue dans La Petite Vadrouille, de Bruno Podalydès, en salle le 5 juin, et dans Les Barbares, de Julie Delpy, en salle le 18 septembre.

Vanessa Filho et Lætitia Casta

Vanessa Filho : chemise AMI, créoles Chaumet. Lætitia Casta : débardeur Dior, colliers Messika. Coiffure Walter Armanno. Maquillage Christina Lutz. Photo Charlotte Abramow

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Lætitia Casta. – Une sensibilité commune. Vanessa et moi avons quelque chose de très similaire dans notre façon d'appréhender la vie et les gens. C'est pourquoi nous écrivons en ce moment un projet à quatre mains, mais il est encore un peu tôt pour en parler.

Vanessa Filho. – Mon film, Le Consentement. Elle y joue la mère de Vanessa Springora (interprétée par Kim Higelin). Je vois Lætitia comme une sœur d'âme, une alliée, et j'aimerais beaucoup lui proposer le rôle-titre de mon prochain film.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
L. C. – Ma première montée des marches, pour Astérix et Obélix contre César, de Claude Zidi. J'étais très intimidée parce qu'il s'agissait de mes premiers pas au cinéma, et j'étais entourée d'une armada de grands acteurs français. Comme je ne pensais pas continuer dans cette voie, j'ai essayé de vivre ce moment comme un jeu.

V. F. – Deux événements resteront gravés dans ma mémoire : la montée des marches des 82 femmes, en 2018, et la première de mon film Gueule d'ange dans la sélection Un certain regard.

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
L. C. – C'est une réalité. Je peux le ressentir avec ce deuxième projet que j'écris, il n'aurait peut-être pas vu le jour il y a quelques années. Les femmes sont davantage prises au sérieux, cette considération les pousse à saisir de nouvelles opportunités. L'émergence des réalisatrices crée aussi une garantie de rôles féminins plus forts à l'écran.

V. F. – Je pense que nous n'en sommes qu'au début de ce mouvement féministe. Je suis profondément émue d'entendre ces témoignages, qui libèrent la parole des femmes avec autant de courage que de dignité. Et je suis admirative de toute l'énergie qu'elles déploient pour se battre contre ce redoutable déni collectif.

Virginie Efira et Monia Chokri

Virginie Efira : veste Saint Laurent, créoles Cartier, jean et bagues personnels. Monia Chokri : veste The Frankie Shop, pantalon The Kooples. Coiffure Rudy Marmet. Maquillage Lyana Kantsalieva. Photo Charlotte Abramow

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Monia Chokri. – Niels Schneider, le compagnon de Virginie, que je considère comme un petit frère depuis notre rencontre sur Les Amours imaginaires, de Xavier Dolan.

Virginie Efira. – J'ai rencontré Monia par l'intermédiaire de Niels, mais j'admirais depuis longtemps l'actrice et la réalisatrice qu'elle est. Nous nous sommes tout de suite découvert des goûts et des sensibilités communs.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
M. C. – J'ai le souvenir d'une montée des marches un peu particulière : je me suis retrouvée entre la top-modèle Bianca Balti et Puff Daddy, et j'avais bizarrement un sentiment d'illégitimité totale… alors que j'étais la seule des trois à faire du cinéma !

V. E. – Mes premières années à Cannes étaient assez insolites. Je débarquais de Bruxelles, je logeais dans un camping des environs, je n'étais invitée à aucune soirée, mais j'étais très résistante aux humiliations. J'ai repensé à ces moments juste avant de monter sur scène, il y a deux ans, pour lancer la 75e édition du festival en tant que maîtresse de cérémonie. Je comptais sur mes souvenirs pour faire redescendre la pression, mais cela n'a pas vraiment fonctionné…

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
M. C. – Je pense que la prise de parole de Judith Godrèche a donné un grand coup d'accélérateur, mais il y a encore de la résistance. Il ne faut pas lâcher le combat mené pour la parité et l'égalité.

V. E. – Il faut déjà savoir sur quoi porte le débat. S'agit-il des jeunes actrices ? Du positionnement des réalisatrices ou des financements ? Si certaines choses fonctionnent mieux, d'autres doivent encore progresser. C'est intéressant de voir comment la prise de parole des femmes est reçue selon les époques, cela reflète bien l'état de la société.

Virginie Efira sera présidente du jury du Festival du film de Cabourg, du 12 au 16 juin.

Rebecca Marder et Emmanuelle Bercot

Emmanuelle Bercot : chemise, jupe et ceinture, Louis Vuitton. Rebecca Marder : ensemble brodé, Chanel. Stylisme Capucine Terrin. Coiffure Delphine Courteille. Maquillage Delphine Sicard. Photo Charlotte Abramow

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Emmanuelle Bercot. – Une profonde amitié d'abord, limpide, fluide, joyeuse, avec beaucoup de rires entre nous. Je me sens aussi un peu comme une grande sœur vis-à-vis de Rebecca, je ressens une envie de la protéger et de la conseiller sur tous les à-côtés de nos métiers.

Rebecca Marder. – Nous nous sommes rencontrées sur le tournage du film De grandes espérances, de Sylvain Desclous. Emmanuelle est la meilleure partenaire de jeu qu'on puisse imaginer. Elle possède une droiture, une capacité d'écoute et une générosité qui est rare dans ce milieu. Et elle a aussi un don incroyable pour cerner les gens, aussi bien dans la vie que dans ses films.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
E. B. – Cannes, 1997, le dernier jour. On me fait comprendre que je dois rester car mon court-métrage, Les Vacances, va recevoir un prix. Le jury est composé d'Isabelle Adjani, Mike Leigh, Tim Burton… Des gens pour qui j'ai une admiration sans bornes. Mais j'ai tellement peur de monter sur scène que je file prendre un train direct pour rentrer chez moi. (Rires.)

R. M. – Mon premier Cannes pour la présentation d'Une jeune fille qui va bien, de Sandrine Kiberlain. Nous étions post-Covid et je me suis retrouvée dans un ascenseur avec un convoi improbable de stars masquées. Un véritable cluster étoilé, j'avais l'impression d'halluciner.

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
E. B. – Il m'est compliqué de répondre : pour moi, le fait d'être une femme n'a jamais été un empêchement de quoi que ce soit dans le cinéma…

R. M. – Ma génération a de la chance de travailler dans un monde où certains comportements ne sont plus tolérés. Nous avons également l'espoir de vieillir en continuant toujours ce métier.

Emmanuelle Bercot est à l'affiche de L'Esprit Coubertin de Jérémie Sein, en salle, et des Trois Fantastiques, de Michaël Dichter, sortie le 15 mai.

Mounia Meddour et Bérénice Bejo

Mounia : chemise Max Mara. Bérénice : veste AMI, chemise La Cerise sur le Chapeau. Coiffure Stéphane Bodin. Maquillage Leslie Dumeix. Photo Charlotte Abramov

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Bérénice Bejo. – Son mari (rires), le réalisateur Xavier Gens, qui m'a proposé le rôle-titre de son prochain film (Sous la Seine, un thriller avec un requin, NDLR). Mounia est venue sur le tournage, ensemble nous avons beaucoup parlé de cinéma. Elle est très rigoureuse professionnellement, comme moi ! Et sa fille est aussi devenue une grande amie de la mienne.

Mounia Meddour. – Bérénice est une actrice exceptionnelle, multifacette, je l'ai vue se préparer sur le tournage très éprouvant de Xavier. Elle fait partie de ces comédiennes physiques que j'admire, qui sont toujours dans le dépassement de soi. Je lui ai aussi proposé de jouer dans mon prochain long-métrage, un film qui se passera en France, dans les années 1980.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
B. B. – Je garde un souvenir ému de la présentation de The Search, de Michel Hazanavicius, en 2014. Le petit garçon qui jouait dans le film, Abdul Khalim, est venu pour l'occasion avec sa famille, des Tchétchènes qui fuyaient la guerre en Géorgie. Ils ne sont plus jamais repartis.

Bérénice Bejo fait partie de ces comédiennes physiques que j'admire, qui sont toujours dans le dépassement de soi

Mounia Meddour

M. M. – Moi, c'est la montée des marches pour mon film Papicha. Au même moment avait lieu le Hirak, le mouvement de cette jeunesse algérienne qui se soulevait dans les rues d'Alger contre le gouvernement en place. Nous, sur les tapis rouges, étions si fiers de représenter en simultané ce pays en plein basculement.

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
B. B. La parole s'est libérée grâce au mouvement MeToo et à des actrices comme Adèle Haenel et Judith Godrèche. C'est formidable pour les nouvelles générations. Elles savent qu'elles peuvent désormais parler et demander de l'aide.

M. M. De plus en plus de femmes s'emparent de la caméra pour raconter des histoires fortes qui font aussi bouger les curseurs de la société. Mais il faut continuer à aider la création au féminin, nous sommes bien en dessous des budgets alloués aux réalisateurs masculins.

Bérénice Bejo est à l'affiche de Sous la Seine , de Xavier Gens, le 5 juin sur Netflix.
Mounia Meddour prépare son troisième long-métrage, qu'elle tournera en septembre prochain.

Noée Abita et Léa Mysius

Noée Abita : veste et short, Iro. Léa Mysius : costume Paul Smith.Coiffure Sébastien Le Corroller. Maquillage Mickael Noiselet. Charlotte Abramow

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Léa Mysius. – Notre naissance commune dans le monde du cinéma avec Ava, mon premier long-métrage dans lequel joue Noée – pour la première fois à l'écran. Elle avait 16 ans, moi 26, et nous avons noué une relation très forte de réalisatrice à actrice, mais aussi de sœurs et d'amies, qui perdure encore aujourd'hui.

Noée Abita. – Ce n'est pas toujours évident de rester proche de quelqu'un avec qui on a travaillé. Mais avec Léa, il y a beaucoup de respect et d'amour entre nous. On s'échange nos livres préférés, on va souvent voir des expos ensemble et elle m'a fait découvrir de nombreux films, dont Mad Love in New York, des frères Safdie, qui m'a profondément marquée.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
L. M. – Lors de la présentation de mon deuxième film, Les Cinq Diables, en 2022, j'étais enceinte de six mois et je sentais mon enfant donner d'énormes coups de pied pendant toute la projection. C'était très particulier, je n'étais pas seule dans mon corps à vivre cette expérience.

N. A. – En 2018, je me baladais sur la Croisette et je voyais partout mon visage sur l'affiche de la Semaine de la critique. C'était incroyable, une vraie reconnaissance de ma carrière naissante.

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
L. M. – Je pense que oui, un peu, même si ce n'est pas encore assez. Avant, j'étais très souvent invitée à parler en tant que femme réalisatrice. Et c'était bien, c'est ce qu'on appelle de la discrimination positive et cela porte ses fruits. Désormais, je sens que la reconnaissance se situe plus dans ce que je fais – réaliser – et non plus dans ce que je suis. Mais il y a encore des progrès à accomplir pour la parité et l'égalité, c'est sûr !

N. A. – Les agressions continuent et les agresseurs travaillent toujours dans le milieu du cinéma. Rien ne change, sauf l'écoute des victimes. Nous sommes prévenues, mais pas forcément soutenues ni protégées. Je fais partie d'une association formidable, l'ADA (Association des acteurs.ices, NDLR), qui œuvre, notamment, pour qu'un coordinateur d'intimité soit toujours présent sur les plateaux.

Léa Mysius prépare son prochain film, une adaptation de Histoires de la nuit , de Laurent Mauvignier.
Noée Abita est à l'affiche de Première Affaire, de Victoria Musiedlak, en salle, et de My Summer With Irene, de Carlo Sironi, en salle prochainement.

Emma Benestan et Oulaya Amamra

Emma : veste et jean, Hemricourt, ceinture Maison Boinet, bijoux Claris Virot.Oulaya : costume Iro, bijoux Chaumet.Coiffure Walter Armanno. Maquillage Christina Lutz. Charlotte Abramow

Madame Figaro. – Ce qui vous unit ?
Oulaya Amamra. – Notre passion pour le cinéma, notre amitié, notre sincérité et notre implication dans le travail et les relations humaines. En dehors de ma sœur Houda (Benyamina, NDLR), Emma a été la première à me faire confiance. C'était pour un court-métrage, et je n'avais que 17 ans.

Emma Benestan. – Le cinéma, c'est une famille que l'on se crée, et Oulaya est entrée dans la mienne il y a douze ans. Je l'ai rencontrée grâce à 1 000 visages, l'association de sa sœur, et depuis, elle a joué dans mes deux longs-métrages, Fragile et Animale, un film de genre où son personnage défie les taureaux lors de manades en Camargue.

Votre moment Cannes le plus insolite ?
O. A. – Quand j'ai monté les marches avec ma mère, en 2016, le soir où nous avons reçu la Caméra d'or pour Divines des mains de Willem Dafoe. L'image de ma mère qui lui serre la main, sans savoir quel acteur immense il est, restera à jamais gravée dans ma mémoire.

E. B. – Une rencontre forte et étrange avec un inconnu. Nous avons commencé à parler et, trois jours durant, nous nous sommes revus pour prolonger la discussion. Une connexion surréaliste comme il en existe au cinéma : j'avais l'impression d'être Julie Delpy face à Ethan Hawke dans Before Sunrise, de Richard Linklater.

Les lignes ont-elles enfin bougé pour les femmes dans le cinéma ?
O. A. – Je me sens plus protégée. Sur le tournage d'Animale, par exemple, Emma avait pris soin d'engager un coach d'intimité pour veiller au bien-être des acteurs lors des scènes délicates. Ça rend les choses plus confortables.

E. B. – Quand Fragile est sorti il y a trois ans, on me demandait pourquoi je racontais l'histoire d'un homme sensible et romantique plutôt qu'une histoire de femme. Aujourd'hui, on comprend mieux l'importance de sortir aussi le masculin des archétypes. Les questions de genre doivent nous porter, pas nous enfermer.

Animale, d'Emma Benestan, est en séance de clôture de la Semaine de la critique, au Festival de Cannes.
Oulaya Amamra sera prochainement à l'affiche de Toutes pour une, de Houda Benyamina.

Cannes : sept duos d’actrices et réalisatrices réunies lors d’une séance photo exclusive pour Madame Figaro

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1 commentaire
  • Anonyme

    le

    Le sexisme est maintenant partout dans la société. L'égalité citoyenne est un vieux concept qui a disparu. Et on s'étonne de l'état de délabrement du pays ? Mais qui a encore envie de se donner dans ces conditions ? Personne, et surtout plus les jeunes.

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